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Construite sans béton, cette maison japonaise pourrait bien incarner l’avenir de l’habitat

Publié par Killian Ravon le 06 Oct 2025 à 17:59

Et si l’on pouvait construire sans béton, sans sacrifier la solidité, tout en diminuant drastiquement l’empreinte carbone ? Au Japon, la société Lib Work présente une maison-concept imprimée en 3D à base de terre, de chaux et de fibres naturelles. Ce modèle, baptisé Lib Earth House, ne se contente pas d’un effet d’annonce.

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Maison japonaise imprimée en 3D en terre crue, toit équipé de panneaux solaires et Powerwall visible sur la façade, au coucher du soleil dans un paysage boisé.

Il assume une approche 100 % sans ciment, y compris pour les fondations, et combine une ossature en bois à des équipements d’énergie renouvelable. Comme des panneaux solaires couplés à des batteries Powerwall. L’idée est simple à formuler, ambitieuse à réaliser. Prouver que l’on peut habiter autrement, avec des matériaux durables et une architecture pensée pour durer.

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Pourquoi remettre en question le béton

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On l’oublie souvent, mais le béton s’appuie sur un ingrédient central : le ciment. Or c’est la fabrication de ce ciment qui concentre l’essentiel des émissions de CO2 de la filière. À l’échelle mondiale, on coule environ 14 milliards de m³ de béton chaque année. Au-delà de son poids carbone, le béton réclame énormément d’eau : il doit rester humide plusieurs jours pour s’hydrater correctement. Cette réalité technique, répétée à l’infini sur les chantiers, pèse lourd dans le bilan environnemental du secteur. D’où l’intérêt de solutions qui réduisent le recours au couple « ciment + eau », sans perdre en performance.

La piste terre + impression 3D : ce qui change vraiment

L’impression 3D appliquée au bâtiment n’est pas qu’un gadget. En déposant la matière couche par couche, elle rationalise les formes, standardise les épaisseurs, et optimise la quantité de matériau utilisée. Mariée à la terre crue ou à des mélanges terre-chaux-fibres. Elle ouvre la voie à des enveloppes respirantes, à forte inertie thermique. Capables de lisser les écarts de température et d’améliorer le confort quotidien. Cette approche limite les déchets, accélère certaines étapes de construction et favorise une personnalisation fine des volumes selon le terrain et le climat.

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toit de maison avec panneaux photovoltaïques
Toiture couverte de panneaux solaires sur maison individuelle. Crédit : Pixabay/Janvanbizar

Une maison pensée comme un système complet

La Lib Earth House ne s’arrête pas à son procédé de construction. Le logement intègre une ossature en bois pour la stabilité et le contreventement. Puis s’équipe en panneaux solaires raccordés à un système de batteries type Powerwall pour stocker l’électricité. Cette logique en boucle courte rend la maison moins dépendante du réseau, surtout aux heures de pointe. Les pièces, elles, restent celles d’une maison classique : salon, cuisine, chambres, salle d’eau, rangements. L’innovation ne sacrifie pas l’usage : elle le renforce en calmant l’ambiance intérieure, en limitant les ponts thermiques et en valorisant des finitions minérales qui vieillissent bien.

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Le pari fondations : comment construire sans béton

Le point le plus sensible, c’est la fondation. Renoncer au béton implique des systèmes adaptés au sol, avec des plots, des longrines en bois traité, ou des solutions mixtes compatibles terre crue et bois. L’objectif est d’assurer la répartition des charges, la gestion de l’humidité et la protection face aux remontées capillaires. Dans ce cadre, l’enveloppe imprimée en 3D s’assemble comme une coque rigide et continue, à laquelle l’ossature apporte tenue et résilience mécanique. L’ensemble forme un corps de bâtiment léger, modulable, et surtout recyclable en fin de vie.

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maison moderne panneaux solaires
Façade contemporaine et toit solaire ; production d’énergie renouvelable résidentielle. Crédit : Pixabay
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“Innover dans le logement par le durable et la technologie”

C’est la devise affichée par Lib Work : l’innovation ne vaut que si elle réduit l’impact environnemental et crée de la valeur sociale. Ici, l’impression 3D n’est pas un but mais un levier pour dématérialiser le chantier, mieux dos­er la matière, et accélérer les délais. À l’arrivée, on obtient une enveloppe performante, qui respire et stocke la chaleur, tout en maîtrisant les coûts à terme. Cette posture s’inscrit dans un mouvement plus large : des chercheurs comme ceux de l’Université Texas A&M ont exploré dès 2020 des mélanges à base de terre pour l’impression 3D, tandis que des studios comme Nagami et des agences comme Hassell travaillent sur des mix plastique recyclé et composites pour des modules résistants aux conditions extrêmes.

