Maison squattée en Gironde : le squatteur porte plainte, la propriétaire placée en garde à vue
Karine Lellouche voulait simplement vendre la maison de son père, à Andernos-les-Bains, au bord du bassin d’Arcachon. Au lieu d’une transaction sans histoire, elle se retrouve au cœur d’un imbroglio : un occupant illégal s’installe, l’accuse d’avoir organisé une expédition punitive, et elle finit en garde à vue. Une affaire où chaque étape semble inverser les rôles… jusqu’au dénouement, qui change aussi le prix de vente.
Dans ce dossier, la quinquagénaire de 55 ans raconte la chronologie d’un projet de vente rendu impossible pendant des mois, entre démarches infructueuses, plainte du squatteur et enquête ouverte pour association de malfaiteurs. Mais saviez-vous que, faute « d’effraction avérée », une demande d’évacuation peut être recalée ? C’est précisément ce que la propriétaire dit avoir vécu. Et la suite réserve un dernier tournant, décisif pour la suite de la transaction.
Crédit court : PA / Wikimedia.
Une vente familiale qui tourne au casse-tête
Au départ, rien d’extraordinaire : après le décès de son père, Karine Lellouche engage l’an dernier les démarches pour mettre en vente le bien familial. Un choix classique pour solder une succession et tourner une page. La maison, idéalement placée à Andernos-les-Bains, a tout pour trouver preneur. Il ne s’agit pas d’un logement laissé à l’abandon : une estimation a même été réalisée, preuve que la propriétaire a enchaîné les étapes prévues avant la mise sur le marché.
C’est au printemps que tout bascule. Un squatteur s’installe dans la maison. À partir de là, la chronologie se grippe. La propriétaire enclenche les démarches que tout vendeur engagerait : signalements, pièces justificatives, constitution de dossier. Mais rien n’aboutit à une expulsion. Ce détail que peu de gens connaissent : l’efficacité d’une demande d’évacuation repose souvent sur des critères précis, dont la constatation d’une effraction. Or, dans cette histoire, c’est justement le point qui coince plus tard auprès des autorités.
Pendant ce temps, l’occupant illégal se maintient dans les lieux. Et la maison, qui devait être visitée par des acheteurs potentiels, devient un bien juridiquement bloqué. Pour Karine Lellouche, ce n’est plus seulement une vente compliquée : c’est un quotidien entravé où chaque signature potentielle se heurte à l’incertitude.
Un virage judiciaire inattendu : la garde à vue de la propriétaire
Le 30 septembre, la trajectoire du dossier prend un tour totalement inattendu. Trois gendarmes se présentent au domicile de Karine Lellouche. Motif : elle est visée par des accusations d’association de malfaiteurs, un délit passible de dix ans de prison. La plaignante ? L’occupant illégal. Selon lui, la propriétaire aurait orchestré une expédition punitive à son encontre.
À lire aussi
Karine Lellouche est placée en garde à vue. Elle y restera quatre heures, avant d’être relâchée. Elle nie catégoriquement ces faits. Dans son récit, elle ne dévie pas : pas d’organisation parallèle, pas de représailles, pas de manœuvres en sous-main. Ce passage par la case audition n’efface pas l’autre réalité : pendant que l’enquête suit son cours, l’occupant demeure dans la maison.
Ce renversement des rôles — un squatteur à l’origine d’une plainte contre la propriétaire — illustre un paradoxe : au lieu de débloquer la vente, l’affaire l’enlise un peu plus. Là où un compromis aurait pu être signé, la perspective juridique pèse désormais sur chaque décision.
Crédit court : GO69 / Wikimedia.
Une expulsion impossible malgré les démarches
En parallèle, Karine Lellouche tente de faire valoir sa qualité de propriétaire. Elle dit avoir envoyé au préfet un dossier complet, incluant le titre de propriété. La réponse, selon elle, tombe comme un couperet : non-recevable, faute d’effraction constatée. C’est ici que le dossier s’enkyste. Sans effraction officiellement relevée, l’arsenal d’intervention immédiate s’étiole. Et l’expulsion tant attendue n’arrive pas.
