Jusqu’à 2m de neige prévus en 48h !
En cette fin novembre 2025, un nouvel épisode perturbé vient frapper le massif alpin. Après un premier retour de la neige la semaine passée. Un air plus doux mais très humide remonte sur la France et promet d’importantes précipitations. Notamment en altitude.
Derrière ces paysages de carte postale, un autre enjeu se dessine pourtant pour les prochains jours en montagne.
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Un air océanique doux… mais gorgé d’humidité
Depuis ce lundi, la masse d’air a nettement changé sur la France. L’air froid qui avait permis à la neige de descendre jusqu’en vallée a été progressivement chassé. Par un flux océanique, plus doux mais aussi nettement plus humide. Cet air trouve son origine près des tropiques et se dirige directement vers les Alpes. Ce qui explique la brutalité de la dégradation en ce début de semaine.
Concrètement, les températures se sont radoucies en altitude, faisant remonter la limite pluie/neige par rapport aux jours précédents. Pourtant, ce radoucissement ne signifie pas un retour au temps calme. Au contraire, la quantité de vapeur d’eau transportée par cette masse d’air est particulièrement importante. Ce qui se traduit par des précipitations parfois intenses sur une large partie sud du pays. Et en particulier sur les reliefs.
Ce contraste entre douceur relative et humidité extrême crée une situation typique des gros épisodes neigeux de début de saison en montagne. En vallées, la pluie domine davantage. Mais dès que l’on remonte en altitude. La neige reprend rapidement ses droits, parfois en très grande quantité.
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Des pluies soutenues et des départements en vigilance
En plaine et en moyenne altitude, l’épisode se traduit d’abord par de fortes pluies. Les modèles prévoient des cumuls de précipitations marqués d’ici mercredi matin, notamment dans le sud-ouest et sur les contreforts alpins. Plusieurs départements sont ainsi placés en vigilance orange Pluie-Inondation jusqu’à ce soir. Parmi lesquels l’Ain, la Corrèze, la Dordogne, l’Isère, la Gironde, la Haute-Savoie et la Savoie.
Cette vigilance, qui concerne avant tout le risque de crues et de ruissellements. Rappelle que l’épisode ne se joue pas uniquement en montagne. Les sols parfois déjà saturés, associés à des intensités pluvieuses élevées, peuvent suffire à provoquer des débordements locaux,. Des routes inondées ou des réactions rapides sur les petits cours d’eau.
Mais à mesure que l’on gagne en altitude, ces mêmes précipitations se transforment en chutes de neige parfois spectaculaires. C’est là que la situation prend une tournure très particulière pour les reliefs du nord des Alpes.
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Des cumuls exceptionnels en moyenne et haute montagne
Entre ce lundi et mercredi matin, les modèles annoncent des cumuls de neige remarquables sur le nord du massif alpin. Au-dessus de 2 000 mètres d’altitude. Il est prévu localement plus de 1,50 m de neige fraîche. Notamment près de la frontière italienne. Ce type de quantité. Concentrée sur un laps de temps relativement court, est loin d’être anodin pour la stabilité du manteau neigeux.
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Un cran plus bas, au-dessus de 1 500 à 1 700 mètres, on attend tout de même en général 50 à 70 cm de poudreuse supplémentaire sur la quasi-totalité du nord des Alpes. Et la neige ne s’arrête pas là : dès 1 100 à 1 200 mètres, les prévisionnistes évoquent encore 15 à 30 cm, de quoi recouvrir durablement pistes, routes d’altitude et sentiers.
Ce détail que peu de gens connaissent, c’est que la répartition de ces cumuls n’est pas uniforme. Les versants les plus exposés au flux perturbé, souvent orientés à l’ouest ou au sud-ouest, reçoivent les quantités les plus importantes, quand les secteurs un peu plus abrités sont relativement moins touchés. Mais globalement, l’ensemble du nord du massif se prépare à un net renforcement de son enneigement en ce début de semaine.
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Un sud des Alpes un peu en retrait mais loin d’être épargné
Alors que le nord du massif enchaîne les précipitations, le sud des Alpes se retrouve un peu plus en marge de l’épisode. En allant vers le Mercantour, le temps devrait rester plus sec et les chutes de neige plus modestes. Cela ne signifie pas pour autant un ciel parfaitement dégagé, mais l’ambiance sera moins agitée que plus au nord.
En revanche, certains secteurs conservent un apport notable de neige. C’est le cas des Hautes-Alpes, où les cumuls pourraient dépasser les 50 cm au-dessus de 1 500 à 1 700 mètres. Là encore, l’altitude joue un rôle clé : quelques centaines de mètres suffisent à faire basculer les précipitations de la pluie à la neige.
Cette disparité entre un nord très arrosé et un sud un peu plus en retrait est classique lors de ce type de situation météo. Mais même dans les zones moins exposées, l’épisode contribuera à installer une couche de neige significative en altitude, à un moment de l’année où les domaines skiables commencent à se préparer à la saison.
