Impôt sur le revenu : pourquoi la case 2OP ne vous piégera (peut-être) plus dès la prochaine déclaration
Chaque printemps, des millions de foyers remplissent leur déclaration et tombent sur une petite ligne qui peut faire grimper ou baisser la note : la case 2OP. Derrière ce sigle se joue un choix fiscal majeur. Par défaut, les revenus du capital – intérêts, dividendes, plus-values – sont soumis à la flat tax (ou PFU à 30 %, soit 12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux). Cocher 2OP revient à renoncer au PFU pour imposer ces revenus au barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Pour un foyer non imposable ou faiblement imposé (taux marginal à 0 % ou 11 %), ce basculement est souvent gagnant, d’autant qu’il rouvre l’accès à l’abattement de 40 % sur les dividendes et à une part de CSG déductible.
À l’inverse, avec une tranche à 30 % ou plus, rester au PFU est généralement préférable. Cette ligne n’a donc rien d’anecdotique : elle conditionne la façon dont tout votre revenu de capitaux mobiliers sera taxé, et cela peut faire varier la facture de manière très sensible.
Pourquoi on a parlé pendant des années du « piège » de 2OP
Le « piège » ne venait pas de la case en elle-même, mais de deux mécanismes administratifs qui rendaient l’erreur coûteuse. D’une part, cocher 2OP valait option globale pour toute l’année sur l’ensemble des intérêts, dividendes et plus-values du foyer. Impossible d’opter au cas par cas. D’autre part, cette option était jugée… irrévocable une fois la déclaration validée : si vous aviez coché par réflexe (ou parce que c’était précoché après l’avoir activée l’année précédente), revenir au PFU devenait très compliqué, voire impossible après les délais. En clair, une simple coche pouvait vous enfermer dans un choix fiscal défavorable pour l’année entière, parfois pour plusieurs centaines d’euros. C’est ce double verrou – mémoire de l’option d’une année sur l’autre et irrévocabilité – qui a nourri la réputation de « traquenard ».
Ce que change la nouvelle donne budgétaire
Dans le débat budgétaire actuel, un ajustement de procédure s’esquisse : l’idée est de supprimer le caractère irrévocable de l’option au barème, afin de sécuriser les contribuables qui se trompent. Concrètement, cela signifie qu’un foyer qui aurait coché 2OP par erreur pourrait rectifier et revenir au PFU plus facilement, via une réclamation ou une correction dans la fenêtre prévue au calendrier fiscal. L’esprit du texte est clair : éviter l’erreur définitive pour une case cochée trop vite. Cette évolution, si elle est confirmée dans le texte final et son décret d’application, ferait disparaître l’essentiel du « piège » et rapprocherait la 2OP d’un choix réversible, au moins durant la période de correction de la déclaration.
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2OP, assurance vie et effets en chaîne : le détail qui change tout
La case 2OP ne touche pas seulement vos dividendes ou intérêts de comptes-titres. Elle peut aussi impacter des retraits sur assurance vie selon la date des versements. Pour les primes versées après le 27 septembre 2017, cocher 2OP fait basculer les gains concernés au barème (avec les taux 11 %, 30 %, 41 % ou 45 % selon votre tranche), alors que la flat tax offre parfois un taux plus doux – par exemple 7,5 % au-delà de huit ans pour certains retraits après application des abattements de 4 600 € (personne seule) ou 9 200 € (couple).
Dit autrement, 2OP peut être très favorable pour vos dividendes, mais nettement moins si vous avez retiré de l’assurance vie récente et que vous dépassez les seuils d’abattement. C’est pour cela que les fiscalistes recommandent de simuler les deux options avant de valider.
