Un an après la dissolution, Emmanuel Macron prêt à réitérer ?
Emmanuel Macron a prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale il y a un an, en 2024. Désormais, il peut recommencer, mais compte-t-il aller jusque-là ? Pour beaucoup de politiciens, cela est bien possible et certains s’y préparent déjà.
La dissolution de l’Assemblée nationale en 2024, une décision incomprise
« Vous avez eu ce jour à voter pour les élections européennes, en métropole, dans nos Outre-mer, comme à l’étranger. Le principal enseignement est clair : ce n’est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l’Europe, dont celui de la majorité présidentielle », a-t-on entendu sur nos écrans.
« Après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l’Assemblée nationale« , annonçait le président.
Le 9 juin 2024, le président Emmanuel Macron a annoncé aux citoyens Français la dissolution de l’Assemblée nationale. Une vraie surprise pour le peuple et pour ses alliés. Cette décision faisait suite à plusieurs événements.
Premièrement, la victoire du Rassemblement nationale lors des élections européennes. Et deuxièmement, les trop nombreuses discordes entre les différents gouvernements macronistes et les députés de l’Assemblée.
D’après certains, le président y pensait depuis longtemps, mais il y a un an, il est passé à l’action. Alors, contre toute attente et alors que son premier ministre de l’époque (Gabriel Attal) a essayé de l’en dissuader, le président a annoncé la dissolution.
Le parti présidentiel a perdu sa majorité relative
Concrètement, cela signifie que les députés élus par le peuple ont vu leurs mandats écourtés. Le 30 juin et le 7 juillet 2024, des élections législatives anticipées ont donc eu lieu. Les Français se sont rendu aux urnes et ont voté pour de nouveaux députés.
Mais… la nouvelle Assemblée nationale était encore « pire » pour Emmanuel Macron qu’auparavant. Pour cause, après ces élections législatives, non seulement le président a perdu beaucoup d’alliés en agissant en solitaire, mais aussi il a perdu sa majorité à l’Assemblée.
Avant la dissolution, le parti présidentiel (Renaissance) avait une majorité relative (pas une majorité absolue). Cela permettait globalement de faire passer des lois macronistes plus facilement. Mais, après la dissolution de 2024, Renaissance a perdu cette majorité.
C’est l’alliance des partis de gauche qui a obtenu la majorité relative. Mais, de très peu. En fait, à l’issu de ces élections, l’Assemblée a fini coupée en trois gros blocs presque équivalents en nombre de députés.
On pourrait schématiser ces trois blocs par : la gauche (LFI, Socialistes…), le centre (Renaissance, Horizon…) et la droite (Rassemblement national, Républicains…). Une Assemblée encore plus divisée qui a poussé un gouvernement vers la sortie (celui de Michel Barnier) avec une motion de censure.
Et, une Assemblée qui pousse aussi les gouvernements macroniste à user du 49.3, cet article de loi qui permet de faire passer des lois sans vote. Le 49.3 a souvent été utilisé durant les deux mandats d’Emmanuel Macron, ses gouvernements étant souvent en désaccord avec l’Assemblée.
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Le président peut totalement dissoudre à nouveau l’Assemblée dès le 8 juillet
La dissolution de 2024 a coûté très cher, que ce soit financièrement, comme politiquement. Mais, beaucoup craignent une réitération de cette démarche. En réalité, depuis ce 9 juin 2025 (pile un an après), c’est une question qui pend aux lèvres : Macron va-t-il prononcer une nouvelle dissolution ?
Pour le président, cette dissolution de 2024 était une bonne décision, même s’il aurait avoué, après coup, que « c’était mieux avant ». Cependant, malgré cette manœuvre, l’Assemblée est encore divisée. Afin de faire passer ses lois plus facilement, le président pourrait-il réitérer ?
D’un point de vue légal, la réponse est oui. « Les dernières élections législatives ont eu lieu les 30 juin (premier tour) et 7 juillet (second tour). La dissolution n’est possible qu’un an après la date du second tour des élections législatives, soit à partir du 8 juillet 2025« , avions-nous expliqué ici.
« Le scrutin doit ensuite se dérouler entre 20 et 40 jours après la dissolution, ce qui nous amène entre le 3 août et le 17 août et l’élection doit forcément avoir lieu un dimanche. Il faudra donc être patient si vous espérez une nouvelle dissolution », avions-nous ajouté.
