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La Sécurité sociale, c’est fini ? Votre carte Vitale risque de disparaître

Publié par Fanny Jacob le 29 Mai 2025 à 10:01
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La France est très endettée, mais peut-elle se passer de Sécurité sociale comme nous la connaissons actuellement afin d’alléger les coûts ? C’est ce que suggérerait une annonce récente. Voici ce qu’il y a à savoir pour le moment.

assurance sante @cour des comptes @canva
assurance sante @cour des comptes @canva

La France, l’un des pays les plus endettés d’Union européenne

Comme vous le savez certainement, la France est très endettée. Le pays est actuellement le troisième pays le plus endetté de l’Union européenne, après la Grèce et l’Italie. Si le gouvernement français ne redresse pas la barre, le pays pourrait finir par être amené à payer une lourde amende.

D’après ce rapport du gouvernement, « à la fin du deuxième trimestre 2024, la dette publique s’établit à 3 228,4 milliards d’euros d’après la dernière publication de l’INSEE en date du 27 septembre 2024, soit 112 % du PIB ».

Dans ce même rapport, plusieurs points sont abordés afin d’expliquer cette dette colossale que l’ex-premier ministre Michel Barnier avait tenté d’endiguer avant d’être évincé par une motion de censure. Actuellement, c’est donc François Bayrou, le nouveau premier ministre, qui est en charge du budget.

dette france @visactu
dette france @visactu

Il a fait passer au 49.3 son budget 2025 et il réfléchit déjà aux efforts que devront fournir les Français pour le budget 2026. Notamment du côté des collectivités et des mairies, qui ont de moins en moins de fonds pour financer les projets collectifs.

Dans le rapport du gouvernement, il est dit que « Les ressources proviennent principalement des impôts et taxes payés par les citoyens et les entreprises ». Et, « les dépenses correspondent à l’argent utilisé pour financer l’action publique : éducation, justice, police, transports, etc ».

dette nationale @gouv
dette nationale @gouv

La santé, une grosse dépense pour l’État français ?

Parmi les postes de dépenses, il y a la santé. En France, nous avons un très bon système de santé, envié dans le monde, grâce notamment au remboursement de nombreux soins médicaux. C’est beaucoup d’argent qu’il faut évidemment sortir.

D’après le budget de l’État pour 2025, fixé à 844 milliards, plusieurs budgets se détachent comme celui des comptes publics (375 milliards), celui de l’Armée (95 milliards), celui de l’Éducation nationale (86 milliards), de l’Économie (81 milliards), de l’Intérieur (31 milliards), parmi les plus importants.

Et nous avons donc les budgets des ministères des Solidarités, autonomie et égalité entre les femmes et les hommes (30 milliards) et la Santé (1,5 milliard). En soi, la santé en tant que telle ne coûte pas énormément en comparaison avec les 5 ministères cités précédemment.

securite sociale @dr
securite sociale @dr

Qu’est-ce qui constitue le budget des Solidarités et de la Santé ?

Cependant, d’après certains politiciens, ce serait là qu’il faudrait faire des économies. Du côté du ministère des Solidarités (30 milliards), les dépenses peuvent notamment concerner le handicap, l’inclusion et la dépendance. Dans la Santé (1,5 milliard), il y a la Sécurité sociale notamment.

Concrètement, environ 81,6 % de ce budget de 1,5 milliard est alloué à la protection maladie, 14,7 % à la « prévention, sécurité sanitaire et offre de soins » et 3,6 % au « reversement à la Sécurité sociale des recettes de la Facilité pour la Relance et la Résilience (FRR) européenne ».

assurance maladie @canva
assurance maladie @canva

La majorité du budget est alloué ici à l’aide médicale de l’État, soit 1,2 milliard. Selon le Service Public, l’aide médicale de l’État (AME) « est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins ».

Mais, malgré le remboursement de soins, les Français continuent de payer. D’après 60 millions de consommateurs, « en 2023, les ménages français ont payé directement de leurs poches plus de 18,6 milliards d’euros de soins et de biens médicaux, d’après la Drees ».

dette nationale @Deligne
dette nationale @Deligne

S’attaquer aux fraudes pour renflouer les caisses ?

Mais, alors qu’un nouveau variant du Covid arrive et que certaines maladies reviennent en force, serait-il désormais question de supprimer la Sécurité sociale pour faire des économies ? Des économies qui s’avèreraient moindre étant donné le maigre budget alloué.

Pour faire des économies, le gouvernement a eu plusieurs idées, comme renforcer les contrôles fiscaux. Mais, récemment, la Cour des comptes a pointé du doigt également les fraudes liées à la retraite.

« Le montant des fraudes pour les retraites versées en Algérie pointé par la Cour des comptes : entre 40 et 80 millions sont en jeu », titrait alors Capital récemment. Mais, ce n’est pas la seule critique de la Cour des comptes.

assurance maladie @Charles LIMA
assurance maladie @Charles LIMA

« Le système social français est quasiment dans le coma »

Récemment, la Cour des comptes a rendu son rapport sur la Sécurité sociale de 2025. L’organisme a dressé un tableau de ses recommandations. Après la publication de ces recommandations, Pierre Moscovici, ancien commissaire européen à l’Économie et à la Productivité, a été interrogé.

