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Bientôt un congé menstruel en France ?

Publié par Lou Tabarin le 16 Mar 2022 à 12:06
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Crampes abdominales, nausées, ballonnements, diarrhée ou grosse fatigue… La liste des symptômes des règles est longue. Bien souvent, les femmes continuent de travailler malgré cet inconfort. Dans certains pays, elles bénéficient d’un congé menstruel. Pourquoi ne pas l’inscrire dans le Code du travail français ?

Selon un sondage IFOP de mars 2021, 68% des Françaises seraient favorables à l’instauration d’un congé menstruel. En France, seules quelques entreprises ont mis cette mesure en vigueur. La première à franchir le pas est située à Montpellier. En 2021, les salariées de la coopérative La Collective ont pu bénéficier de 24 heures de congé menstruel chaque mois.

Pourquoi ne pas l’instaurer partout, voire l’inscrire dans le Code du travail pour le rendre obligatoire ? Tout n’est pas si simple, et même les associations féministes n’y sont pas favorables.

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Déjà en vigueur dans certains pays

Les pays asiatiques ont une avance dans ce domaine. Le Japon est le premier pays à avoir inscrit cette mesure dans son Code du travail en 1947 suite à des revendications de femmes ouvrières. Un an plus tard, c’est l’Indonésie qui saute le pas. S’en suivent la Corée du Sud en 2001 et Taïwan en 2013.

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En Afrique, seules les femmes zambiennes bénéficient d’un jour de congé menstruel par mois. Aucun pays européen n’a adopté cette mesure, mais un projet de loi non abouti a vu le jour en Italie en 2017.

Comment expliquer que si peu de pays soient favorables à l’intégration du congé menstruel dans leur Code du travail ?

Une fausse bonne idée selon les féministes

Premières sur le front de la lutte pour l’égalité homme-femme, les associations féministes sont très critiques envers le congé menstruel. Elles s’appuient notamment sur les retours d’expérience négatifs dans les différents pays asiatiques mentionnés précédemment.

Déjà moins payées que les hommes, les travailleuses japonaises et indonésiennes ne sont pas rémunérées si elles prennent ce jour de congé. Au Japon, seulement 1% des femmes en profitent. En Corée du Sud, on offre une prime aux femmes qui ne prennent pas ce congé.

Les craintes des dérives sont multiples. Le congé menstruel est jugé sexiste car il favoriserait la discrimination à l’emploi. Le fait de savoir qu’une femme va obligatoirement être absente un jour chaque mois peut faire peur à certains recruteurs. Interviewée par France Info en avril 2021, la porte-parole de l’association Osez le féminisme Fabienne El-Khoury a donné son avis sur le sujet. Selon elle « beaucoup de femmes hésiteront à prendre ce congé par peur d’être stigmatisées » .

Parmi ceux qui se prononcent contre le congé menstruel, les gynécologues s’interrogent sur sa nécessité. Les règles ne devraient normalement pas faire souffrir au point de ne pas apte à aller travailler. Ils considèrent qu’il faudrait davantage sensibiliser à la prévention de l’endométriose.

Pour l’historienne spécialiste du droit des femmes Virginie Girod, la solution réside dans la libération du tabou des règles au travail  : « on aura vraiment avancé quand il sera possible de dire qu’on va changer son tampon comme on dit qu’on va faire une pause clope » .

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Le congé menstruel, bientôt en France ?

Le congé menstruel est la grande question oubliée de cette présidentielle. En 2017, Marlène Schiappa, alors Secrétaire d’État chargée de l’égalité homme/femme, répondait à Jean-Jacques Bourdin sur le plateau de RMC : « Le congé menstruel est un vrai débat. Ça ne fait pas partie des engagements de campagne du président de la République » . À l’aube de la fin de son mandat, on a bien compris que la mesure n’était pas une priorité pour Emmanuel Macron.

En revanche, un candidat s’est récemment exprimé sur le sujet. Interrogé par le magazine Au féminin, Yannick Jadot a répondu favorablement à l’instauration d’un congé menstruel. Le candidat d’Europe Écologie Les Verts a ainsi déclaré : « Nous porterons la mise en place d’un congé menstruel, de douze jours par an. Ce congé sera facultatif et sa mise en place donnera lieu à une consultation avec les entreprises et les administrations » .

Valérie Pécresse a, elle aussi, indiqué son avis favorable au congé menstruel. Elle souhaite l’étendre à deux jours par mois, mais uniquement sur avis médical. En Asie, cet examen médical jugé intrusif est en grande partie responsable du faible taux de bénéficiaires du congé.

On l’a bien compris, le congé menstruel est une mesure controversée à cause de sa complexité d’application dans le respect de l’équité et de la vie privée des femmes. Le chemin est encore long avant qu’il ne soit instauré en France.

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