đ Plus de 3 millions de Français prennent ce mĂ©dicament⊠mais il ferait vieillir plus vite đ§â ïž
CensĂ©s favoriser le sommeil, ces mĂ©dicaments trĂšs courants pourraient en rĂ©alitĂ© accĂ©lĂ©rer la perte dâautonomie chez les plus de 65 ans. Une nouvelle Ă©tude rĂ©vĂšle que leur usage prolongĂ© pourrait vieillir prĂ©maturĂ©ment le corps et affecter fortement la mobilitĂ©. Et avec plus de 3 millions de Français concernĂ©s, lâalerte est sĂ©rieuse.
đ€ Un lien entre somnifĂšres, insomnie⊠et dĂ©clin physique
LâĂ©tude a Ă©tĂ© menĂ©e sur plus de 6 700 seniors, tous ĂągĂ©s de 65 ans ou plus. Elle ne se contentait pas de mesurer la qualitĂ© du sommeil, mais observait aussi les rĂ©percussions sur les gestes simples du quotidien : sâhabiller, aller aux toilettes, sortir du lit, se dĂ©placer dans la maisonâŠ
Le constat est saisissant : plus les personnes prennent des somnifÚres pour soulager leur insomnie, plus leur autonomie diminue avec les années. Ceux qui utilisent ces médicaments de maniÚre réguliÚre montrent une dégradation fonctionnelle plus rapide que ceux qui dorment mal⊠mais sans médicaments.
Ce lien nâest pas anodin. Il rĂ©vĂšle que les somnifĂšres ne sont pas une solution neutre : ils pourraient, Ă long terme, compromettre ce que beaucoup cherchent Ă prĂ©server Ă tout prix en vieillissant : lâindĂ©pendance.
đ Un score dâincapacitĂ© qui grimpe avec chaque pilule
Pour mesurer cette perte dâautonomie, les chercheurs ont Ă©tabli un score dâincapacitĂ©. Il sâagit dâun indicateur basĂ© sur les rĂ©ponses des participants Ă des questions prĂ©cises : peuvent-ils se nourrir seuls ? Prendre une douche ? Marcher sans aide ? Se dĂ©placer dehors ?
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Les rĂ©sultats montrent que ce score grimpe significativement avec la frĂ©quence de prise de somnifĂšres. Pire encore : la prise de mĂ©dicaments aggrave plus la situation que les troubles du sommeil eux-mĂȘmes.
Cela sâexplique par lâeffet direct des somnifĂšres sur le systĂšme nerveux. Ils ralentissent les rĂ©flexes, diminuent la vigilance, augmentent les risques de chute, altĂšrent lâĂ©quilibre et nuisent Ă la coordination. Ă long terme, cela affaiblit les muscles, rĂ©duit lâagilitĂ©, et donc la capacitĂ© Ă se dĂ©placer ou effectuer des gestes quotidiens.

đ BenzodiazĂ©pines : un cocktail discret qui inquiĂšte les experts
En France, les somnifÚres les plus prescrits chez les seniors sont bien connus : Zolpidem (Stilnox), Zopiclone (Imovane), Estazolam, Lormétazépam, Nitrazépam, etc. Tous appartiennent à la famille des benzodiazépines ou apparentés, des molécules puissantes qui agissent sur le cerveau en induisant le sommeil⊠mais avec de nombreux effets secondaires.
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La Haute AutoritĂ© de SantĂ© recommande pourtant de limiter la prise Ă trois semaines maximum. Pourtant, prĂšs dâun tiers des plus de 65 ans en prennent de maniĂšre rĂ©guliĂšre, souvent sans encadrement mĂ©dical suffisant.
Le problĂšme, câest que les mĂ©decins se trouvent parfois pris au piĂšge entre la souffrance rĂ©elle de leurs patients â qui ne dorment pas â et lâabsence dâalternatives efficaces perçues comme immĂ©diates. RĂ©sultat : une prescription prolongĂ©e qui peut entraĂźner dĂ©pendance, dĂ©sorientation, et chute des capacitĂ©s cognitives et motrices.
đ Insomnie : soigner autrement, câest urgent
La solution ? Elle ne passe pas uniquement par lâarrĂȘt des somnifĂšres. Pour les auteurs de lâĂ©tude, il faut traiter lâinsomnie diffĂ©remment, et surtout sensibiliser les patients comme les professionnels de santĂ©.
Parmi les alternatives recommandées :
- La thérapie cognitivo-comportementale (TCC), efficace pour rééduquer le sommeil naturellement
- Des rituels de sommeil plus stricts (heure fixe, lumiĂšre tamisĂ©e, pas dâĂ©cran)
- Le sport doux en journée (yoga, marche, natation), qui améliore la qualité du sommeil
- Des plantes ou solutions naturelles (valĂ©riane, passifloreâŠ) en accompagnement
- Et surtout, une vigilance médicale renforcée pour éviter les traitements à rallonge
Le message est clair : lâinsomnie ne doit pas ĂȘtre banalisĂ©e, ni traitĂ©e mĂ©caniquement avec des mĂ©dicaments puissants. Car vouloir dormir coĂ»te que coĂ»te pourrait, ironiquement, priver nos aĂźnĂ©s de leur indĂ©pendance et de leur vitalitĂ©.