Une tendance lourde : moins d’énergie grise, plus d’intelligence

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Réduire la matière et l’énergie grise est devenu la boussole. Les murs de terre et les enduits minéraux écrêtent les pics de chaleur, stabilisent l’hygrométrie et apportent un silence que l’on n’obtient pas toujours avec des cloisons creuses industrielles. Couplés à une production solaire locale et à du stockage domestique, ces murs permettent de baisser la facture énergétique, de décaler les consommations aux meilleurs moments, et de bénéficier d’une température intérieure plus stable sans multiplier les couches techniques.

bras robot d’impression 3D construction
Bras d’imprimante 3D pour habitat durable. Crédit : Wikimedia Commons

Personnalisation, coûts et calendrier : ce que l’impression 3D change pour vous

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La personnalisation ne passe plus uniquement par des catalogues. En impression 3D, on ajuste les rayons, les ouvertures, la courbure d’un mur, la profondeur d’une niche. Sur le poste « temps », on gagne surtout dans la phase structure/enveloppe : l’extrusion est continue, les reprises sont limitées, et les tolérances sont connues dès la conception. Côté coût, le gros œuvre profite d’une meilleure prédictibilité. Reste à intégrer des corps de métier qui s’adaptent au support imprimé : menuiseries, étanchéité, réseaux. Rien d’insurmontable, mais une coordination essentielle pour conserver la promesse initiale.

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Et l’esthétique dans tout ça ?

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La terre crue et la chaux ne sont pas synonymes de rusticité. On peut jouer les textures, du lisse à l’ondulé, assumer les strates laissées par l’impression comme une signature, ou les gommer par un enduit. À l’intérieur, les parois minérales diffusent une lumière douce, se marient avec le bois clair et des revêtements naturels. Dehors, l’objet architectural gagne en présence : formes organiques, angles arrondis, ombres portées plus délicates. La Lib Earth House n’impose pas un style, elle libère un vocabulaire.

mur en terre crue compactée
Mur en terre comprimée illustrant l’inertie thermique. Crédit : Wikimedia Commons

Recyclable, réparable, réversible : le triptyque qui compte

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Quand un bâtiment peut être désassemblé, réutilisé ou recyclé, il devient réellement durable. Ici, la matière première redevient ressource, la filière bois se combine à la terre et aux fibres naturelles, et l’équipement solaire se remplace au fil des progrès. On sort du tout-jetable pour entrer dans une économie circulaire de l’habitat. À l’échelle d’un quartier, cela change tout : moins d’émissions, moins de déchets, et une meilleure intégration au paysage.

Le mouvement mondial : de la recherche aux chantiers réels

Des projets universitaires aux démonstrateurs, l’impression 3D de maisons a quitté les labos. Aux États-Unis, en Europe ou au Japon, des équipes testent la résistance, l’isolation, les temps de mise en œuvre, la résilience face aux aléas. Les innovations portent aussi sur les matériaux : terre stabilisée, composites bio-sourcés, granulats de plastique recyclé. Chaque avancée nourrit l’autre : quand la machine gagne en précision, le matériau suit ; quand le mélange devient plus performant, le robot peut aller plus vite ou plus fin.

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maison ancienne en terre crue
Pavillon en terre crue du début du XXe siècle : la tradition rejoint la construction durable. Crédit : Wikimedia Commons

Et demain, chez nous ?

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Le chemin réglementaire existe : il faudra des DTU adaptés, des ATEx, des retours d’expérience climatiques, sismiques et assurantiels. Mais la trajectoire est claire : moins de béton, plus d’intelligence matière, des structures bois mieux intégrées, et une énergie locale pensée dès la conception. L’habitat de demain ne sera pas monolithique : il mêlera terre, bois, impression 3D, panneaux solaires et stockage pour composer des maisons sobres, confortables et désirables.

On l’a gardé pour la chute : cette maison japonaise n’emploie aucune goutte de béton, même pour ses fondations, tout en offrant l’habitabilité et la solidité d’une demeure moderne, grâce à l’alliance terre imprimée en 3D, ossature bois, panneaux solaires et Powerwall. Autrement dit, l’avenir du logement peut vraiment se concevoir sans béton.

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