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« C’est quand même dingue, qu’on soit obligé de chier dans nos camions » : le quotidien révoltant des routiers totalement oubliés

Publié par Salomee le 27 Mar 2020 à 7:28
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Depuis le début du confinement, de nombreux professionnels continuent de travailler pour faire tourner la France pendant cette crise. Que ce soit pour nous nourrir, nous soigner, nous protéger, ces héros du quotidien vivent des moments très durs. C’est le cas de ce routier de 45 ans, interrogé par Libération. Retour sur des propos aussi touchants que révoltants.

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Ce routier dénonce les conditions dégradantes qu’il subit

Cette homme est révolté par certaines conditions. Les conséquences du confinement ne cessent d’augmenter pour ces routiers: des restaurants d’autoroutes fermés, des douches dégradées, une hygiène non respectée… C’est l’impression générale qui ressort des propos de ce courageux routier.

« On est traité comme des sous-merdes. C’est infernal. Entre les stations d’autoroutes fermées et celles qui n’autorisent pas les douches, c’est la galère. Des gérants nous refusent l’accès, d’autres nous disent que le ballon d’eau chaude a claqué, ça veut dire la même chose : « Ne venez pas. » Les rares sanitaires ouverts sont en extérieur, mais ils sont dégueulasses. Sur l’A7 j’ai réussi à prendre une douche mardi. On m’a donné les clés et des produits désinfectants. Car personne d’autre ne veut y mettre les pieds dans ces douches, elles ne sont plus nettoyées. Dans les lavabos, il n’y a plus de savon. Mais faut bien qu’on puisse se laver, non ? Je suis parti à 5 heures du matin lundi, je rentre chez moi vendredi soir. Je fais comment ? Sans parler des toilettes, fermées aussi ! Hier, j’ai chié dans ma cabine. C’est quand même dingue, qu’on soit obligé de chier dans nos camions ! C’est lamentable. » 

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« Pour manger, c’est aussi la galère. Je n’ai pas croisé un seul resto routier d’ouvert. Des collègues m’ont dit qu’ils en avaient trouvé, mais c’est à la gamelle. On vous donne votre assiette, vous mangez dans le camion, puis vous la ramenez. Sinon, il y a les aires d’autoroute : ils vendent à manger à travers une vitre, mais que des sandwichs ou du froid. Moi je suis équipé, j’ai un réchaud, un frigo, je me fais ma bouffe et un café le matin. Mais la convivialité des restos ça manque. Surtout que sur les parkings, les routiers prennent leurs précautions, ça discute pas beaucoup. »

Un sentiment croissant d’abandon ressenti par ces routiers

Le routier sait le rôle qu’il a à jouer dans ce contexte de crise et ne compte pas baisser les bras, malgré un sentiment d’abandon croissant. Selon lui, un manque d’humanité se fait ressentir dans le secteur.

« Le pire c’est quand on roule sur les nationales, il n’y a vraiment rien. Avant, quand on arrivait chez les clients pour livrer, les boîtes nous mettaient à disposition leurs sanitaires. C’est terminé. On n’a plus droit d’accéder à leurs douches, ni aux toilettes, ni à la machine à café. C’est non partout. Là je viens de terminer une livraison, dès que je suis arrivé, ils m’ont pris la température et mis du gel sur les mains. Les gens sont courtois, mais distants. Certains ne veulent pas toucher le bordereau de livraison. C’est de la peur. Mais on se sent pestiférés, que le Covid-19, c’est nous ! »

« Depuis la semaine dernière, il y a eu un tout petit peu de mieux, mais c’est vraiment pas ça encore. Y a un vrai manque d’estime pour nous. Pourtant on a besoin des routiers, non ? Mais on nous dit « démerdez-vous ». Depuis cette semaine on a enfin des masques et du gel hydroalcoolique. Mais on comprend pas : pourquoi il a fallu attendre autant, alors que dans les bureaux, ça fait trois semaines qu’ils ont du gel ? On est les derniers servis, alors que nous on a pas de points d’eau à disposition. C’est le monde à l’envers ! »

« Des collègues sont au chômage partiel, y a du monde sur le carreau, car il y a moins de boulot. Moi je suis content de continuer, j’adore mon métier, ça fait vingt-et-un ans que je le fais. Alors, je roule. Dans mon camion, j’écoute les infos, mais pas que, car c’est trop glauque. Je mets aussi Nostalgie. Sur la route, y a personne. Au début je trouvais ça génial. Mais finalement, ça rend les journées bien longues. D’habitude on est toujours à regarder dans notre rétro. Là on ne croise que des camions. Et on se sent isolé. » . 

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Ces propos sont touchants et prouvent le quotidien surréaliste que les routiers supportent, depuis le début de la crise sanitaire. Il est important de rester solidaire, courtois, reconnaissants et généreux dans cette période de confinement.

Source: Libération.

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