Icône menu hamburger Icône loupe de recherche
  1. TDN >
  2. Insolite

Douze ans à traquer 737 millions d’euros dans une décharge : une docu-série pourrait enfin lui rouvrir la voie

Publié par Killian Ravon le 20 Sep 2025 à 14:30

En 2013, l’ingénieur gallois James Howells jette par mégarde un disque dur. Rien qu’un support informatique de plus, perdu dans le flux d’objets du quotidien. Sauf que celui-ci renferme la clé privée de 8 000 bitcoins. À l’époque, la cryptomonnaie n’intéresse qu’un cercle d’initiés. Douze ans plus tard, son contenu approche les 737 millions d’euros, et l’objet manquant est devenu l’obsession d’une vie.

La suite après cette publicité
Camion-benne au milieu d’un amas de déchets en décharge.

Le disque aurait fini dans la décharge municipale de Newport. Depuis, l’ingénieur tente de remonter le fil. Il écrit, documente, sollicite, propose des plans d’intervention détaillés. Il s’équipe aussi, car l’issue n’est pas qu’administrative. Elle est surtout technique, lourde et risquée pour l’environnement si elle est mal menée.

La vidéo du jour à ne pas manquer

Au cœur de cette histoire, il y a une contradiction que tout le monde comprend. Trouver un disque dur précis dans des tonnes de déchets semble insensé. Mais laisser dormir 8 000 bitcoins qui pourraient être intacts fait naître un vertige. C’est l’espace où s’engouffre la ténacité d’un homme convaincu que « perdu » ne veut pas dire « irrécupérable ».

La suite après cette publicité
Gros plan d’une pièce bitcoin tenue entre deux doigts.
Pièce Bitcoin en gros plan — illustration de la cryptomonnaie.” Crédit : Satheesh Sankaran / Flickr, via Wikimedia Commons (CC BY 2.0).

Une décennie de portes closes

La suite après cette publicité

Pendant plus de dix ans, James Howells a demandé la permission d’excaver la décharge. Les refus se sont accumulés, au motif de la sécurité, des coûts et des risques de pollution. En janvier 2025, la Haute Cour estime sa plainte « sans perspective réaliste de succès ». Il interjette appel, seule et avec l’aide d’une IA pour structurer sa défense. La Cour d’appel de Londres rejette à son tour. Même conclusion, même sentence administrative.

Face à cette série d’échecs, il envisage désormais la Cour européenne des droits de l’homme. D’ici là, un autre paramètre pèse sur la balance : la municipalité prévoit la fermeture et la mise en vente du site à l’horizon 2026. L’intéressé étudie donc le rachat du terrain, persuadé qu’une solution juridique peut naître d’une solution foncière.

Ce couloir judiciaire n’a rien d’un coup d’éclat. Il use, il coûte, il décourage. Pourtant, il n’a pas brisé la ligne de conduite de James Howells. L’homme répète sa disponibilité et la discipline qui l’accompagne. Son agenda tient en une formule : « 9 h-17 h, tous les jours ». La routine comme armure contre la lassitude.

À lire aussi

La suite après cette publicité
Excavatrice chargeant un camion-benne sur site de décharge.
“Pelle mécanique et camion-benne lors d’une opération d’excavation — contexte de décharge.” Crédit : IlyaYurukin / Pixabay.

Un plan d’extraction pensé comme une opération chirurgicale

À la critique « c’est impossible », James Howells oppose un protocole. Son projet décrit des robots et des drones pour la cartographie, des bandes de tri assistées par IA pour identifier les matériaux, des capteurs pour repérer les éléments sensibles et des mesures de dépollution afin de restituer le site en sécurité. L’idée n’est pas d’ouvrir la terre au hasard, mais de zonaliser l’intervention, de classifier chaque déchet, puis de stabiliser le sol au fur et à mesure.

La suite après cette publicité

La promesse clé, martelée à chaque échange avec les autorités, porte sur les riverains. Pas de poussières incontrôlées, pas d’émanations toxiques, pas d’eau souillée. Les procédures listent des protocoles de sécurité comparables à ceux d’un chantier industriel. L’argument financier suit la même logique : si le plan convainc devant caméra, des partenaires sont prêts à mettre la main à la poche, car la perspective d’un trésor numérique à portée d’engins attire naturellement des sponsors.

Reste l’objection la plus ferme, posée par de nombreux experts : un disque dur enseveli dix ans sous la pluie, le poids des déchets et l’érosion peut ne plus être lisible. Cartes, têtes de lecture, contrôleur, plateaux… Les points de rupture potentiels sont innombrables. Les laboratoires de récupération savent parfois faire des miracles, mais la probabilité de succès reste faible. C’est la zone grise qui nourrit autant le doute que l’espoir.

