Patrimoine immobilier de Xavier Niel : ce que l’on sait de son empire très discret à Paris et ailleurs
Xavier Niel est connu pour avoir bousculé les télécoms, beaucoup moins pour sa passion discrète de la pierre. Depuis plusieurs années, le patron de Free multiplie les acquisitions de biens d’exception. Entre hôtels particuliers, châteaux et immeubles de bureaux. Principalement à Paris et en Île-de-France.
Derrière cette stratégie très ciblée se dessine un véritable patrimoine immobilier de haut vol. Où se mêlent adresses historiques, bâtiments emblématiques et opérations plus opportunistes. Mais quelles sont réellement les pierres qui composent cet empire. Et comment le milliardaire organise-t-il ce portefeuille devenu impressionnant au fil des années ?
Crédit : Olivier Ezratty / Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 3.0.
Un milliardaire qui a fait de la pierre son autre terrain de jeu
Classé parmi les plus grandes fortunes françaises. Xavier Niel ne se contente plus depuis longtemps de ses participations dans les télécoms. Et les médias. L’homme d’affaires a aussi fait de l’immobilier de prestige un terrain d’investissement privilégié. Avec une nette préférence pour Paris et sa région.
Au fil des années, il est ainsi devenu l’un des acheteurs les plus actifs du très haut de gamme. En ciblant des bâtiments à la fois rares. Chargés d’histoire et souvent situés dans des quartiers parmi les plus recherchés. La capitale est au cœur de cette stratégie. Mais l’Île-de-France et quelques lieux triés sur le volet en province ne sont pas oubliés.
Ce choix n’a rien de décoratif. Chaque opération s’inscrit dans une logique patrimoniale assumée. Localisation premium, potentiel de valorisation à long terme, et parfois possibilité d’ouvrir partiellement les lieux au public. Mais saviez-vous que certaines de ces acquisitions s’accompagnent même d’engagements sur plusieurs décennies, loin d’une simple logique de spéculation rapide ?
Des hôtels particuliers historiques au cœur de Paris
C’est à Paris que l’appétit de Xavier Niel pour les demeures historiques s’exprime le plus clairement. En début d’année 2022, il s’offre ainsi l’un des hôtels particuliers les plus mythiques de la capitale : l’Hôtel Lambert, joyau du XVIIᵉ siècle posé sur l’île Saint-Louis. Montant de l’opération : plus de 200 millions d’euros, pour une bâtisse classée, connue dans le monde entier pour son architecture et ses décors intérieurs.
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Un bâtiment banal mais stratégique
Quelques semaines plus tôt, le milliardaire avait déjà sorti le carnet de chèques pour un immeuble de bureaux situé au 25, boulevard Malesherbes, dans le 8ᵉ arrondissement. L’immeuble, d’environ 2 100 m², se compose principalement de bureaux avec une boutique en rez-de-chaussée. Prix estimé de la transaction : environ 45 millions d’euros, soit plus de 20 000 €/m², un niveau réservé au très haut de gamme parisien.
Ce bâtiment « a priori banal » devient, en réalité, une pièce stratégique de son puzzle immobilier. Il jouxte en effet le siège de ses activités, situé rue de la Ville-l’Évêque, ce qui ouvre la voie à un éventuel passage entre les deux ensembles. Dans ce même secteur se trouvent les locaux de Free et d’Iliad, occupés par différents acteurs, ce qui permet au patron du groupe d’optimiser progressivement son contrôle sur tout un îlot.
Six ans plus tôt, une autre adresse prestigieuse entrait déjà dans son portefeuille parisien : l’hôtel particulier de Coulanges, gigantesque bâtiment de 2 300 m² construit en 1607, sur la place des Vosges. Pour l’acquérir, l’entrepreneur avait déboursé 31,5 millions d’euros.
Selon « Challenges », il se serait engagé à conserver ce bâtiment dans son patrimoine familial pendant au moins quinze ans et à y créer un « Espace Béatrice Cottin », pensé comme un musée ou une galerie ouverte au public. Un détail que peu de gens connaissent, mais qui illustre la dimension presque patrimoniale, au sens culturel, de certains de ses achats.
Crédit : Paris Musées / Musée Carnavalet / Wikimedia Commons, licence CC0.
Châteaux et demeures classées autour de la capitale
L’appétit de l’homme d’affaires ne se limite pas aux pierres haussmanniennes. En Essonne, Xavier Niel s’est offert un véritable bijou architectural : le château de Villiers-le-Bâcle, acquis en 2021 pour environ 9 millions d’euros. Cette demeure est présentée par la presse spécialisée comme un témoignage intact de l’architecture du XVIIIᵉ siècle, niché au cœur d’un parc de 40 hectares.
