« Trop blanc », « colonial », « supériorité occidentale » : le Père Noël critiqué par un musée
Les suggestions du musée Brighton and Hove n’auront pas convaincu les adeptes de culture et les autres qui voient désormais en lui un incubateur du « wokisme ».
En quoi consiste la décolonisation du Père Noël ?
Noël au sein des débats « woke ». Le Père Noël n’échappe pas aux réflexions des militants anticolonialistes, dont certains opèrent au musée de Brighton and Hove (sud de l’Angleterre). Il y a peu, celui-ci publie sur son site des réflexions autour du bonhomme en costume rouge qui ne laissent ni les visiteurs ni les sujets de la Couronne indifférents. Le débat dépasse même les frontières du Royaume-Uni et amène tout un chacun à prendre position.
Pour Brighton and Hove, le Père Noël est définitivement « trop blanc ». Celui qui parcourt le globe et classe les enfants en deux catégories avant de leur accorder ou non des cadeaux adopterait une attitude qui transpire la supériorité et maintient des jugements de valeur dépassés en renforçant « des idées néfastes sur le pouvoir, l’autorité et la supériorité occidentale ».
C’est pourquoi la structure amène à la « décolonisation » du grand-père le plus apprécié du mois de décembre.
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Et si le Père Noël laissait sa place à la Mère Noël ?
Pour Brighton and Hove, il faut laisser derrière nous la promotion d’une « dichotomie occidentale » et favoriser une nouvelle figure et de nouvelles attitudes. « L’histoire d’un Père Noël blanc, occidental, qui juge le comportement de tous les enfants, pose problème », martèle-t-il. « Racontée ainsi, l’histoire présente le Père Noël comme l’autorité suprême de toutes les sociétés. Cela nous demande d’accepter des présupposés coloniaux de supériorité culturelle. […] Concentrez-vous sur le plaisir d’apporter de la joie aux enfants de tous horizons plutôt que de les juger.«
Pour inverser la tendance, le musée suggère quelques ajustements. « Intégrez des personnes du monde entier dans l’atelier du Père Noël. Faites travailler le Père Noël à l’usine aux côtés des lutins. Cela montre qu’il est l’égal des lutins », conseille-t-il.
De même, il propose un changement drastique : remplacer le Père Noël… par une Mère Noël ! L’occasion de renverser le patriarcat, notion intrinsèque au colonialisme. « Incluez quelques Mères Noël. Le patriarcat et le colonialisme allaient de pair. Montrez à la prochaine génération que les hommes n’ont pas forcément à être aux commandes.«
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« Il s’agit plutôt de raconter une histoire qui met l’accent sur la diversité culturelle, les échanges et le respect », souligne encore le musée.
De nombreuses réactions indignées
Révélées dans les colonnes du Times, ces réflexions ne font évidemment pas l’unanimité. Accusé de « wokisme primaire », Brighton and Hove se voit reprocher de « briser tout sentiment d’appartenance à un passé et une culture communs ». « Ce n’est pas de la culture, c’est de la politique de cour de récréation qui ne devrait recevoir ni financement public ni soutien officiel », dénoncent certains.
Soucieux de ne pas rentrer dans la polémique, le musée s’est contenté d’une réponse de quelques lignes : « En tant que médiateurs culturels, notre rôle n’est pas de dire aux gens ce qui est bien ou mal, mais d’aider le public à considérer l’histoire et la culture sous plusieurs angles et de créer des occasions de discussion et de débat, tout comme nous le faisons lorsque nous interprétons des œuvres d’art, des objets et des lieux historiques. »
A publicly funded British museum has declared Father Christmas "too white," "too patriarchal," and morally unfit to judge children. This is not satire, parody, or a student stunt. It is the official voice of Brighton and Hove Museums – an institution paid by taxpayers to preserve… pic.twitter.com/mDrWoiopQB
— Jim Chimirie 🇬🇧🎗 (@JChimirie66677) December 22, 2025