Vente de SFR : hausse des prix, coupures… quel impact pour les clients ?
Altice trainerait une sacrée dette en ce moment. La maison mère de SFR pourrait donc être obligée de vendre l’opérateur de téléphonie, l’un des principaux en France. Si cette vente est conclue, qu’est-ce que cela veut dire pour ses millions de clients ? On vous explique.
SFR, un acteur phare dans l’histoire de la téléphonie
L’histoire de la téléphonie et de l’accès à internet est plus que jamais d’actualité. Alors que l’un des plus gros opérateurs réseau de France, SFR, s’apprête à être vendu, ses concurrents se frottent les mains face à cette perspective.
Pour comprendre ce qui arrive à SFR, il faut aussi comprendre d’où il vient. Tout commence à l’après-guerre. Dans les années 1950, seuls quelques privilégiés pouvaient utiliser des téléphones embarqués dans les voitures, connectés au réseau via des opérateurs manuels.
Mais ce n’est qu’en 1986 que France Télécom lance officiellement son réseau Radiocom 2000, système analogique précurseur de la téléphonie mobile moderne. En parallèle, des acteurs privés émergent. SFR, par exemple, voit le jour en 1987, avec son propre réseau analogique NMT.
France Télécom, c’est l’ancêtre d’Orange (en 2000, France Télécom rachète Orange), ce qui fait de lui le premier opérateur téléphonique en France.
Les années 1990 marquent un tournant. La technologie GSM (2G) permet des appels plus fiables et des SMS, ouvrant la voie aux forfaits modernes. Itinéris (service de téléphonie mobile GSM de France Télécom) lance son réseau GSM en 1992, suivi de SFR la même année, puis de Bouygues Telecom en 1996.
Le paysage se structure autour de ces trois géants, jusqu’à l’arrivée fracassante de Free Mobile en 2012, qui bouleverse l’écosystème avec des forfaits sans engagement à prix cassés. Free a d’ailleurs souvent été critiqué par ses concurrents à cause de ses prix bas.
Des concurrents qui s’adaptent aux offres des uns et des autres
Pendant que la téléphonie s’organise, l’accès à Internet explose. Dès 1995, des fournisseurs comme Club Internet ou Wanadoo (filiale de France Télécom) permettent aux Français de se connecter au réseau mondial via modem RTC.
Le haut débit ADSL arrive à la fin des années 1990, mais c’est surtout en 2002 que le paysage se transforme avec la Freebox. Free invente alors le concept de triple play : Internet, additionné au téléphone et à la télévision. C’est une petite révolution dans les foyers.
Peu à peu, Orange, SFR et Bouygues adoptent ce modèle, avec des box toujours plus performantes. La fibre optique s’impose dans les années 2010, mais son déploiement reste inégal selon les territoires.
Mais, en 2025, plus de 80 % des foyers français sont éligibles à la fibre. D’ailleurs, dès 2025, l’ADSL est en passe de devenir obsolète, avec l’arrêt progressif du réseau d’ici 2030.
En 2025, le marché français des télécoms repose sur quatre piliers : Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. À eux quatre, ils assurent plus de 90 % de la couverture mobile et proposent la quasi-totalité des offres internet fixe.
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À côté de ces géants, une galaxie de marques secondaires complète l’offre. Ces marques, comme Sosh (Orange), RED by SFR, B&You (Bouygues), ou La Poste Mobile, s’appuient sur les infrastructures des grands opérateurs tout en proposant des forfaits souvent plus agressifs.
Avantages et inconvénients des opérateurs français
La concurrence est rude pour les quatre principaux opérateurs, toujours en train de sortir de nouvelles offres alléchantes, l’histoire de pousser les clients des concurrents à souscrire chez eux.
Maintenant, beaucoup d’opérateurs proposent même aux clients de s’occuper de la résiliation chez leur ancien opérateur. Cela montre bien le désir des opérateurs de couper l’herbe sous le pied à leurs concurrents.
Chaque opérateur a ses avantages et ses inconvénients. Côté couverture, Orange reste numéro un pour la fiabilité de son réseau mobile et fibre. SFR conserve une bonne couverture nationale mais est souvent critiqué pour la qualité de son service client.
Bouygues mise sur un bon rapport qualité-prix, tandis que Free, très compétitif, peine encore à égaler ses concurrents sur certains aspects techniques, malgré une forte progression.
Les prix varient énormément selon les opérateurs et les promotions du moment. En fibre optique, les offres commencent autour de 20 euros par mois pour les box les plus simples (RED Box, Freebox Révolution) et peuvent dépasser 40 euros pour les box premium (Freebox Ultra, Livebox Max).
Que disent les clients ?
Mais, généralement, beaucoup de clients s’accordent à dire que Free est le moins cher, qu’Orange est le plus cher, mais qu’Orange propose de meilleurs services réseaux (moins de pannes) comparé à Free. Quant à Bouygues et SFR, ils sont entre les deux.
Aussi, le service client reste un point de différenciation majeur. Orange est généralement salué pour sa qualité de suivi et la disponibilité de ses boutiques. SFR, à l’inverse, souffre d’une image ternie par un SAV jugé peu réactif et difficilement joignable.