Comment savoir si 2OP est faite pour vous cette année
La bonne méthode reste pragmatique. Vous ouvrez votre simulation en ligne, vous laissez la flat tax par défaut, vous notez le total. Puis vous activez 2OP et vous recommencez. Si votre taux marginal est à 0 % ou 11 %, 2OP est souvent gagnante car l’impôt facial sur les dividendes tombe à 0 % ou 6,6 % après abattement de 40 %. Sans compter la CSG déductible qui réduit un peu votre revenu imposable l’année suivante. Si votre tranche est à 30 % ou plus, la flat tax de 12,8 % reste en général plus douce. Sauf cas particuliers (gros frais financiers déductibles, moins-values qui viennent compenser, historique de PEA/compte-titres, etc.). Deux simulations valent mieux qu’un calcul théorique approximatif.
Le rôle de la DGFiP et de la déclaration préremplie
Autre point clé : la déclaration préremplie. Les banques transmettent vos flux de revenus de capitaux mobiliers à la DGFiP, qui les reporte dans les cases dédiées. Si vous aviez opté au barème l’an dernier, la fameuse 2OP peut apparaître précochée l’année suivante. C’est pratique quand 2OP vous est toujours favorable, mais cela a piégé certains foyers lorsque leur situation changeait (hausse de revenus, retraits d’assurance vie qui font grimper l’impôt au barème, etc.).
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La perspective d’une option non définitive – c’est-à-dire corrigeable dans les délais – vise précisément à neutraliser cette « inertie » pour que la mémoire d’un choix passé ne surdétermine pas l’année en cours.
Les profils qui ont le plus à gagner (ou à perdre)
Concrètement, trois cas se détachent. Si vous êtes non imposable, 2OP vous rend la flat tax inutilement chère. Vous récupérez les 12,8 % prélevés et vous ne payez que les prélèvements sociaux. Si vous êtes à 11 %, vous profitez d’un écart de taux (12,8 % – 11 %) et de l’abattement sur les dividendes. Ce qui peut ramener l’impôt effectif à 6,6 % sur ces revenus. Enfin, si vous êtes à 30 % ou au-dessus, l’intérêt de 2OP devient rare. Et dépend de paramètres fins (frais, compensation de moins-values, nature des revenus).
Ajoutez à cela les versements d’assurance vie post-2017, qui peuvent être pénalisants au barème si vous dépassez les 4 600/9 200 € d’abattement après huit ans. Dans ce scénario, le PFU à 7,5 % peut l’emporter largement.
Ce que cela change pour votre calendrier 2025-2026
La fenêtre de correction ouverte chaque été-automne devient d’autant plus utile si l’irrévocabilité de l’option 2OP disparaît. Vous validez, vous comparez, vous ajustez si besoin. Et si la correction en ligne est close, la réclamation écrite demeure un filet de sécurité quand les textes l’autorisent. Ce nouvel équilibre réduit le risque d’une « erreur définitive » commise au mois de mai et corrigée trop tard. L’administration y gagne aussi : moins de contentieux et une relation plus pédagogique avec les contribuables.
Et demain, 2OP deviendra-t-elle un simple bouton « tester » ?
On s’achemine vers une logique simple : tester l’option, visualiser en direct l’impact sur l’impôt sur le revenu, puis confirmer. C’est déjà ce que beaucoup font avec le simulateur officiel. Si la règle de non-irrévocabilité est gravée dans le marbre, le choix 2OP cessera d’être un piège procédural pour redevenir ce qu’il aurait toujours dû être. Une option, c’est-à-dire un choix réversible dans un délai raisonnable.
Ce que vous devez retenir juste avant de valider votre prochaine déclaration
Vérifiez votre taux marginal d’imposition, regardez si vous avez perçu des dividendes (abattement de 40 %), des intérêts simples, réalisé des plus-values avec éventuelles moins-values à imputer. Et si vous avez fait des retraits d’assurance vie sur des versements post-2017 qui dépassent les abattements après huit ans. Faites deux simulations (PFU vs barème via 2OP). Et gardez en tête que la procédure évolue pour vous permettre d’annuler une erreur de coche.
La mesure la plus attendue est justement celle-ci : la suppression du caractère irrévocable de l’option au barème associée à la case 2OP. Afin de permettre un retour au PFU dans la période de correction. Autrement dit, le « piège » historique de 2OP. Tel qu’on l’a connu pendant des années, est en passe d’être neutralisé pour les prochaines déclarations.