Camion-benne au milieu d’un amas de déchets en décharge.
“Camion-benne sur site de décharge — logistique d’extraction.” Crédit : prvideotv / Pixabay.
La suite après cette publicité

Quand la caméra change la donne

La bascule médiatique arrive au bon moment. Une société de production américaine, LEBUL, a acquis les droits exclusifs d’une docu-série annoncée comme un thriller à la croisée du documentaire, de la fiction et des images de synthèse. Le pitch est limpide : raconter l’erreur initiale, reposer le contexte des débuts du bitcoin, montrer les revers judiciaires, puis suivre un plan d’excavation outillé étape par étape.

Ce calendrier de tournage ouvre un nouveau couloir. D’abord celui de l’opinion. Les images confèrent une légitimité à la démarche. Elles permettent de mesurer la rigueur du protocole, d’entendre les contre-arguments techniques, puis de voir comment ils sont pris en compte. Ensuite, celui des moyens. Caméras, audiences et relais crypto créent un horizon de financement concret. La production évoque une enveloppe qui frôle le milliard de dollars en jeu. Cela n’achète pas la réussite, mais cela paie des essais, des tests, des laboratoires et des scénarios de repli.

À lire aussi

La suite après cette publicité

Enfin, celui des talents. L’ingénieur affirme avoir reçu près de deux cents propositions, parfois signées de lauréats BAFTA et Emmy. Il cède pour la première fois ses droits d’adaptation, estimant que l’exposition internationale peut faire converger les regards et obliger les acteurs locaux à reconsidérer le dossier. En clair, l’écran peut créer du momentum là où les mémoires administratives n’ont créé que de l’inertie.

Plateaux d’un disque dur externe ouvert en gros plan.
“Disque dur ouvert — symbole des tentatives de récupération.” Crédit : tonywuphotography / Pixabay.

L’équilibre précaire entre rêve et réalité

La suite après cette publicité

La force de ce récit tient à sa double tension. D’un côté, la loi protège des intérêts collectifs bien réels. On ne dépiaute pas une décharge sans garanties. De l’autre, un patrimoine numérique colossal sommeille peut-être à quelques mètres sous terre. Entre ces deux pôles, l’acharnement de James Howells joue un rôle d’aimant. Il attire l’attention, les critiques, les promesses et les caméras.

Les sceptiques insistent : même retrouvé, le disque dur pourrait être irrémédiablement endommagé. Les optimistes répondent par la stratégie graduelle. On cartographie, on sonde, on fouille par zones, on analyse en laboratoire. On ne promet pas de miracle, on promet des données. C’est précisément cet état d’esprit qui nourrit la docu-série à venir : montrer ce qui est faisable, ce qui ne l’est pas, et ce que des ingénieurs peuvent encore tenter sans mettre quiconque en danger.

Au centre, il y a l’homme. Sa vie s’est réorganisée autour d’horaires simples, 9 h-17 h, comme pour rappeler qu’une quête irrationnelle peut se traiter avec des méthodes rationnelles. Pas d’élan mystique, pas de cascade spectaculaire. Seulement le temps long, la rigueur et l’idée qu’un oui administratif finit parfois par arriver quand le regard public s’installe.

La suite après cette publicité
Main tenant une pièce bitcoin dorée.
“Pièce Bitcoin tenue en main — valeur et enjeu.” Crédit : erntcom192 / Pixabay.

Ce que la seconde chance peut vraiment débloquer

La suite après cette publicité

Si la procédure demeure verrouillée, l’audience mondiale promise par la série peut rebattre les cartes. Les images peuvent faire émerger des alliés, cadrer un plan sérieux et attirer des moyens. Elles peuvent aussi révéler les limites techniques et mettre fin à certains fantasmes, ce qui n’est pas le moindre des services rendus à la vérité. Les juges trancheront, mais l’opinion comptera, ne serait-ce que pour justifier ou contester la proportionnalité des refus actuels.

Au fond, la promesse ne réside pas seulement dans la découverte d’un trésor. Elle se niche dans la preuve qu’on peut chercher sans détruire, qu’on peut documenter sans instrumentaliser, et qu’une erreur peut devenir un cas d’école sur la manière dont une société gère les traces qu’elle enfouit. La docu-série ne garantit pas la récupération des 8 000 bitcoins, mais elle garantit que la méthode sera examinée en pleine lumière.

Et puisque l’histoire s’écrit aussi avec des symboles, la dernière pièce du puzzle tient dans un titre et un calendrier. C’est là que se condense la « seconde chance » que tout le monde guette. La production LEBUL a baptisé le programme The Buried Bitcoin: The Real-Life Treasure Hunt of James Howells, avec un tournage lancé à l’été 2025 et une sortie annoncée pour octobre ou novembre 2025.

La suite après cette publicité

Rejoignez nos 875 726 abonnés en recevant notre newsletter gratuite

N'oubliez pas de cliquer sur l'email de validation pour confirmer votre adresse email. Si vous ne l'avez pas recu vérifiez dans vos spams.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *