France Travail : les départements où il est (vraiment) très difficile de trouver un emploi en 2025
Dans certains coins de France, des milliers de chômeurs attendent un poste… qui n’existe tout simplement pas. Une étude révèle les départements où la situation est la plus critique. Et d’autres, plus ruraux, où l’emploi résiste encore.
En avril 2025, la plateforme France Travail recensait encore des milliers d’offres d’emploi non pourvues. Pourtant, dans certaines zones, les chômeurs sont si nombreux que même si chaque poste était pourvu, des dizaines de milliers de personnes resteraient sans travail. Cette inégalité territoriale est au cœur d’une étude publiée par la plateforme JobLeads, qui a passé au crible les chiffres disponibles sur le site de France Travail.
Le constat est simple : plus un département est urbanisé, plus le nombre de chômeurs sans solution explose. À l’inverse, certains territoires ruraux, qu’on croyait moins dynamiques, montrent une étonnante capacité à absorber l’emploi local. Une réalité qui dépasse les clichés et pousse à reconsidérer les politiques d’emploi au niveau local.
Là où l’emploi manque cruellement : des milliers sans solution
Dans le Nord, on compte 319 040 demandeurs d’emploi pour seulement 33 204 offres disponibles. Même en remplissant chaque poste, 285 836 personnes resteraient sans travail. Ce département devient donc, selon les experts, le symbole d’un marché de l’emploi à bout de souffle, lourdement marqué par la désindustrialisation, les délocalisations passées et une mutation économique encore inachevée.
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La situation n’est guère plus enviable dans les Bouches-du-Rhône (224 169 personnes restant sans emploi), en Seine-Saint-Denis (223 938), ou encore à La Réunion (212 924). Même Paris, avec ses opportunités nombreuses, affiche un déficit de plus de 200 000 emplois. Ces chiffres, issus de données publiques, rappellent que les grands centres urbains ne garantissent plus l’emploi.
📉 Les 10 départements où il est le plus difficile de trouver un emploi
Classement | Département | Demandeurs d’emploi | Offres d’emploi | Écart |
---|---|---|---|---|
1 | Nord | 319 040 | 33 204 | 285 836 |
2 | Bouches-du-Rhône | 261 320 | 37 151 | 224 169 |
3 | Seine-Saint-Denis | 239 030 | 15 092 | 223 938 |
4 | La Réunion | 218 480 | 5 556 | 212 924 |
5 | Paris | 249 230 | 43 514 | 205 716 |
6 | Gironde | 187 380 | 30 756 | 156 624 |
7 | Rhône | 201 660 | 49 724 | 151 936 |
8 | Pas-de-Calais | 167 170 | 15 415 | 151 755 |
9 | Hérault | 168 320 | 17 461 | 150 859 |
10 | Haute-Garonne | 174 530 | 26 820 | 147 710 |
À cela s’ajoutent des facteurs structurels : inadéquation entre les compétences disponibles et les besoins des entreprises, conditions salariales peu attractives, mobilité géographique limitée, ou encore postes trop spécifiques pour être pourvus rapidement.
Autre piège : les offres « actives » sur France Travail peuvent inclure des annonces anciennes, jamais mises à jour, faussant ainsi la réalité du marché. Un problème régulièrement pointé par les chercheurs en emploi.
Ce constat relance le débat sur la centralisation de l’emploi dans les grandes villes, au détriment des régions, et soulève de nombreuses interrogations sur la répartition des formations, des aides à la mobilité et des dispositifs de reconversion.
Les zones rurales où le marché du travail résiste encore
Surprise : c’est dans les zones rurales que l’emploi semble mieux résister. En Lozère, on recense seulement 5 760 demandeurs d’emploi pour 1 213 offres, soit 4 547 personnes sans solution si tout était pourvu. Un ratio bien plus favorable que dans le Nord.
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Idem dans le Cantal, la Creuse ou encore la Haute-Marne. Dans ces départements moins densément peuplés, les PME locales, le tourisme, l’agriculture et les services de proximité permettent de maintenir un certain équilibre.
📈 Les 10 départements où il est le plus facile de trouver un emploi
Classement | Département | Demandeurs d’emploi | Offres d’emploi | Écart |
---|---|---|---|---|
1 | Lozère | 5 760 | 1 213 | 4 547 |
2 | Cantal | 9 650 | 1 751 | 7 899 |
3 | Creuse | 10 000 | 1 352 | 8 648 |
4 | Corse-du-Sud | 13 420 | 1 490 | 11 930 |
5 | Haute-Marne | 15 630 | 2 918 | 12 712 |
6 | Hautes-Alpes | 16 440 | 3 096 | 13 344 |
7 | Territoire de Belfort | 15 620 | 2 156 | 13 464 |
8 | Haute-Corse | 15 010 | 1 447 | 13 563 |
9 | Gers | 17 470 | 3 331 | 14 139 |
10 | Lot | 17 480 | 2 855 | 14 625 |
Selon Jan Hendrik von Ahlen, cofondateur de JobLeads, « les zones rurales, souvent négligées, montrent qu’elles peuvent offrir un véritable équilibre entre vie professionnelle et personnelle ». Cela pousse à repenser les mobilités : et si la solution à la pénurie d’emplois dans les métropoles se trouvait en partie… en dehors des grandes villes ?
Bien sûr, le volume total d’offres reste plus faible. Mais dans ces territoires, le nombre de candidats est aussi plus limité, ce qui réduit la compétition. La qualité de vie et le logement abordable sont aussi des atouts souvent sous-estimés.
Il devient urgent pour les pouvoirs publics de mieux valoriser ces bassins d’emploi secondaires. Car là où l’on pensait désert, on trouve parfois… des opportunités bien réelles.