Faux livreurs : l’arnaque des 0,50 € à votre porte pour voler votre carte bancaire
Depuis quelques semaines, des faux livreurs se présentent au domicile de particuliers et réclament une minuscule régularisation d’environ 0,50 € pour « finaliser » la livraison d’un colis. Le scénario est rodé, le ton rassurant, et l’environnement paraît authentique. Badge, gilet, parfois un logo évoquant La Poste ou un transporteur connu : tout est pensé pour inspirer confiance.
En Haute-Loire, autour d’Yssingeaux, mais aussi en Côte-d’Or, dans le Jura, en Saône-et-Loire ou encore dans l’Yonne, les autorités ont signalé des approches similaires. Les auteurs insistent sur l’urgence, soulignent le faible montant et proposent un « passage carte » en quelques secondes sur un petit terminal portable.
Un scénario bien huilé pour faire tomber la méfiance
Le prétexte des 50 centimes n’est pas choisi au hasard. Le montant est si faible qu’il neutralise les réflexes de prudence. Le livreur dit être pressé, montre un TPE crédible, tend un colis et parle d’une procédure « obligatoire ». La personne chez elle s’exécute, insère la carte bancaire et compose son code, persuadée d’accomplir un geste banal.
Dans certains cas, le malfaiteur occupe l’entrée pendant qu’un complice reste en retrait. Dans d’autres, le pseudo livreur manipule directement le terminal. Tout se joue en quelques secondes, dans un décor du quotidien où l’esprit critique se relâche.
Des signes qui doivent immédiatement vous alerter
Un livreur qui demande votre code ou conserve votre carte n’est jamais conforme aux pratiques des grands réseaux. Les frais de livraison ou frais complémentaires sont réglés avant le passage ou via un lien sécurisé envoyé par l’enseigne, rarement en paiement physique à domicile.
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Les indices s’accumulent lorsque l’interlocuteur se montre évasif sur l’expéditeur, incapable de fournir un numéro de suivi, ou exige de régler au pas de la porte. Un terminal sans ticket, un logo approximatif, un badge flou ou sans nom, un colis sans étiquette claire sont autant de drapeaux rouges.
Pourquoi cette fraude fonctionne si bien
La stratégie repose sur trois leviers : la pression du temps, la minimisation du risque perçu et la cadence des livraisons à domicile. L’explosion du e-commerce a familiarisé chacun avec les passages de transporteurs. Les escrocs surfent sur ces habitudes et déplacent la confiance de la plateforme vers la personne qui sonne à la porte.
Le caractère « quasi gratuit » de la somme demandée nourrit l’idée qu’il serait absurde de refuser. Une fois la vigilance abaissée, le geste de paiement devient mécanique. C’est précisément là que le piège se referme.
Comment ils opèrent vraiment sur le pas de la porte
Tout commence par un sonnette insistante et un colis neutre. Le faux livreur vous appelle par votre nom et cite parfois une adresse exacte pour vous rassurer. Il tient le TPE vers vous et maintient une conversation pour détourner votre attention. Si vous hésitez, il évoque des frais de stockage, une deuxième présentation payante ou un retour à l’expéditeur. En insérant la carte bancaire, vous lui offrez la fenêtre parfaite pour observer le code ou subtiliser la carte en jouant sur la précipitation.
Ce que disent les transporteurs et La Poste
Les grands opérateurs rappellent une règle claire : un livreur n’a pas à encaisser de paiement au domicile pour un colis standard. Les éventuels suppléments se règlent en amont ou via un espace client sécurisé. Un livreur peut demander une signature ou une pièce d’identité, jamais un code PIN. En cas de doute, il faut consulter le suivi officiel sur l’application du transporteur, et non via un lien communiqué par la personne à la porte.
Les variantes connues en 2025
Cette fraude se décline en plusieurs versions. On voit apparaître des demandes de QR code à flasher « pour confirmer la réception », menant à une page de phishing. Parfois, le terminal est en fait un skimmer déguisé capable de lire la piste d’une carte. D’autres imposent un sans-contact répété au-delà des plafonds ou remplacent l’approche à domicile par un SMS annonçant des frais de dédouanement. Le schéma reste le même : créer l’urgence et détourner la vigilance pour accéder à la carte bancaire ou à ses informations.
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Qui est visé en priorité et pourquoi
Les fraudeurs ciblent des immeubles à fort turn-over où les livreurs sont fréquents, des pavillons en journée quand les habitants sont seuls, et des personnes âgées ou pressées. L’environnement familier joue contre la prudence. La mention d’un petit montant et l’allure « professionnelle » du faux livreur suffisent souvent à faire céder. Mais tout le monde peut être concerné, y compris des actifs habitués aux services de livraison ou de click-and-collect.
Les bons réflexes après un passage suspect
Si vous avez inséré votre carte ou saisi votre code, appelez votre banque immédiatement pour faire opposition. Notez la date, l’heure et tout détail utile, puis déposez plainte auprès de la gendarmerie ou de la police. Surveillez vos comptes dans les jours suivants et activez les alertes de paiement. Enfin, informez vos proches et votre syndic pour éviter d’autres victimes dans l’immeuble.
Que faire si un livreur réclame un paiement à domicile
D’abord, ne sortez jamais votre carte. Demandez l’identité, l’enseigne, le numéro de suivi et proposez d’ouvrir l’espace client de votre transporteur sur votre propre téléphone pour vérifier. Si l’interlocuteur se dérobe, mettez fin poliment à l’échange.
En cas d’insistance, appelez un proche devant l’« agent » et indiquez que vous allez contacter la plateforme. S’il s’éclipse, vous avez probablement évité le pire. Et si, malgré tout, vous avez payé, prévenez votre banque puis signalez les faits aux forces de l’ordre.
Comment se protéger durablement
Habituerez-vous à une règle simple : aucune livraison légitime ne vous demandera votre carte ni votre code sur le pas de la porte. Tenez cette règle pour absolue, quelle que soit la somme, la politesse du livreur ou l’apparence du terminal.
Anticipez aussi côté organisation. Centralisez vos livraisons via les applications officielles, activez les notifications et vérifiez vos suivis avant d’ouvrir. En cas de doute persistant, fixez volontairement une remise en point relais, où le paiement n’existe pas et où l’identification est tracée.
Derrière la demande de 0,50 €, le « livreur » dérobe votre carte ou récupère votre code pendant la manœuvre. C’est l’unique objectif de l’arnaque : partir avec votre moyen de paiement et son code pour l’utiliser immédiatement. Retenez-le : à domicile, aucune entreprise sérieuse ne vous demandera de payer avec votre carte, et encore moins de révéler votre code.