Livret A : ce qui va changer pour votre épargne (et pourquoi ça tombe mal)
Depuis deux ans, le Livret A enchaîne les mauvaises nouvelles. Après une première baisse à 2,4 % en février 2025, le taux est retombé à 1,7 % au 1er août 2025. Dans un contexte d’inflation devenue faible et de taux monétaires apaisés. La formule officielle qui sert au calcul du Livret A donne mécaniquement un rendement plus bas. Résultat, des millions d’épargnants voient leur pouvoir d’achat de l’épargne rogné, sans avoir changé la moindre habitude.
Pour comprendre, il faut rappeler que la rémunération du Livret A dépend, à parts égales, de l’inflation hors tabac. Et d’un indicateur des taux de marché en zone euro, le €STR. Lorsque ces deux repères baissent, le taux final suit la même pente. C’est précisément ce que l’on observe depuis le début de l’année 2025. Avec une inflation stabilisée à un niveau modeste et des taux interbancaires qui refluent.
Ce que cela veut dire pour votre argent
Un taux plus bas, ce n’est pas qu’un chiffre. Sur un livret au plafond de 22 950 €, la différence est très concrète. À 1,7 %, les intérêts bruts tournent autour de 390 € par an. Si le taux devait reculer encore, la rémunération tomberait davantage, alors que les prix de l’énergie, des assurances ou des loyers continuent parfois d’augmenter. L’écart entre ce que rapporte le Livret A et ce que coûte la vie crée une frustration légitime chez beaucoup d’épargnants.
Autre réalité souvent oubliée : les intérêts sont calculés le 1er et le 16 de chaque mois, et versés au 31 décembre. Mal placer une rentrée d’argent quelques jours après ces dates de quinzaine, c’est perdre des jours d’intérêts sans s’en rendre compte. À l’inverse, anticiper un virement avant ces repères calendaires permet d’optimiser, un peu, la rémunération.
LEP, LDDS, PEL : lesquels tirent encore leur épingle du jeu ?
Dans la galaxie des épargnes réglementées, tous les produits ne suivent pas exactement la même trajectoire. Le LEP reste plus généreux que le Livret A, avec un taux supérieur et une défiscalisation identique, mais il est réservé aux ménages respectant un plafond de revenus. Le LDDS, lui, est strictement aligné sur le taux du Livret A : quand l’un recule, l’autre décroche aussi, sans surprise.
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Quant au PEL, sa logique est différente. C’est une épargne logement dont la rémunération est fixée à l’ouverture et qui ouvre des droits à un prêt immobilier. En 2026, bon nombre de PEL ouverts en 2011 arrivent à échéance, et seront clôturés automatiquement, ce qui va pousser une partie des ménages à replacer ces sommes ailleurs. Beaucoup regarderont, par réflexe, vers les livrets classiques, quitte à accepter un rendement faible mais garanti et disponible à tout moment.
Pourquoi la formule pénalise aujourd’hui les livrets
La formule réglementaire est censée protéger le pouvoir d’achat de l’épargne de précaution en l’indexant sur l’économie réelle. En phase de désinflation, elle produit l’effet inverse : elle abaisse la rémunération des livrets. C’est logique, mais frustrant pour ceux qui ont l’impression de faire “tout bien” : mettre de côté chaque mois, éviter les risques, privilégier le capital garanti.
Ce décalage est accentué par une autre donnée : certains produits alternatifs, comme les fonds en euros de l’assurance-vie, réagissent plus lentement aux changements de taux de marché. Ils peuvent, un temps, offrir une rémunération moyenne supérieure, tout en restant à faible risque. D’où l’intérêt croissant pour ces placements chez des épargnants qui ne veulent ni volatilité boursière, ni blocage trop long.
Ce que vous pouvez faire (sans prendre de risques démesurés)
Il existe des ajustements simples pour ne pas subir la baisse. D’abord, garder le Livret A pour ce qu’il est : une trésorerie de court terme, dédiée aux coups durs et aux dépenses imprévues. Au-delà de trois à six mois de dépenses courantes, l’excédent peut être diversifié sur des supports un peu plus rémunérateurs, tout en restant prudents. Le LEP est une piste évidente si vous êtes éligible. L’assurance-vie en euros peut compléter, notamment pour la partie que vous n’avez pas besoin de mobiliser dans l’année.
Ensuite, surveiller ses dates de versement vers les livrets. Un virement la veille du 1er ou du 16 compte souvent plus qu’un virement “au hasard” le 3 ou le 18. Enfin, résister aux rumeurs de blocages et de plafonds “cachés” : les règles sont publiques. Le plafond du Livret A reste de 22 950 € pour un particulier, hors intérêts capitalisés, et son fonctionnement n’a pas changé.
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Les Français face au Livret A : attachement et exaspération
Le Livret A reste le placement préféré de la population. Facile à comprendre, sécurisé, défiscalisé, il coche toutes les cases de la tranquillité d’esprit. Mais les baisses successives de 2025 ont déclenché un vrai malaise. Beaucoup se demandent s’il faut retirer une partie de l’épargne et chercher ailleurs. Les flux vers l’assurance-vie repartent, preuve d’une volonté de mieux rémunérer l’épargne sans plonger dans le grand bain des marchés.
Cette tension ne disparaîtra pas tant que l’inflation et les taux interbancaires resteront bas. C’est la rançon d’une formule qui fait son travail, mais qui ne peut pas, par définition, promettre des rendements “miracles” lorsqu’elle mesure une économie refroidie.
Que faire d’ici février 2026 : calendrier et arbitrages
Les prochains mois servent de sas avant la nouvelle donne du Livret A. Profitez des quinzaines pour optimiser vos intérêts de fin d’année, en privilégiant des versements juste avant le 1er et le 16. En décembre, un virement anticipé peut encore peser sur le calcul versé au 31, sans immobiliser votre argent au-delà du nécessaire.
Vérifiez votre éligibilité au LEP avant la mise à jour des revenus de référence. Pour les foyers qui y ont droit, ce livret défiscalisé reste la meilleure soupape sans prise de risque, quitte à transférer une partie des fonds dormants du LDDS ou du Livret A jusqu’à votre plafond personnel.
Si vous disposez d’une épargne de précaution déjà couverte, regardez du côté de l’assurance-vie en euros pour l’excédent non indispensable à court terme. Les rendements réagissent avec un léger retard aux taux de marché, ce qui peut offrir, provisoirement, un avantage tout en conservant une forte sécurité et une disponibilité correcte.
Enfin, anticipez les échéances de PEL arrivant à maturité, notamment ceux ouverts il y a plus d’une décennie. La clôture automatique en 2026 poussera à replacer ces sommes. Décider maintenant de leur destination évite les choix précipités en début d’année, à l’instant où la rémunération du Livret A pourrait de nouveau reculer.
Dernier point crucial pour 56 millions d’épargnants
C’est l’information que tout le monde attend. Selon la trajectoire des indicateurs, la prochaine révision du Livret A prévue au 1er février 2026 devrait faire passer le taux de 1,7 % à 1,5 %. Ce “gros changement” toucherait environ 56 millions de titulaires, du LDDS au Livret A, et ramènerait la rémunération annuelle à environ 344 € pour un livret au plafond. À moins d’un retournement marqué de l’inflation ou des taux de marché, la baisse semble difficile à éviter.