« Le président de la République peut, après consultation du Premier Ministre et des Présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. […] Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit ces élections« , lit-on dans l’article 12 de la Constitution.
Autrement dit, à partir de ce 8 juillet 2025, le président aura le droit de prononcé une nouvelle dissolution. Mais, la grande question, c’est : va-t-il le faire ? Car oui, le fait qu’il puisse le faire ne veut pas dire qu’il va le faire.
Le Rassemblement national se prépare déjà à une nouvelle dissolution
Actuellement, cette possibilité est largement discutée dans la sphère politique. D’ailleurs, le Rassemblement national se prépare déjà à cette éventualité. Parmi ses membres, Marine Le Pen et Jordan Bardella se sont exprimé sur le sujet.
« Pour lui, cette situation de blocage est une véritable menace pour le pays et empêche toute avancée concrète », avions-nous commenté au sujet de Jordan Bardella. « Nous nous préparons depuis l’été dernier à de potentielles législatives anticipées a minima », aurait-il déclaré.
« Il a alors insisté sur la nécessité de renouer le lien avec le peuple et a évoqué la solution qu’il juge indispensable : de nouvelles élections législatives. Selon lui, seule une consultation directe du peuple pourra permettre de dégager une majorité claire et stable », peut-on lire aussi.
Du côté de Marine Le Pen, il serait question d’une « dissolution inévitable ». D’ailleurs, en janvier dernier, elle avait même déclaré vouloir en faire la demande « dès l’été ou à l’automne ».
« Je pense qu’un grand pays comme la France, dans la situation qu’il vit aujourd’hui avec l’ensemble des dangers qui pèsent sur lui, ne peut pas indéfiniment vivre sans majorité », a-t-elle aussi déclaré.
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Le président ne compterait pas réitérer cette démarche
Bien qu’Emmanuel Macron a affirmé qu’il ne comptait pas « dissoudre l’Assemblée nationale d’ici à 2027« . Cela demeure possible. Une rumeur récente disait même qu’il pourrait dissoudre l’Assemblée nationale dès cet automne 2025. Mais, ce n’était qu’une rumeur.
Cependant, oui, Emmanuel Macron aura bel et bien le droit de dissoudre d’Assemblée dès ce 8 juillet 2025. « À partir de juillet, Emmanuel Macron aura de nouveau le pouvoir de dissoudre », lit-on ici.
« Face à l’instabilité politique, et pour ne pas encore être ‘pris de court’, les partis politiques se préparent à l’hypothèse de nouvelles législatives anticipées », explique aussi Public Sénat. « Certains ont déjà commencé le travail d’investiture, comme le RN ou les LR », ajoute l’article.
Mais, selon cet article de BFMTV, une nouvelle dissolution ne serait pas d’actualité dans l’esprit du président. Le 24 avril 2025, alors qu’il était en visite officielle à Madagascar, le président a déclaré qu’il n’avait « jamais » envisagé « une telle chose », en parlant d’une nouvelle dissolution.
« J’ai sans doute commis des erreurs, j’ai fait des choses qui parfois n’étaient pas comprises. C’est sans doute le cas de la dissolution », a-t-il aussi ajouté. Ainsi, il semble que le président ne compte pas réitérer cette manœuvre, pas cette année du moins.
La droite avantagée par une nouvelle dissolution ?
Notez que si le président en venait à dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale, cela risque de ne pas plaire au peuple. Dans un sondage Elabe, réalisé pour BFMTV et La Tribune Dimanche, 65 % des Français ne souhaiteraient pas une nouvelle dissolution.
Plus de la moitié des sondés jugeraient que la première était déjà une mauvaise décision. Mais, toujours selon cette même étude, si le président recommençait, cette nouvelle dissolution pourrait être profitable pour la droite et leurs électeurs.
Selon ce sondage, « le parti d’extrême droite serait largement en tête des intentions de vote en cas de nouvelle dissolution avec 33 %. Loin devant la gauche, divisée, avec 16 %, les macronistes (15,5 %), LR (10,5 %) et La France insoumise (10 %) », lit-on chez BFMTV.
« Le 30 juin 2024, au premier tour des législatives, les candidats RN étaient arrivés en tête (33,22 %), suivis par l’alliance de gauche NFP (28,06 %), les macronistes (20,76 %) et LR (10,68 %) », rappelle à nouveau le média.