Des stations de ski ravies, des accès parfois compliqués
Pour les stations de ski du nord du massif, ces importantes chutes de neige représentent une aubaine. Certaines, comme Chamonix ou Les 2 Alpes, prévoient d’ouvrir dès ce week-end. Grâce à ces précipitations, les pistes situées au-dessus de 1 500 mètres devraient très rapidement se couvrir d’un manteau épais, de quoi lancer la saison dans des conditions bien plus hivernales que les années précédentes.
Mais derrière l’enthousiasme des amateurs de glisse, la réalité du terrain restera plus nuancée. En moyenne montagne, la succession de pluie et de neige rend parfois les accès plus délicats, avec des chaussées glissantes, des congères sur les routes secondaires ou des risques de chutes de branches sous le poids de la neige lourde. Les automobilistes devront rester attentifs, notamment dans les zones où la limite pluie/neige oscille autour du niveau des cols et des villages.
Ce contraste est d’autant plus marqué qu’en vallée, certains secteurs continueront de voir surtout la pluie. On pourrait ainsi observer un paysage encore automnal en bas, alors qu’à quelques kilomètres de là, les sommets se retrouvent ensevelis sous plusieurs dizaines de centimètres de neige en seulement quelques heures.
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Un manteau neigeux déjà fragile avant l’épisode
Si les professionnels de la montagne appellent à la prudence, c’est aussi parce que la situation n’arrive pas sur un terrain vierge. Avant cet épisode, plusieurs chutes de neige avaient déjà concerné le nord du massif, jusqu’à relativement basse altitude. Le manteau neigeux s’était constitué par couches successives, avec parfois des phases de redoux, puis de regel.
Ce début de semaine s’accompagne justement d’un léger redoux, suffisant pour humidifier certaines couches de neige, surtout dans les altitudes intermédiaires. Résultat : la structure du manteau est déjà jugée instable dans plusieurs secteurs, avant même l’arrivée des plus gros cumuls.
L’ajout rapide de 50 cm à 1,50 m de neige fraîche sur ce socle fragilisé crée les conditions idéales pour voir le risque d’avalanche s’envoler. Les nouvelles couches, encore peu cohésives, peuvent glisser sur les strates anciennes, surtout dans les pentes raides et mal ancrées. Il suffit parfois du passage d’un skieur ou d’un randonneur pour déclencher une coulée.
Le nord des Alpes particulièrement sous surveillance
C’est sur le nord du massif, entre Savoie et Haute-Savoie, que la vigilance est la plus forte pour les prochains jours. Les prévisionnistes de Météo-France mettent en avant des cumuls très importants au-dessus de 2 000 mètres, et des conditions globalement très instables dans de nombreux itinéraires de moyenne montagne.
Dans ces secteurs, les chutes de neige de ces derniers jours ont déjà sollicité la montagne. La nouvelle salve attendue d’ici mercredi va donc agir comme un véritable « poids supplémentaire » sur les pentes les plus chargées. Les itinéraires hors-piste, les couloirs raides et les zones habituellement sensibles aux avalanches devront être abordés avec une extrême prudence, voire évités dans un premier temps.
Même si le sud du massif semble moins exposé, le risque d’avalanche y restera également présent, notamment dans les secteurs où les cumuls dépasseront les 50 cm. Une impression de moindre agitation météo peut facilement donner un faux sentiment de sécurité, alors que la neige accumulée reste elle aussi fragile.
Les bons réflexes à adopter en montagne cette fin novembre
Pour les personnes qui prévoient de monter en Alpes dans les prochains jours, quelques réflexes s’imposent. D’abord, consulter systématiquement les bulletins de Météo-France dédiés à la montagne avant de partir, afin de connaître l’évolution des cumuls de neige et l’évaluation du danger. Ensuite, adapter son itinéraire à son niveau, mais aussi aux conditions : en période de forte instabilité, rester sur les pistes ouvertes ou sur des itinéraires balisés reste la meilleure option.
Il est également recommandé de s’informer sur l’ouverture des routes, les éventuelles obligations d’équipements spéciaux et les conseils des services de secours locaux. En cas de doute, renoncer, reporter une sortie ou se rapprocher de professionnels de la montagne n’a rien d’excessif, surtout en début de saison, lorsque le terrain reste piégeux.
Car la grande révélation de cet épisode, c’est que malgré l’ambiance très hivernale promise sur les sommets, la montagne ne sera pas forcément un terrain de jeu sans danger ces prochains jours.
Au contraire : avec un manteau neigeux déjà instable, un nouvel apport massif de neige et un léger redoux en toile de fond, le risque d’avalanche sera particulièrement marqué sur le nord des Alpes entre la Savoie et la Haute-Savoie, imposant une prudence maximale à tous ceux qui prévoient d’y mettre les spatules en cette fin novembre 2025.