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Débit de parole ralenti : un signe précoce de déclin cognitif ?

Publié par Killian Ravon le 23 Juil 2025 à 10:28

Assis dans un café, vous discutez avec une personne âgée qui s’interrompt soudainement, cherchant le mot juste. Cet instant d’hésitation est souvent perçu comme l’un des premiers signes d’une mémoire qui faiblit et en déclin.

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Personne âgée parlant dans un café, microphone devant elle, lumière chaleureuse.
Un débit de parole ralenti peut révéler un premier signe de déclin cognitif.

Or, une étude récente publiée dans Aging, Neuropsychology, and Cognition montre que c’est plutôt la vitesse de parole globale qui prédit un déclin cognitif, et non la simple difficulté à retrouver un mot.

Le déclin cognitif, un phénomène attendu

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À partir de 45 ans, notre mémoire, notre rapidité de raisonnement et notre concentration peuvent décliner. Ce processus, parfois appelé « vieillissement cognitif », reflète une réduction progressive d’activités neuronales et de plasticité synaptique. Si ce ralentissement est naturel, il inquiète en raison de son lien possible avec la maladie d’Alzheimer ou d’autres formes de démence.

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Femme âgée parlant au micro dans un cadre urbain.
Femme âgée prenant la parole face à un micro, illustrant la capacité de fluidité verbale malgré le vieillissement. Crédit : Surprising_Media / Pixabay
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Le vieillissement du cerveau au niveau cellulaire

Au cœur de ce déclin, les neurones subissent une diminution du nombre de synapses et une altération des mécanismes de réparation de l’ADN. Les mitochondries, indispensables à l’énergie cellulaire, deviennent moins efficaces, ce qui affecte l’ensemble du métabolisme cérébral. À cela s’ajoute une inflammation chronique modérée, qualifiée d’« inflammaging », qui accélère la dégradation neuronale.

Pourquoi on hésite à trouver un mot

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Lorsque nous manquons d’un terme, le cerveau active des circuits linguistiques alternatifs pour retrouver la bonne dénomination. Ces micro-pauses sont normales et relèvent de la complexité du langage, davantage qu’un trouble cognitif. Elles peuvent même signaler la richesse du lexique : un vocabulaire étendu génère plus de possibilités à trier avant de sélectionner le mot exact.

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Les habitudes de vie pour freiner la baisse cognitive

Pour soutenir la santé cérébrale, trois piliers sont essentiels. Les interactions sociales, qu’il s’agisse de discussions animées ou de jeux de rôle en groupe, entretiennent les réseaux neuronaux. La stimulation mentale, via la lecture, les puzzles ou l’apprentissage de nouvelles compétences, renforce la mémoire de travail. Enfin, une alimentation riche en oméga-3, antioxydants et vitamines B protège les cellules nerveuses.

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Deux femmes âgées se détendant et conversant dans un hamac près d’un étang.
Deux pensionnaires discutant dans un hamac au bord d’un étang, soulignant l’importance des interactions sociales pour la santé cognitive. Crédit : silviarita / Pixabay

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La recherche pionnière de Toronto et Baycrest

Des chercheurs de l’Université de Toronto et de Baycrest Health Sciences ont recruté 125 participants sains, âgés de 18 à 90 ans, pour mieux comprendre ces mécanismes. Chaque volontaire a subi des tests linguistiques et cognitifs, tandis que son discours était enregistré et analysé par un algorithme de Winterlight Labs, spécialiste de l’intelligence artificielle appliquée au langage.

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Méthodologie : analyse de la fluidité verbale

Les sujets ont décrit deux images complexes pendant 60 secondes chacune. Un logiciel a mesuré la fréquence et la durée des pauses, la richesse lexicale et surtout la vitesse de parole, en mots par minute. Ces données ont été croisées avec les scores obtenus aux tests exécutifs — épreuves évaluant l’inhibition, la flexibilité mentale et la mémoire de travail.

L’importance des tests exécutifs

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Les épreuves exécutives dévoilent la capacité à organiser ses idées, à résister aux distractions et à changer de stratégie mentale. Elles sont particulièrement sensibles aux premiers stades d’un déclin cognitif. Dans l’étude, ces tests ont servi de référence pour valider les indicateurs linguistiques, révélant une corrélation étroite entre un débit de parole soutenu et de meilleures performances cognitives.

Cerveau en construction de framboises symbolisant la santé cérébrale.
Illustration d’un cerveau formé de framboises et noix, symbolisant l’impact de l’alimentation sur la cognition. Crédit : ReadyElements / Pixabay
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Décortiquer les pauses : une découverte inattendue

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Contrairement aux hypothèses initiales, ni le nombre ni la longueur des hésitations n’étaient liés aux scores cognitifs. Les participants qui faisaient souvent des pauses pour retrouver un mot n’affichaient pas de résultats inférieurs. Ce constat invalide l’idée selon laquelle chaque micro-hésitation serait un signe précoce de trouble mental.

