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Ils ont découvert un lien surprenant entre cheveux gris et mélanome… et tout se jouerait dans les cellules souches

Publié par Killian Ravon le 14 Déc 2025 à 0:21

À l’automne 2025, une équipe japonaise remet en perspective deux phénomènes qu’on croit souvent séparés : le vieillissement d’un côté, le cancer de l’autre.

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Gros plan d’une chevelure poivre et sel en consultation dermatologique, lumière douce, arrière-plan flou.
Quand les cheveux grisonnent, ils peuvent aussi trahir un arbitrage biologique discret face au stress cellulaire.

Leur piste ? Ce que des cellules souches décident de faire lorsqu’elles sont confrontées à un stress cellulaire.

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Souris de laboratoire tenue avec des gants bleus, photo en intérieur illustrant la recherche biomédicale.
Ce que l’on observe chez l’animal aide à comprendre des arbitrages invisibles… mais très concrets chez l’humain.
Crédit : Rama / Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0 FR).
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Un cheveu qui blanchit, une décision qui se joue au niveau des cellules

On a tendance à voir l’apparition des cheveux gris comme une simple histoire de temps qui passe. Un signal extérieur, parfois un peu de génétique, et voilà que la couleur se dilue. En réalité, ce changement visible pourrait être la conséquence d’un arbitrage beaucoup plus profond, au cœur du follicule.

Dans ces travaux, tout part d’une population bien précise : des cellules souches responsables du pigment. Elles alimentent le renouvellement des cellules pigmentaires, celles qui donnent sa teinte au cheveu. Tant que ce réservoir tient, la couleur suit. Quand il se tarit, le blanc s’installe.

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Mais ce tarissement n’est pas présenté comme une panne pure et simple. Les chercheurs décrivent plutôt une réponse organisée à un danger biologique. Comme si le follicule, face à un problème, préférait « perdre la couleur » plutôt que de laisser s’installer quelque chose de plus grave.

Ce détail que peu de gens connaissent, c’est que la biologie adore les compromis. Et parfois, ce compromis se voit… dans le miroir.

Gros plan sur une chevelure blond cendré qui grisonne, mèches blanches visibles au niveau des racines.
Quand la couleur se retire, c’est parfois qu’un mécanisme discret s’est déjà mis en marche.
Crédit : Kritzolina / Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0).
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Quand le stress force les cellules à choisir leur destin

Le point central de l’étude repose sur une idée simple : une même cellule peut être poussée vers deux « destins » opposés, selon la nature du stress qu’elle subit et les signaux envoyés par son environnement immédiat.

Les auteurs parlent de « fates antagonistes », autrement dit de trajectoires antagonistes. D’un côté, la cellule peut se sacrifier pour protéger le tissu, en s’engageant dans une voie qui limite les risques. De l’autre, elle peut persister malgré les dommages, ce qui l’expose à accumuler des erreurs.

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Ce n’est pas qu’une question de fragilité individuelle. Dans leur cadre, le type de stress compte énormément, notamment lorsqu’il touche les dommages à l’ADN. Et l’environnement local compte tout autant : les signaux que reçoit la cellule peuvent encourager l’arrêt, la transformation, ou au contraire la survie.

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C’est là que la proposition devient intéressante : le blanchiment des cheveux serait compatible avec un mécanisme de « nettoyage » interne. Les chercheurs évoquent une logique proche d’une sénolyse naturelle, une élimination contrôlée de cellules jugées à risque.

Dit autrement, le cheveu blanc ne serait pas forcément un simple symptôme de déclin. Il pourrait être la trace laissée par une décision de sécurité.

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Micrographie d’un follicule pileux en coupe longitudinale, structures du cuir chevelu visibles en laboratoire.
Tout commence dans le follicule : là où des cellules souches décident, parfois, d’arrêter avant la dérive.
Crédit : Wikimedia Commons

Vieillir ou proliférer : un lien plus intime qu’on ne le croit

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On oppose souvent le vieillissement à la cancérisation : l’un serait un ralentissement progressif, l’autre une accélération anarchique. Pourtant, ces travaux invitent à regarder ces deux dynamiques comme intimement reliées.