Free se distingue par un modèle très digitalisé avec peu de boutiques mais une assistance en ligne jugée efficace. Bouygues Telecom, enfin, propose un bon compromis entre proximité client et prix raisonnables, notamment via son offre B&You.
Un marché français abordable
Malgré une forte concentration, le marché français reste l’un des plus concurrentiels d’Europe. Les prix y sont plus bas que chez nos voisins allemands ou britanniques, notamment grâce à l’irruption de Free en 2012 qui a forcé tous les opérateurs à revoir leurs marges.
En contrepartie, certains estiment que cela a entraîné une baisse de la qualité de service globale, faute d’investissements suffisants dans les infrastructures et la relation client.
SFR : sa maison mère face à de très grosses dettes
SFR fait partie de la franche moyenne : des prix abordables, un service client satisfaisant, mais des pannes récurrentes. Créé en 1987, SFR s’est toujours adapté en fonction de ses concurrents et de leurs offres, du début à aujourd’hui.
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Mais, la boite souffre en ce moment. Devenu une filiale du groupe Altice France de Patrick Drahi, en 2014, SFR a contribué à la formation du groupe Numericable-SFR. Son offre RED de SFR a directement été créée pour concurrencer les bas prix de Free.
En 2017, SFR comptait de nombreux clients, se plaçant comme second opérateur derrière Orange. Environ 20 millions de clients enregistrés à cette époque. Mais, après des hausses de prix, mais aussi de multiples pannes, le groupe a un peu perdu en popularité.
Après de nombreuses mauvaises stratégies commerciales, la maison mère de SFR, Altice, accumule des dettes astronomiques. Le montant se chiffrait à 60 milliards de dettes en 2024. Par la suite, face à cette dette, une rumeur circule : Altice préparerait la vente de SFR pour renflouer les caisses.
SFR bientôt vendu par Altice ?
Finalement, en mai 2025, il est annoncé qu’une procédure de sauvegarde serait en préparation. Cela impliquerait le basculement des clients SFR vers un autre opérateur. Si cette procédure de sauvegarde et que la vente est faite, cela voudrait dire qu’il n’y aurait plus que trois gros opérateurs en France.
Pour l’Autorité de la concurrence, si SFR venait à quitter le quatuor d’opérateurs, ce pourrait effectivement augmenter la concurrence entre Free, Bouygues et Orange. Mais, l’Autorité de la concurrence a aussi dit « qu’elle n’est pas fermée à l’idée de se retrouver à 3 opérateurs au lieu de 4 habituellement ».
Mais, elle a aussi déclaré « que cela dépendait fortement du dossier, s’il est jugé sérieux, et que cela dépendrait des enjeux, mais pas que… ».
Selon Olivier Lelong délégué syndical central CFDT de SFR, si ce rachat est acté, la question des prix de l’abonnement demeure d’une importance capitale et cela pourrait fortement impacter les clients du groupe, comme il le rappelle chez Le Monde.
« Dans tous les articles sur un rachat de SFR, ce qui importe, c’est le devenir des clients ou le prix des abonnements », dit-il. Mais, il met aussi l’accès sur l’avenir des travailleurs de la marque, qui risquent aussi d’être impactés par la situation.
« Par contre, l’avenir des salariés, personne n’en a rien à faire. Il y a pourtant des milliers de personnes qui risquent de perdre leur emploi », a-t-il déclaré. D’autant que, ce 4 août 2025, le tribunal de commerce de Paris a validé ce plan de sauvegarde, visant à alléger sa dette, d’Altice.
Le plan de sauvegarde validé, la revente bientôt actée ? Quels risques ?
Et, comme le rappelle La Dépêche, « contre l’avis du ministère public et des syndicats, qui demandaient l’exclusion de SFR et de deux autres filiales, le tribunal a décidé d’intégrer pleinement l’opérateur au dispositif ».
Cela veut effectivement dire que SFR risque d’être prochainement vendu, totalement ou partiellement. Pour Marie-Amandine Stevenin, présidente de l’UFC-Que Choisir, cela va forcément impacter ses millions de clients.
« Il est trop tôt pour savoir ce qu’il va se passer, mais rien n’est fait pour rassurer le consommateur, car aucune déclaration ne leur est destinée. […] Les conséquences sur les consommateurs vont dépendre entièrement des conditions de vente, de ce qui est vendu, de ce qui est repris », lit-on.
Parmi les risques pour les clients, il y a notamment la possibilité d’une hausse des prix ainsi que des changements dans les services et les options choisies. Mais, heureusement, dans ce cas, sachez que le client a droit de résilier son contrat même s’il est engagé et gratuitement.
« Ce droit est garanti par le code de la consommation, il est d’ordre public. Mais attention : s’ils acceptent la nouvelle offre, ce droit disparaît », explique Marie-Amandine Stevenin.
Enfin, autre inquiétude : y aura-t-il des coupures de réseau si SFR est vendu ? « Nous n’avons reçu aucune alerte sur d’éventuels risques de rupture d’accès à Internet ou au téléphone portable », explique-t-elle. Ainsi, pour l’instant, rien ne permet de le prédire.
- 09/08/2025 à 12:50Tout à fait d'accord pour le sav de sfr, il est nul désagréable
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