La prison bientôt payante ? Les détenus sommés de participer à leurs frais à hauteur de 32 € par jour
Plus que jamais centrale, la question de la participation financière des détenus à leurs frais d’incarcération divise.
Coût journalier d’un détenu : 128 euros par jour
La proposition divise. Pourtant, elle est revenue à quatre reprises dans le débat parlementaire, rien que sur l’année 2025. Un acharnement qu’assument une partie des élus UDR dont certains ont à cœur de « faire payer les frais d’emprisonnement aux détenus ». Sans surprise, ils sont soutenus par Gérald Darmanin qui mène une lutte acharnée contre la délinquance et ses auteurs.
En cas d’adoption, les détenus devront participer à leurs frais de détention via un tarif journalier maximal.
Dans ses colonnes, Le Figaro rappelle que le ministère de la Justice évalue à environ 128 euros par jour le coût d’une personne incarcérée. Soit 47 000 euros par an. Une enveloppe que les Finances publiques évaluent à 4 milliards d’euros annuels.
À lire aussi
« À l’heure où la France est confrontée à une exigence de rigueur budgétaire nécessitant des efforts exceptionnels de la part de nos concitoyens, et que notre société paye déjà le prix de l’insécurité, la question de la participation financière des détenus à leurs frais d’incarcération interroge la représentation nationale », soutient le député (droite républicaine) Eric Pauget.
Une surpopulation carcérale qui génère plus de frais
Comme les frais de détention, la surpopulation carcérale est au cœur des débats. La France compte actuellement 62 668 places en prison pour 85 373 personnes incarcérées. Une situation qui nécessite la construction de nouvelles structures, ce qui génère évidemment des coûts pour l’exécutif… qui s’en décharge ensuite sur la population.
À noter que de 1975 à 2003 les détenus participaient à leurs frais d’entretien à hauteur de 30 % de la rémunération issue de leur travail en prison – soit environ 45 euros par mois. Les détenus qui ne travaillaient pas ne payaient rien. Pour ne pas générer une « contre-indication au travail », la mesure a été supprimée, indique encore Le Figaro.
Seulement, certains parlementaires tentent de la rétablir depuis près de dix ans au travers de propositions de lois présentées en 2015, 2018, 2021 et 2025.
À lire aussi
Participation financière des détenus : "En France seuls 25% des détenus travaillent pour 75% en Allemagne, parce qu’on ne met pas les efforts sur ce qui pourrait réinsérer. Donc faire payer pour être enfermés sans accès au travail…" Dominique Simmonot @CGLPL #BonjourChezVous pic.twitter.com/VGlhLGvgw4
— Public Sénat (@publicsenat) June 5, 2025
« On ne va pas aller faire les poches des détenus »
« Comme celui qui casse doit réparer, celui qui dort en prison doit participer à leur entretien, à leur construction et au renforcement de la sécurité des agents pénitentiaires », insiste Eric Pauget. Le texte proposé au vote du Parlement fait état d’un plafond situé à 25 % maximum.
Ce qui signifie que la somme maximale demandée serait de 32 euros par jour.
Évidemment, les avis ne convergent pas tous en ce sens. « S’il s’agit d’être sur le podium des idées à la noix, là, je crois qu’on est pas mal, s’indignait notamment l’ex-sénateur socialiste Jérôme Durain. On ne va pas aller faire les poches des détenus pour financer leur incarcération. C’est le travail de la Nation. » Un avis qui fait visiblement l’unanimité, puisque le texte n’a pas réussi à convaincre toutes ces années.