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Le saviez-vous : pourquoi dire « bon appétit » est en réalité malpoli ?

Publié par Lou Tabarin le 30 Avr 2022 à 14:30

Chaque jour, le TDN vous propose une information insolite à découvrir. Des connaissances qui, étant très peu répandues, vous permettront d’épater votre entourage, on vous le garanti !

Après s’être demandé, pourquoi dit-on allo lorsqu’on décroche, intéressons-nous à une autre expression de notre vocabulaire quotidien. Saviez-vous qu’il ne fallait pas dire « bon appétit » juste avant de manger ? Cette formule de politesse est en réalité très impolie. On vous explique pourquoi.

Bon appetit

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Pourquoi dire « bon appétit » est malpoli ?

C’est devenu plus qu’une habitude. Avant de manger, tout le monde souhaite « bon appétit » à ses voisins de table. C’est pareil au restaurant ou lorsqu’un livreur Uber Eats vous ramène votre délicieuse commande tant attendue. Il s’agit d’une formule de politesse qui incite à bien profiter de son repas. Pourtant, ce serait en réalité d’une véritable preuve d’impolitesse. La raison se cache derrière l’histoire de cette expression.

« Bon appétit » est une expression très ancienne. Le dictionnaire du CNRTL mentionne qu’elle apparaît pour la première fois dans la littérature avant 1695Jean de La Fontaine l’emploie dans la fable Le Renard et la Cigogne, parue en 1668 « bon appétit surtout ; renards n’en manquent point » . Mais en réalité, tous les linguistes s’accordent à dire que son origine remonte au Moyen Âge, comme beaucoup d’expressions françaises.

À cette époque où la médecine n’était pas encore très développée, les maladies étaient des mystères qui s’expliquaient bien souvent par des superstitions. Lorsqu’une personne conviait un invité à manger, elle lui souhaitait « bon appétit » afin de prévenir tout problème de digestion. On pourrait donc traduire cette expression par « bon déroulement gastrique » . C’est tout de suite moins classe.

Le fait d’associer l’expression aux soucis gastriques passe très mal à l’heure où la cuisine devient un art à part entière. Les anciens guides de bonnes manières sont catégoriques : on ne dit pas « bon appétit » , car cela évoque le fait de manger grossièrement alors qu’il faut prendre le temps de savourer les plats raffinés. L’Académie française a longtemps été du même avis. Dans la huitième édition de son dictionnaire de 1935, elle considérait l’expression comme d’usage familier. La définition était la suivante : « espèce de souhait qu’on adresse à quelqu’un qui mange ou qui va manger » . En clair, il ne faut surtout pas l’employer lors d’un dîner d’affaires très important.

Le lexicographe Alain Rey n’est pas aussi catégorique et propose une autre origine de l’expression. Pour lui, c’est à Versailles que « bon appétit » a résonné dans la cour royale. Les riches monarques avaient l’habitude de se gaver de nourriture à foison lors de longs repas. Le roi Louis XIV prenait son repas en public lors du Grand Couvert. Il engloutissait une vingtaine de plats très rapidement, ce qui est devenu une coutume dans le royaume. Pour se préserver de l’étouffement, les gros mangeurs disaient « bon appétit » comme une prière faite à Dieu.

Maintenant que vous êtes un as des bonnes manières, il ne vous reste plus qu’à esquiver le « bon appétit » par un « vous aussi » ou un remerciement. Vous pouvez aussi opter pour la formule « bonne dégustation » , souvent employée dans les restaurants gastronomiques pour plus de classe. Et puis, tant que vous y êtes, ôtez également le « à tes souhaits » de votre vocabulaire. À moins que vous souhaitiez garder votre impolitesse à la française. Après tout, c’est ce qui fait notre renommée.