Le vieillissement, dans cette lecture, correspond en partie à une accumulation de réponses protectrices : on perd certaines fonctions, on réduit certaines capacités, parfois parce que l’organisme choisit de ne pas prendre de risque. À l’inverse, la logique tumorale apparaît quand des cellules endommagées contournent ces freins, persistent, et finissent par proliférer.

La tension est permanente, et elle se joue au niveau des cellules souches. Ce sont elles qui permettent aux tissus de se régénérer. Mais ce sont aussi elles qui, si elles restent actives tout en étant abîmées, peuvent devenir un point de départ problématique.

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Dans ce contexte, la sénescence et la différenciation forcée deviennent des outils de contrôle. Des façons pour le corps de dire : « stop, on ne repart pas comme si de rien n’était ». Oui, c’est coûteux. Oui, cela peut laisser une trace visible, comme des cheveux blancs. Mais c’est aussi une manière de préserver l’intégrité d’un tissu sur le long terme.

Et c’est précisément cette logique de compromis que l’étude met en avant, en reliant directement grisonnement et risque tumoral.

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Dermatologue examinant la peau d’une patiente en consultation, scène médicale en intérieur, geste de soin.
Derrière une lésion banale, il y a parfois une histoire cellulaire bien plus complexe qu’on ne l’imagine.
Crédit : U.S. Navy / Wikimedia Commons
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Pourquoi certains mélanomes surgissent sans grand « coupable » visible

Une autre conséquence de cette approche, c’est qu’elle offre un cadre pour comprendre un phénomène déroutant : des personnes développent un mélanome sans exposition majeure aux UV ou sans facteurs de risque évidents.

Dans l’étude, l’hypothèse mise en avant repose sur la qualité de la signalisation locale. Si les signaux qui poussent une cellule endommagée à se différencier ou à s’éteindre sont affaiblis, contournés ou mal interprétés, la cellule peut persister.

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Et si elle persiste avec des altérations, elle garde la possibilité d’entrer dans une trajectoire dangereuse. L’idée n’est pas de dire qu’un facteur extérieur disparaît. Mais plutôt de rappeler qu’entre le dommage initial et l’apparition d’un cancer, il existe une zone grise : celle des décisions cellulaires.

Cela ne transforme pas chaque grisonnement en test médical, ni chaque cheveu foncé en alerte. En revanche, cela souligne que la prévention du cancer cutané ne dépend pas seulement des expositions, mais aussi de la robustesse des mécanismes internes qui gèrent les cellules à risque.

Et c’est là que ces travaux prennent une résonance particulière : ils mettent le projecteur sur des mécanismes discrets, invisibles, mais déterminants.

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Montage médical montrant un mélanome en dermoscopie et histologie, détails d’imagerie et coupes tissulaires.
Le même tissu peut basculer vers deux issues opposées, selon les signaux reçus au mauvais moment.
Crédit : Wikimedia Commons

Ce que ces travaux changent pour la prévention, demain

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Les auteurs concluent sur une perspective thérapeutique : si l’on comprend mieux les circuits qui orientent ces choix, on peut imaginer des stratégies pour renforcer la voie protectrice.

Dans leur formulation, renforcer la « seno-différenciation » pourrait devenir un levier, notamment pour prévenir certains cancers cutanés. Le principe serait d’encourager l’organisme à diriger plus efficacement les cellules endommagées vers une sortie contrôlée, plutôt que de les laisser survivre et dériver.

C’est une piste, pas une promesse immédiate. Mais elle a le mérite de réconcilier deux mondes : celui de la biologie du vieillissement et celui de la biologie des tumeurs. Et de montrer qu’ils parlent, en réalité, d’un même problème : que fait-on des cellules abîmées ?

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Et voici la révélation qui change la lecture du phénomène : selon ces travaux publiés en octobre 2025, l’apparition de cheveux gris pourrait être le signe visible d’un mécanisme de protection.

Face à des dommages à l’ADN, des cellules souches pigmentaires s’auto-éliminent pour éviter des mutations dangereuses, ce qui blanchit le cheveu… mais réduit le risque que ces cellules deviennent tumorales. L’étude relie ainsi directement grisonnement et prévention potentielle du mélanome, deux issues opposées d’un même choix biologique.

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