Cette situation, aux allures kafkaïennes, s’étire donc dans le temps. Chaque jour qui passe ajoute une couche de complexité. Car plus un occupant illégal reste, plus le calendrier de la vente se grippe. Les acheteurs intéressés se rétractent, ou négocient à la baisse, redoutant les délais et les frais d’une procédure pour libérer les lieux.
Là encore, rien n’est inventé : au fil de cette séquence, la propriétaire dit ne rien obtenir de concret ; l’occupant, lui, demeure installé. La maison n’est plus simplement un bien en héritage : elle devient un nœud administratif et judiciaire où s’entremêlent constatations, conditions d’évacuation et enquête en cours.
À lire aussi
Crédit court : Pline / Wikimedia.
Crédit court : DP / Henry Guillier.
Une transaction plombée par la présence de l’occupant illégal
Malgré tout, Karine Lellouche parvient à trouver un acheteur la semaine précédant son témoignage. C’est un tournant, mais pas un happy end. Car l’ombre du squatteur plane sur les négociations. La maison, initialement estimée à 700 000 euros, se vend 620 000 euros. La décote est lourde, bien au-delà d’un simple ajustement. Elle traduit surtout la valeur du risque que l’acheteur accepte de prendre : acquérir un bien occupé par un occupant illégal, avec la perspective de démarches et de frais pour récupérer la jouissance pleine et entière du logement.
Ce n’est pas un simple effet de marché : c’est la conséquence directe d’une occupation non autorisée qui perdure. Ce que les professionnels appellent parfois le « coût de déblocage » s’imprime ici dans le prix final. Les mois de blocage, la garde à vue, l’enquête et l’absence d’expulsion immédiate composent un faisceau d’incertitudes dont l’acheteur demande, en quelque sorte, compensation.
Reste une question que beaucoup se posent à ce stade : et maintenant ? Une vente peut se signer avec un occupant dans les lieux, à condition que l’acquéreur intègre ce paramètre. C’est exactement ce qui s’est joué ici : l’acheteur a calibré son offre avec, en contrepartie, la charge de la procédure à mener pour faire partir l’occupant illégal.
Entre enquête et avenir de la maison, une issue à payer au prix fort
Le quotidien de Karine Lellouche reste marqué par deux lignes parallèles. D’un côté, l’enquête déclenchée par la plainte du squatteur, avec une qualification pénale lourde — association de malfaiteurs — qu’elle conteste. De l’autre, la vie d’un bien immobilier, désormais vendu, mais dont la jouissance n’est pas encore effective pour le nouvel acquéreur.
Dans son récit, la propriétaire a multiplié les démarches, sans obtenir l’expulsion. Son titre de propriété n’a pas suffi à déclencher une procédure accélérée, une réponse préfectorale lui ayant opposé l’absence d’effraction. Cette précision, qui peut sembler technique, a pourtant tout changé : elle a figé la situation pendant des mois et affecté le prix de vente.
Rétrospectivement, tout s’est joué à une succession d’éléments précis : un printemps où un occupant illégal s’installe, un 30 septembre marqué par une garde à vue, un dossier préfectoral recalé, puis une signature obtenue au prix d’un compromis financier. La propriétaire nie toute expédition punitive ; l’occupant, lui, maintient ses accusations, et l’enquête suit son cours. La maison, elle, a trouvé preneur — mais à des conditions qui disent mieux que de longs discours ce que coûte une occupation irrégulière.
Et c’est là la révélation principale, annoncée en filigrane : la différence entre l’estimation et le prix final — ces 80 000 euros — servira à financer l’expulsion de l’occupant illégal. Une ligne budgétaire aussi concrète que symbolique : pour récupérer un bien, il faut parfois payer le prix… de sa libération.
- 01/12/2025 à 13:25Le mieux est de bloquer toutes les sorties, souder le portail s'il existe, mettre une caravane devant l'entrée et s'y installer, couper l'électricité et l'eau, et surtout bien avertir EDF et la société des eaux de bien vérifier et de refuser toute demande de remise en fonction. Ca devrait aider les squatteurs à partir sans toucher ni à eux ni à la maison
- 28/10/2025 à 18:45un trou au fond du jardin!!!
- 27/10/2025 à 16:06la patience a des limites que je n'accepterais pas le squatter sortirait quelqu'en soit le prix (prison incluse)
5 commentaires