La vitesse de parole, miroir de la santé cérébrale

En revanche, la vitesse de parole s’est révélée un marqueur fiable. Les volontaires avec un débit élevé obtenaient de meilleurs scores aux tests exécutifs. Une parole fluide reflète une communication neuronale efficace, où les connexions synaptiques transmettent rapidement les informations, signe d’une plasticité cérébrale préservée.

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Retraité a l’air frustré. Photo by geralt
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Témoignages de participants

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Plusieurs volontaires ont partagé leur ressenti. Une participante de 68 ans confie se sentir plus à l’aise pour raconter ses souvenirs en accélérant son rythme, tandis qu’un homme de 74 ans remarque qu’il articule mieux après des séances de lecture à voix haute. Ces retours personnels illustrent la variabilité individuelle et l’effet positif d’exercices réguliers.

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@inesenmedecine

En fait il y a une étude de Baycrest and the University of Toronto qui a pris u groupe de jeune et un groupe de personnes âgées. Ils avaient des tâches à réaliser comme par exemple nommer de d’objets qu’on leur présentait le plus rapidement possible, dire un max de mots commençant par la même lettre, et récupérer des information stockées dans la mémoire notamment des connaissances lexicales et sémantiques. Et en fait on s’est rendu compte que dans le groupe « personnes âgées » ça parlait moins vite ! ET ça pour 4 raisons : 1. **Un moins bon accès lexical** : En gros en vieillissant on a production des mots plus lente et moins fluide. 2. Une moins bonne **Mémoire de travail et inhibition** Donc par exemple, l’incapacité de supprimer des mots qui ne sont pas pertinents. Et du coup ça peut interférer avec l’accès au mot cible. 3. **Sémantique et réseau lexical différent** : En vieillissant, le réseau lexical, c’est-à-dire la manière dont les mots sont stockés et connectés dans le cerveau, devient moins efficace. Chez les personnes âgées, ce réseau il est moins bien connecté, ce qui rend la recherche des mots plus lente. 4. **Facteurs cognitifs distincts** : Les chercheurs expliquent que les difficultés à retrouver des mots ne sont pas seulement liées à un déclin général de la mémoire ou des capacités mentales, mais à plusieurs facteurs spécifiques, comme une baisse du contrôle exécutif, une réduction de la vitesse de traitement de l’information et des changements dans la mémoire des significations des mots. Bref en gros si tu parles vite, bah c’est pas forcément négatif ! #santé #médecine #apprendresurtiktok

♬ son original – Inès en Médecine

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Vers un outil de dépistage rapide

Ces résultats ouvrent la voie à un outil de dépistage innovant : un simple enregistrement de 1 minute pourrait suffire à détecter un déclin cognitif naissant. Grâce à l’intelligence artificielle, l’analyse automatique du rythme de la parole serait rapide, non invasive et facilement déployable dans les cabinets médicaux ou les applications de téléconsultation.

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Impact des technologies de suivi vocal

Les applications mobiles et les assistants vocaux pourraient intégrer cette méthode. Un smartphone capable d’évaluer le débit de parole lors d’appels ou de messages vocaux offrirait un suivi personnalisé. Les alertes automatiques encourageraient alors des bilans médicaux préventifs, transformant un objet du quotidien en un véritable outil de santé.

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Les limites de l’étude

Malgré ses résultats prometteurs, l’étude présente des contraintes. Le nombre de participants reste limité et la majorité provenait de milieux urbains et éduqués. Les performances linguistiques dépendent aussi de la langue maternelle et du niveau d’études, ce qui complique la généralisation à des populations plus diverses.

Recommandations pratiques

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Pour maintenir un débit de parole soutenu, plusieurs exercices sont recommandés. Lire à voix haute un texte nouveau sollicite la coordination entre reconnaissance visuelle et production orale. S’entraîner à décrire un objet ou une scène en temps limité renforce la rapidité de formulation. Les discussions thématiques, où l’on doit argumenter et rebondir, améliorent aussi la fluidité et l’agilité mentale.

Adapter son mode de vie pour soutenir son cerveau

Au-delà des exercices verbaux, maintenir un bon rythme de sommeil et pratiquer régulièrement une activité physique favorisent le débit sanguin cérébral. Les personnes actives sur le plan social et intellectuel présentent souvent un score cognitif plus élevé. Changer d’itinéraire quotidien ou apprendre un instrument de musique sont autant de défis qui stimulent la plasticité neuronale.

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Sénior désappointé, perplexe. Photo by geralt

Perspectives futures et recherches en cours

Les équipes de Toronto et de Baycrest prévoient un suivi longitudinal des participants pour vérifier si un ralentissement de la parole prédira effectivement l’apparition de troubles cognitifs. D’autres études compareront les capacités linguistiques de patients atteints d’Alzheimer précoce à celles de personnes du même âge sans pathologie, afin de peaufiner les algorithmes de détection.

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Jusqu’ici, on associait chaque hésitation dans une conversation à un signe manifeste de dégradation mentale. Cette étude bouleverse ce postulat : ce ne sont pas les pauses isolées qui trahissent un problème, mais bien un ralentissement global du débit de parole qui constitue un indicateur précoce et fiable de déclin cognitif.

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