« Pas mal, mais vieille et noire » : elle postule à un emploi et reçoit un mail choquant
Après trois ans de lutte acharnée, Natali Tshepupu a obtenu gain de cause face au cabinet comptable à l’origine du mail hautement discriminant.
Une candidature qui vire à la désillusion
Les mots résonnent encore, durs et irrévocables. Malgré ses nombreuses compétences, Natali Tshepupu a vu le poste de comptable qu’elle convoitait lui passer sous le nez. Jusqu’ici, rien de bien alarmant : les candidatures peuvent se solder par une fin de non-recevoir. Le cas de la trentenaire prend toutefois une tournure préoccupante quand elle ouvre le mail qu’elle pense recevoir en réponse à sa démarche.
On est alors en 2022 et cette habitante de Grimbergen (Belgique) entame un laborieux processus de recherche.
À lire aussi
C’est donc le cœur gonflé d’espoir qu’elle clique sur le premier message de sa boîte de réception. Une seconde plus tard, Natali Tshepupu se décompose… Le message la concerne certes, mais ne lui est visiblement pas destiné, dans la mesure où les termes employés pour la désigner sont teintés de mépris et ouvertement racistes.
« J’avais toutes les compétences pour le job »
En parcourant les quelques lignes du mail — que la RH adresse en réalité au PDG – la jeune femme retient ce passage : « Pas mal, mais vieille et noire ». Une phrase dont la brièveté ne l’empêchera pas de sombrer dans un profond désarroi. « Ça m’a touchée surtout parce que j’avais toutes les compétences pour le job », confie-t-elle au média De Standaard.
Malgré tout, la détermination succède au choc. Bien décidée à mettre en lumière la sélection arbitraire de ce cabinet comptable, Natali contacte le centre pour l’égalité des chances Unia. Celui-ci s’empresse de joindre l’entreprise, qui malgré les preuves criantes, nie toute discrimination.
Pire, elle se défend en attestant qu’elle emploie « d’autres personnes de l’immigration ». Une riposte faiblarde qui ne dissuadera pas la candidate déçue et blessée d’entamer des poursuites à l’encontre du cabinet. Jugée par le tribunal, l’affaire a abouti à une condamnation de l’entreprise pour double discrimination : en raison de la couleur de peau et de l’âge. Une première en Belgique d’après les médias locaux.