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Taxe burger : une double note salée se prépare pour les fast-foods en France

Publié par Killian Ravon le 21 Nov 2025 à 8:03

En France, la multiplication des enseignes de fast-food inquiète de plus en plus les responsables politiques. Notamment quand ces restaurants s’installent à quelques pas des écoles.

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Homme en surpoids souriant devant un gros hamburger, des frites et un soda dans un fast-food lumineux, avec des amis mangeant en arrière-plan
Scène de fast-food

En cette fin d’année 2025. Un amendement déposé dans le cadre du projet de loi de finances 2026 propose une mesure inédite. Déjà surnommée « taxe burger ». L’idée : freiner l’expansion des grandes chaînes tout en envoyant un signal fort en matière de santé publique. Sans encore toucher le portefeuille des clients.

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Derrière ce texte, des députés écologistes et socialistes ciblent directement les mastodontes de la restauration rapide. De McDonald’s à Burger King, mais aussi O’Tacos ou Quick.

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Le dispositif, qui repose sur une double taxe à l’installation. Puis à l’exploitation, met particulièrement l’accent sur la proximité des écoles, au moment même où les chiffres de l’obésité infantile préoccupent les autorités sanitaires.

Plateau de burgers et frites servi dans un restaurant de fast-food, avec plusieurs sandwiches alignés sur un comptoir en bois
Burgers et frites, le combo star de la restauration rapide.

Une « taxe burger » qui vise les géants du fast-food

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Dans les centres-villes comme dans les zones commerciales. Les chaînes de restauration rapide se sont imposées en quelques années comme un élément banal du paysage. Les burgers, tacos et autres menus sur le pouce rythment désormais les repas de nombreux foyers. Au point de transformer en profondeur les habitudes alimentaires. C’est précisément cette dynamique que les auteurs de la « taxe burger » veulent enrayer. En ciblant non pas tous les restaurants. Mais les enseignes franchisées les plus puissantes.

L’amendement prévoit en effet de frapper les restaurants franchisés de restauration rapide par une nouvelle contribution financière. Pensée comme un frein à leur expansion jugée excessive. Le principe est double. Une somme importante serait exigée au moment de l’ouverture d’un nouvel établissement. Puis une redevance serait payée chaque année pour pouvoir continuer à exploiter le restaurant.

L’objectif assumé est de rendre chaque implantation suffisamment coûteuse pour obliger les groupes à réfléchir à deux fois. Avant d’ouvrir un point de vente supplémentaire.

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Sans entrer dans le détail des montants, les députés écologistes insistent surtout sur la dimension dissuasive de la mesure. La taxe est présentée comme un outil de régulation du marché. Plutôt que comme une source de recettes facile pour l’État. Plus l’enseigne se développe rapidement. Plus elle serait mise à contribution. Ce qui revient à faire payer avant tout les stratégies d’hypercroissance des géants du secteur.

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L’obésité infantile et la santé publique au cœur de la proposition

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Officiellement, cette taxe burger se veut d’abord une réponse à un enjeu sanitaire. Les parlementaires à l’origine du texte mettent en avant les travaux montrant un lien entre la proximité d’un fast-food et la progression du surpoids chez les jeunes. Plus un restaurant de ce type est proche d’un établissement scolaire, plus il devient un lieu de rendez-vous régulier pour les collégiens et lycéens, souvent au détriment d’un repas plus équilibré.

Dans ce contexte, limiter l’implantation de ces enseignes autour des écoles est présenté comme une mesure de bon sens. En rendant plus compliquée – donc plus coûteuse – l’ouverture d’un nouveau restaurant près d’un collège ou d’un lycée, l’amendement cherche à modifier l’environnement alimentaire quotidien des enfants. L’idée est simple : si l’offre de repas très caloriques devient moins omniprésente autour des écoles, les tentations diminuent mécaniquement, ce qui peut contribuer à freiner la progression du surpoids.

Cette approche peut être utile en matière de santé publique pour plusieurs raisons. D’abord, elle agit sur le cadre de vie plutôt que sur la seule responsabilisation individuelle, qui atteint rapidement ses limites face à des campagnes marketing très agressives.

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Assiette de burger et frites croustillantes posée sur une table de restaurant, avec boisson floutée en arrière-plan
Un repas rapide qui séduit toujours autant les consommateurs.

La santé en priorité

Ensuite, elle envoie un signal clair aux acteurs économiques : la priorité n’est plus seulement la rentabilité mais la réduction de la malbouffe là où elle touche le plus directement les jeunes. Enfin, même si la taxe ne suffit pas à elle seule à faire reculer l’obésité infantile, elle peut devenir un levier complémentaire aux actions d’éducation nutritionnelle ou de promotion de l’activité physique.

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Les élus favorables à la mesure rappellent aussi que le maillage de ces enseignes est déjà très dense. Burger King a par exemple doublé son nombre de restaurants en seulement quatre ans en France, tandis que McDonald’s continue d’ouvrir presque un restaurant par semaine. Pour les défenseurs de l’amendement, la taxe n’a donc pas vocation à tuer un secteur en difficulté, mais à freiner une expansion jugée excessive, surtout dans des zones déjà très bien pourvues.

Plusieurs burgers garnis et portions de frites servies sur un plateau dans un restaurant, ambiance de fast-food moderne
Les chaînes multiplient les offres pour attirer toujours plus de clients.

