« J’ai pensé à Samuel Paty » : Le proviseur menacé de mort après avoir demandé à une élève d’enlever son voile témoigne
La peur est devenue sa plus fidèle compagne depuis février 2024. Malgré tout, l’ancien proviseur menacé de mort a accepté de livrer sa version des faits dans Complément d’enquête.
Une demande qui tourne au vinaigre
Tout commence en février 2024. La presse fait alors le choix de titres chocs. Il faut dire qu’à l’époque, le proviseur du lycée Maurice-Ravel (Paris) est soupçonné d’avoir giflé une élève. Ce, après lui avoir ordonné de retirer son voile. Une version des faits que n’a cessé de contester le principal concerné, en vain.
Depuis, la rumeur n’a cessé de s’amplifier. Comme les menaces de mort, qui ne cessent d’affluer sur les réseaux sociaux. Face à une telle violence, le proviseur n’envisage pas d’autre issue que la démission. Ainsi, à 63 ans, Philippe Le Guillou part en retraite anticipée. Une fin de carrière précipitée qu’il n’avait évidemment pas envisagée.
Quelques mois plus tard, le sexagénaire accepte de témoigner dans l’émission Complément d’enquête. À visage couvert, car il craint encore les représailles, il évoque cette période compliquée dont il sort fortement « traumatisé ».
La version des faits de l’ancien proviseur
Face aux équipes de Complément d’enquête, Philippe Le Guillou livre sa version des faits. « Je vois deux étudiantes de BTS qui sortent voilées, du bâtiment du fond de la cour. Donc, j’ai été vers elles. La première a retiré son voile sans problème, et la seconde, non. Elle ne voulait pas. Je lui ai dit ‘Retire ton voile’ une fois, puis je lui ai tapoté l’épaule, ‘Ho ho, je suis là, je te parle…’. Et puis une fois, deux fois, trois fois même, je ne sais même plus combien de fois d’ailleurs, mais elle m’a totalement ignoré ».
Il poursuit : « Tout de suite, je me suis dit ‘Ça va être l’horreur’. Parce que tout de suite, certains élèves ont dit ‘Ah, il l’a frappée, il l’a frappée !’. Parce que je l’avais effectivement touchée à l’épaule ». Un geste dans lequel il ne voit rien d’anormal. Interrogé à ce sujet, le ministère de l’Éducation nationale abonde dans ce sens. « Le seul fait de taper sur l’épaule d’un élève afin d’appeler son attention ne saurait être regardé comme un geste déplacé, encore moins un acte violent », rapporte France Info en le citant.
Une vie en suspens
Le proviseur l’assure, son seul objectif était de « faire respecter la laïcité dans la cour du lycée ». « C’est banal de dire à une élève voilée dans la cour d’un établissement scolaire public ‘Retire ton voile », se justifie-t-il. Suite à leur altercation, l’élève a d’ailleurs déposé plainte pour violence. Celle-ci a été classée sans suite, l’infraction étant insuffisamment caractérisée. De son côté, l’ex-proviseur avait déposé plainte pour dénonciation calomnieuse.
Depuis, le quotidien de Philippe Le Guillou s’est transformé en parcours du combattant. Secoué par les menaces en ligne qu’il prend très au sérieux, il redouble de précautions. « J’ai arrêté de prendre le métro, je ne sortais plus dans le quartier, je faisais attention en sortant. Cela m’a traumatisé, c’est clair. J’ai pensé à Samuel Paty ou encore à Dominique Bernard bien sûr », confie-t-il.