Classé monument historique depuis 1946, ce château a aussi une histoire récente assez médiatique. Il appartenait auparavant à l’animateur Yves Lecoq, qui en demandait initialement 18 millions d’euros avant de revoir ses prétentions à la baisse. Plusieurs films y ont été tournés, comme « Ridicule » ou « Les Âmes grises », ce qui renforce encore son aura particulière.
En s’emparant de ce domaine, le milliardaire ne se contente pas d’acheter une grande maison de campagne. Il met la main sur un morceau de patrimoine national, au même titre que ses hôtels particuliers parisiens. L’ensemble contribue à cette image de collectionneur de lieux rares, qui préfère les bâtiments de caractère aux simples investissements locatifs.
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Crédit : Teolemon / Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 4.0.
Un portefeuille d’immobilier professionnel ultra-stratégique
Le patrimoine immobilier de l’entrepreneur ne se résume pas aux résidences historiques. Il comprend aussi des actifs professionnels au cœur de l’économie parisienne. Dans le 13ᵉ arrondissement, il est propriétaire de la Halle Freyssinet, qui abrite Station F, présenté comme le plus grand campus de startups au monde. Il en a fait l’acquisition en 2013, bien avant l’inauguration de ce gigantesque hub technologique, devenu depuis un symbole de la French Tech.
Plus récemment, l’homme d’affaires a mis la main sur les murs du BHV L’Homme, aux Galeries Lafayette. Ce magasin de plus de 8 500 m² est situé en plein Marais, juste derrière le BHV principal. Avec cette opération, Xavier Niel ne se contente pas du prestige de l’adresse : il s’empare d’un actif commercial majeur, en plein centre de Paris, au contact d’un flux constant de consommateurs.
Via sa participation au groupe Unibail-Rodamco-Westfield, il détient par ailleurs une partie de plusieurs lieux iconiques du commerce parisien : le Carrousel du Louvre, le Forum des Halles ou encore la future tour Triangle. Ces participations ne sont pas toujours visibles aux yeux du grand public, mais elles complètent un portefeuille déjà bien rempli en offrant une exposition à certains des centres commerciaux les plus fréquentés de la capitale. Là encore, l’objectif est double : rendement économique et puissance symbolique.
Crédit : Oliver H / Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 3.0.
Le Cap-Ferret, son refuge sur la côte… et son dernier coup de cœur
Si Paris reste son terrain de jeu favori, Xavier Niel ne limite pas ses emplettes à l’Île-de-France. En 2021, il s’offre une maison au Cap-Ferret, sur la côte atlantique. Selon le journal « Sud-Ouest », la transaction se serait élevée à environ 17 millions d’euros, ce qui replace ce bien dans la catégorie des résidences ultra-premium, dans l’une des stations les plus en vue de la côte girondine.
Plus récemment, le milliardaire a également mis la main, avec Delphine Arnault, sur un hôtel abandonné situé sur la commune de Lège-Cap-Ferret. Montant estimé : 3 millions d’euros. Là encore, il ne s’agit pas d’un simple pied-à-terre mais d’un actif à fort potentiel de transformation, dans une zone où la pression immobilière est déjà extrêmement forte. Entre maison de luxe et projet hôtelier, le duo s’offre ainsi une nouvelle carte dans un marché balnéaire très recherché.
Xavier Niel du Barry
Et ce n’est pas tout. L’un des volets les plus spectaculaires de ce patrimoine immobilier se joue à quelques kilomètres de Paris, dans les Yvelines. L’homme d’affaires vient en effet de s’offrir le Pavillon de musique de la comtesse du Barry, à Louveciennes, pour 38,7 millions d’euros. Ce joyau néoclassique, construit sous l’Ancien Régime pour la favorite de Louis XV, se distingue par ses salons aux décors d’époque, ses grandes baies, ses volumes généreux et un parc offrant une vue dégagée sur la capitale.
Avec ce pavillon, qui s’ajoute à ses hôtels particuliers parisiens, à son château de Villiers-le-Bâcle, à la Halle Freyssinet de Station F, au BHV et à ses biens du Cap-Ferret, le patron de Free confirme ainsi qu’il est devenu l’un des plus gros acheteurs du très haut de gamme français. Sans que l’on puisse chiffrer précisément son empire de pierre, l’ensemble de ces acquisitions dessine un portefeuille rare, mêlant prestige historique, stratégie économique et passion assumée pour les adresses d’exception.