Les critiques des franchisés : concurrence faussée et menace sur l’emploi

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Face à cette proposition, les professionnels du secteur n’ont pas tardé à réagir. La Fédération française de la franchise dénonce notamment une distorsion de concurrence. La taxe cible exclusivement les restaurants franchisés, laissant à l’écart les enseignes indépendantes, qui peuvent pourtant proposer des menus tout aussi gras, sucrés ou salés. Autrement dit, un burger standardisé serait davantage taxé qu’un burger artisanal, même si les apports caloriques sont comparables.

Les représentants des chaînes de restauration rapide mettent aussi en avant le risque pour les emplois locaux. Chaque nouvel établissement génère des embauches, parfois dans des territoires où les opportunités professionnelles sont limitées. En renchérissant le coût d’ouverture, les franchises estiment qu’on décourage l’investissement et que l’on freine la création d’emplois, en particulier dans les zones périurbaines ou les petites villes où les fast-foods occupent une place importante dans le tissu commercial.

Ces acteurs rappellent également que les franchisés ne sont pas toujours de grands groupes anonymes, mais souvent des entrepreneurs locaux qui ont investi leurs économies dans une enseigne connue pour limiter les risques.

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À leurs yeux, la taxe burger revient à pénaliser ces entrepreneurs plutôt qu’à responsabiliser les consommateurs ou à encourager la diversification de l’offre alimentaire. Certains évoquent même une « stigmatisation » ciblant symboliquement les burgers, sans s’attaquer à d’autres sources de malbouffe.

Gros plan sur un hamburger accompagné de frites sur une assiette blanche, servi dans un cadre de restauration rapide
Un plat devenu symbole des nouvelles habitudes alimentaires.

Un débat sur notre modèle alimentaire, bien au-delà des burgers

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Pour les défenseurs de l’amendement, la taxe est au contraire l’occasion d’ouvrir un débat plus large sur le modèle alimentaire dominant. En visant principalement les grands groupes, ils veulent envoyer un signal politique : celui d’un pays qui ne se contente plus de constater la montée de l’obésité infantile, mais qui accepte de réguler, au moins en partie, l’offre de produits transformés. L’enjeu dépasse donc largement la seule question des burgers ou des tacos.

Certains élus insistent par ailleurs sur le caractère symbolique de la mesure. Selon eux, il ne s’agit ni d’« attaquer les petits entrepreneurs » ni de créer un impôt punitif par principe. Le texte est présenté comme un moyen de reprendre la main face à une expansion très standardisée de la restauration rapide, accusée de « cannibaliser » les alternatives locales plus diversifiées. En ce sens, la taxe aurait autant une portée culturelle que budgétaire.

La discussion autour de cette taxe burger met aussi en lumière un paradoxe bien connu : beaucoup de consommateurs déclarent vouloir manger plus sainement, mais se tournent massivement vers des enseignes rapides, bon marché et omniprésentes. En agissant sur la structure du marché plutôt que sur les comportements individuels, la mesure espère rééquilibrer la balance en faveur d’options plus variées, sans pour autant interdire les menus de fast-food.

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Dans cette perspective, le texte suscite des interrogations intéressantes. Jusqu’où peut-on aller pour protéger la santé publique sans basculer dans un encadrement jugé excessif de la vie quotidienne ? Faut-il accepter de payer plus cher certains modèles économiques pour réduire le coût futur des maladies liées à l’alimentation ? Ces questions restent ouvertes, mais elles montrent que le débat dépasse largement la simple addition que paieront ou non les chaînes de burgers.

Ce que changerait concrètement la taxe pour les fast-foods

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Reste la question clé : si elle est adoptée, à quoi ressemblera très concrètement cette nouvelle contribution pour les enseignes concernées ? Le texte prévoit une entrée en vigueur au 1ᵉʳ juillet 2026. À partir de cette date, l’ouverture d’un nouveau fast-food en franchise serait assortie d’un ticket d’entrée de 50 000 €. Une somme qualifiée d’« astronomique » par les auteurs de l’amendement eux-mêmes, précisément parce qu’elle doit servir de frein à l’expansion automatique de ces restaurants.

Ce n’est toutefois qu’une partie de la note. Une taxe d’exploitation annuelle de 10 000 € serait ensuite due chaque année pour chaque établissement concerné. Autrement dit, la charge ne se limiterait pas au moment de l’ouverture, mais pèserait durablement sur le modèle économique des restaurants franchisés. Les députés favorables au texte y voient une manière de rendre le coût social et sanitaire de la malbouffe plus visible dans les comptes des grandes enseignes.

La mesure va encore plus loin lorsque l’implantation se fait à proximité d’un établissement scolaire. Si un restaurant de restauration rapide ouvre à moins de 300 mètres d’une école, la taxe serait purement et simplement doublée : 100 000 € à l’ouverture, puis 20 000 € par an. C’est là que se situe la véritable révélation du dispositif, avec un ciblage assumé des zones où les jeunes sont les plus exposés à ce type d’offre.

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Pour les porteurs de l’amendement, c’est également la partie la plus utile du texte en termes de santé publique, puisqu’elle s’attaque directement à l’environnement alimentaire des enfants.

Hamburger garni, frites et boisson présentés sur un plateau de fast-food, avec emballages colorés en arrière-plan
La restauration rapide se décline à tous les coins de rue.

Que retenir ?

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Pour l’instant, cette taxe burger n’en est encore qu’au stade de la discussion à l’Assemblée nationale. Elle doit être débattue, modifiée, voire écartée au fil de l’examen du budget 2026. Mais si elle venait à être adoptée, elle constituerait un précédent important dans la manière dont la France encadre les chaînes de restauration rapide, en assumant clairement qu’un modèle économique fondé sur l’hyperdensité de burgers et de frites autour des écoles a un coût que la collectivité n’est plus prête à ignorer.

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