Il a décidé de parler du sujet chez Atlantico. Pour lui, « le système social français est quasiment dans le coma, étouffé par l’excès de déficit« . Et, pour le remettre sur les rails, il y aurait trois solutions possibles.

cour des comptes @dr
cour des comptes @dr

« En clair, tout le monde s’imaginait bien qu’après l’année passée, le déficit allait déraper. Et, en 2023, le déficit du système social était déjà de 11 milliards d’euros, le trou de la sécu sera de 22 milliards à la fin de 2024. En deux ans, on aura donc multiplié par deux le déficit de la Sécurité sociale », peut-on lire.

« La Sécurité sociale va dès l’année prochaine, en 2026/2027, connaître un problème de liquidité. Si rien ne change dans la gestion et le fonctionnement, la Sécurité sociale va se retrouver en défaut de paiement, sans solutions pour en sortir », ajoute le site.

securite sociale @canva
securite sociale @canva

Trois solutions possibles ?

« Le problème du système social est beaucoup plus grave, et la Cour des comptes laisse entendre que tout le monde s’en moque », explique aussi le site. Et donc, selon l’expert, il y aurait trois solutions pour rétablir le système budgétaire.

Alors que la carte vitale s’apprête à devenir dématérialisée, tout comme les notices des médicaments, que pourrait-on changer dans le système de santé pour qu’il soit viable ? Première solution : « l’étatisation du système ».

« Elle reviendrait à remettre à l’État la gestion et le financement du système », explique le site. Cependant, cela reviendrait à faire payer les contribuables, par exemple sous la forme d’un impôt. « C’est la solution la plus lâche et la moins efficace qui soit, qui ne fera qu’ajouter du déficit au déficit public », lit-on.

fin assurance maladie @FRANCOIS DESTOC @canva
fin assurance maladie @FRANCOIS DESTOC @canva

Seconde solution : accepter le défaut de paiement. « Faute de liquidité, les caisses d’assurance chômage diminueraient les allocations chômage ou la durée d’indemnisation, les caisses de retraite raboteraient les pensions, idem dans le système de santé », explique le média.

Et, pour finir, la troisième solution : « privatiser certains composants du modèle social ». Autrement dit, passer d’un système où tout le monde est remboursé pareil à un système basé sur les assurances. Là aussi, cela implique le paiement d’une assurance pour avoir des remboursements.

carte vitale @philtr
carte vitale @philtr

Des réformes à venir et de grands changements pour la Sécu ?

Menacée par une « crise de liquidité », selon la Cour des comptes, la Sécurité sociale va-t-elle être réformée dans les années à venir et donc changer de celle que vous connaissez aujourd’hui ? C’est possible.

« Le besoin de financement de l’Acoss, l’agence de trésorerie de la Sécurité sociale, qui était d’environ 20 milliards en 2024, va être plus que quadruplé d’ici 2027 à 89 milliards, selon les calculs de la Cour des comptes », explique Charente Libre.

Avec de tels chiffres, difficile d’imaginer un système de santé restant le même d’ici 2027. Tandis que certains parlent de la création d’une carte vitale alimentaire, d’autres assurent que la Sécurité sociale risque d’évoluer vers un système moins basé sur l’équité mais sur l’individualité.

Expliquez-nous...le trou de la Sécu
Expliquez-nous...le trou de la Sécu

« La Cour des comptes alerte sur le fait que le financement des déficits nouveaux n’est plus assuré depuis 2024 par la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades) », explique de son côté Vie Publique.

« La dette sociale est désormais supportée par l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), qui gère la trésorerie des branches. La taille du marché des capitaux à court terme sur lequel l’Acoss se finance pourrait ne pas pouvoir absorber un volume d’emprunt aussi important« , ajoute le site.

Sécurité sociale : la Cour des comptes alerte sur un risque de
Sécurité sociale : la Cour des comptes alerte sur un risque de

Pallier l’allégement des cotisations patronales ?

Une situation qui pourrait donc « conduire à une crise de liquidité », lit-on. « La dette sociale pourrait, en l’absence de réformes, atteindre 115 Milliards en 2028« , explique le média gouvernemental.

Comme l’explique le site, en 2024, le taux de cotisations patronales a été allégé dans le cadre du financement social. Pour compenser cette perte, qui pèse sur le budget de la Sécurité sociale, la Cour des comptes a fait des recommandations :

cour des comptes @Danièle Schneider
cour des comptes @Danièle Schneider

Premièrement, « calibrer dans le cadre de la réduction générale dégressive mise en place en 2026, son plafond d’éligibilité, son assiette de calcul et son profil ».

Et deuxièmement, « faire assumer directement et intégralement par l’État la compensation des allégements de cotisations patronales à l’Unédic et à l’Agirc-Arrco ». Autant de solutions proposées qui devraient donc être débattues dans la sphère publique sur les jours à venir.