Ce requin peut vivre dans les lacs (et c’est le plus dangereux)
On associe spontanément les requins à l’océan, aux vagues et aux plages tropicales. Pourtant, un cas à part bouscule cette image. Certaines observations attestent qu’un grand squale peut évoluer en eau douce, assez loin de la mer, au point d’être signalé dans différents lacs du monde. De quoi étonner les baigneurs, et rappeler que la nature aime brouiller les cartes.
Cette réalité ne signifie pas que la baignade devient soudainement périlleuse partout. Les attaques de requin restent statistiquement rares. Mais comprendre pourquoi et comment un tel prédateur peut franchir la frontière du sel vers l’eau douce permet d’adapter son comportement, surtout dans les zones concernées.
Le portrait d’un squale taillé pour la proximité des côtes
Contrairement aux espèces strictement hauturières, ce requin affectionne les lagons côtiers peu profonds, les estuaires et les mers tropicales et subtropicales. Il évolue volontiers à faible profondeur, là où circulent aussi des pêcheurs, des surfeurs et des baigneurs. C’est d’ailleurs cette proximité avec les activités humaines qui contribue à sa réputation d’espèce dangereuse.
L’animal est impressionnant : il peut approcher les quatre mètres et dépasser les 300 kilogrammes. Sa silhouette trapue, sa mâchoire puissante et sa capacité à encaisser des eaux parfois troubles ou chargées en limon en font un prédateur d’opportunité. Dans des eaux côtières peu profondes, il suit souvent le relief, patrouille près des passes et s’aventure à l’embouchure des rivières.
Comment un requin peut-il supporter l’eau douce ?
Le grand public imagine les requins comme inféodés au sel. Pourtant, ce squale possède une remarquable plasticité physiologique lui permettant de supporter, au moins temporairement, la diminution de salinité. En remontant des fleuves, il trouve parfois des poches alimentaires abondantes : poissons, crustacés, voire carcasses charriées par les crues. Ces incursions fluviales expliquent qu’on le retrouve, à l’occasion, loin du littoral.
Lors d’épisodes d’inondations ou de variations climatiques, l’accès à des eaux intérieures peut devenir plus facile. Les débits augmentent, les barrages s’ouvrent, les passes s’élargissent et certaines routes inattendues s’offrent à lui. C’est là que des signalements surprenants apparaissent dans des lacs connectés aux grands fleuves ou à des deltas.
Des lacs où ce prédateur a déjà été repéré
Plusieurs lacs d’eau douce ont fait parler d’eux pour la présence de ce squale. Le plus emblématique demeure le lac Nicaragua et ses embranchements fluviaux, connus pour accueillir ces incursions. Des signalements existent également au lac Janoer en Nouvelle-Guinée, au lac Izabal au Guatemala, au lac Sentani en Indonésie et au lac Bayano au Panama.
Dans la plupart des cas, il s’agit de systèmes hydrologiques ouverts, reliés à la mer par des fleuves ou des estuaires. Le requin profite de ces corridors naturels, surtout lors des saisons où le niveau d’eau grimpe. Le phénomène reste rare, mais assez documenté pour rappeler que certains plans d’eau trop proches du littoral ou d’un vaste réseau fluvial ne sont pas hermétiques aux prédateurs marins.
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Rare, mais pas impossible : remettre le risque à sa juste place
Parce qu’il nage près des côtes et fréquente des eaux peu profondes, ce requin apparaît dans les classements des espèces impliquées dans le plus grand nombre d’incidents avec l’homme. Cela nourrit sa réputation d’espèce la plus dangereuse. Pourtant, rapportés à l’échelle mondiale, ces événements restent peu fréquents.
Autrement dit, le risque existe, mais il demeure exceptionnel. La plupart des rencontres se soldent par une simple observation, et non par une attaque. Les autorités locales publient d’ailleurs des consignes de sécurité simples à suivre pour réduire encore cette probabilité.
Les bons réflexes à adopter près des embouchures et des lacs connectés
Dans les zones où ces signalements ont déjà eu lieu, mieux vaut éviter de se baigner à la tombée de la nuit ou à l’aube, moments où l’activité de nombreux prédateurs augmente. Il est recommandé de se tenir à l’écart des eaux troubles, des embouchures après de fortes pluies et des bancs de poissons en activité, qui peuvent attirer les squales.
Nager en groupe, rester proche du rivage et respecter les panneaux d’avertissement permettent de réduire encore un risque déjà faible. En mer comme en eau douce, une baignade prudente, informée et respectueuse des consignes locales reste la meilleure protection.
Pourquoi certains lacs sont plus concernés que d’autres
La clé se trouve dans la connectivité. Un lac situé en amont d’un grand fleuve, relié à la mer sans obstacles infranchissables, offre théoriquement une voie d’accès. À l’inverse, un plan d’eau isolé ou séparé par des chutes, des rapides majeurs ou des barrages étanches sera, en pratique, à l’abri.
Les épisodes d’inondations modifient temporairement cette donne : des canaux secondaires s’ouvrent, des seuils sont submergés, et les courants peuvent transporter des animaux bien au-delà de leur aire habituelle. C’est dans ces contextes que surgissent les histoires de requins dans des endroits où personne ne les attendait.
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Un prédateur qui capitalise sur notre présence
Si ce squale est jugé dangereux, c’est moins par agressivité systématique que par proximité avec nos usages. Il fréquente les plages peu profondes, les zones portuaires, les estuaires et parfois des lacs proches du littoral. Autrement dit, il croise nos routes. Et comme il chasse souvent dans des eaux troubles, l’identification d’une silhouette à la surface peut prêter à confusion.
Raison de plus pour rappeler que la prévention fonctionne : écouter les maîtres-nageurs, se renseigner avant de se mettre à l’eau, éviter de nager avec des plaies ouvertes ou après un gros orage où la turbidité augmente, c’est déjà adopter les bons réflexes.
Dans quels décors peut-on le rencontrer ?
Imaginez une anse peu profonde, de l’eau légèrement verdâtre chargée de sédiments, un mangrove ou une rive jonchée de racines. Ajoutez des estuaires brassés par la marée, où l’eau douce des fleuves rencontre l’eau salée. C’est l’habitat de prédilection de ce requin. En période humide, quand les débits montent, ces couloirs s’étirent, reliant parfois la mer à des lacs intérieurs.
À l’intérieur de ces systèmes, l’animal trouve des proies variées et une température souvent clémente. Il alterne des déplacements courts, des embuscades en bordure et des patrouilles rectilignes le long des cassures de fond. Pour l’observateur, il peut rester invisible jusqu’à quelques mètres.
Un rappel utile pour les voyageurs et les passionnés de plein air
Si vous pratiquez le kayak, la pêche ou la baignade dans des régions tropicales ou subtropicales, retenez cette idée : certains lacs reliés à la mer peuvent, à l’occasion, accueillir un requin venu du large par les fleuves. Les destinations citées plus haut — lac Nicaragua, lac Janoer, lac Izabal, lac Sentani, lac Bayano — en ont été les théâtres.
Cela ne doit pas gâcher le plaisir du voyage. Il suffit d’intégrer cette donnée au même titre que l’on se renseigne sur les courants, la météo ou la présence de méduses. Les guides locaux, les affichages sur place et les recommandations officielles restent, comme toujours, vos meilleurs alliés.
Ce qu’il faut retenir avant de plonger
La présence d’un grand requin en eau douce demeure un événement rare. Mais elle est possible dans des lacs reliés à la mer par des réseaux fluviaux, surtout après des inondations. Cette espèce est passée maître dans l’art de naviguer entre les milieux, d’exploiter nos zones de loisirs et d’apparaître là où on ne l’attend pas.
Alors, si l’on devait condenser l’information en une phrase : oui, il existe bel et bien un requin connu pour sa dangerosité vis-à-vis de l’homme, capable de prospérer en eau douce et d’être observé dans des lacs bien précis.
Et ce requin, quel est son nom ?
Ce prédateur aux allures de tank, souvent vu près des côtes, dans les estuaires et parfois jusque dans des lacs comme le lac Nicaragua, n’est autre que le requin-bouledogue. Long d’environ quatre mètres pour plus de 300 kg, il est largement considéré comme l’espèce de requin la plus dangereuse pour l’homme — tout en rappelant que les attaques de requin restent rares et qu’en respectant les consignes de sécurité, la baignade demeure un plaisir sûr.