Après 300 ans d’extinction, le dodo pourrait bientôt réapparaître grâce à la génétique
Le dodo, symbole de l’extinction, bientôt de retour ? Colossal Biosciences lance un projet génétique révolutionnaire.
Le dodo sera-t-il bientôt réintroduit à la nature ? Cette espèce disparue pourrait renaître grâce à un processus d’édition génétique mené par Colossal Biosciences. Après avoir travaillé sur le mammouth laineux et le loup terrible, l’entreprise s’attaque désormais à l’oiseau emblématique de l’île Maurice.
La réapparition du dodo
La société américaine a annoncé ces derniers jours une avancée significative. Elle est parvenue à cultiver des cellules germinales primordiales de pigeon et à développer des poules génétiquement modifiées qui serviront de porteuses au futur dodo.
Incapable de voler, l’animal a disparu il y a plus de 300 ans des forêts mauriciennes. Selon The Guardian, cette étape, qualifiée de décisive par Colossal, pourrait permettre de réintroduire des milliers de spécimens dans un délai de cinq à sept ans.
Le processus scientifique pour faire renaître le dodo
Le projet repose sur l’utilisation de poules génétiquement modifiées. Des cellules germinales du pigeon de Nicobar, le plus proche parent vivant du dodo, seront injectées dans les poules porteuses. Les chercheurs éditent ensuite le génome pour reproduire des caractéristiques physiques précises, comme la forme du corps ou de la tête, afin de recréer le phénotype originel.
Ben Lamm, directeur exécutif de Colossal, a déclaré au The Guardian vouloir “des milliers de dodos avec une diversité génétique suffisante pour prospérer dans la nature”. Pour cela, l’entreprise collabore avec des organisations de conservation afin de définir des zones sûres pour leur réintroduction à Maurice.
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L’expansion de Colossal Biosciences repose sur une levée de fonds de 120 millions de dollars, valorisant l’entreprise à 10,2 milliards. Parmi les investisseurs figurent Tom Brady, Paris Hilton, Tiger Woods ou encore le réalisateur Peter Jackson. En parallèle du dodo, la société travaille aussi à la résurrection du mammouth laineux et du loup terrible, dont des louveteaux génétiquement modifiés ont déjà vu le jour.
Enjeux écologiques, éthiques et scientifiques
Beth Shapiro, directrice scientifique de Colossal, rappelle que le processus sera progressif et souligne que les conséquences écologiques de la réintroduction d’un grand oiseau frugivore restent incertaines.
“Si nous parvenons à réintroduire un oiseau de ces caractéristiques, nous anticipons des surprises positives”, affirme-t-elle. L’équipe insiste sur la nécessité de garantir une variabilité génétique pour favoriser l’adaptation et la survie des nouveaux spécimens.
Autrefois, le dodo vivait sans prédateurs naturels à Maurice, jusqu’à l’arrivée des humains. La chasse et l’introduction d’espèces invasives comme les porcs et les rats, qui dévoraient les nids, ont entraîné sa disparition définitive. Le dernier témoignage fiable date de 1662, quand un marin hollandais décrivait “une espèce d’oie très grande”. Depuis, le dodo est devenu le symbole des extinctions causées par l’homme.
La génétique au service de la conservation ?
Le projet repose sur la technologie d’édition génétique CRISPR, qui permet de modifier l’ADN. Mais l’initiative suscite des débats dans la communauté scientifique : quel serait le véritable rôle écologique de ces espèces recréées ? Et s’agirait-il vraiment de “vrais” dodos ?
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Leonardo Campagna, biologiste de l’évolution au Cornell Lab of Ornithology, salue les progrès réalisés, mais prévient : “Il est difficile de savoir ce qu’il faut pour créer un dodo génétiquement, de son architecture génomique à l’interaction de ses gènes avec l’environnement.”
Selon lui, reproduire un organisme avec l’apparence et le comportement du dodo représente un défi immense. Des doutes subsisteront toujours sur l’authenticité de ces oiseaux recréés.
Risques, critiques et perspectives
Environ deux millions d’espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction, un rythme des centaines de fois plus rapide que le rythme naturel, principalement à cause de l’homme. Si Colossal affirme que sa technologie pourrait contribuer à protéger la biodiversité, certains experts craignent que la “dés-extinction” détourne l’attention des véritables urgences écologiques.
Rich Grenyer, biologiste à Oxford, parle même de “distraction dangereuse”. Selon lui, présenter ces animaux génétiquement édités comme des espèces ressuscitées comporte “un énorme risque moral”, en donnant l’illusion que la destruction des habitats ou le changement climatique sont moins graves.
Pour Ben Lamm, au contraire, ces projets doivent compléter d’autres stratégies de conservation et démontrent le potentiel inspirant de la science. “Le loup terrible est un exploit monumental d’ingénierie génomique (…). C’est littéralement un moment comparable à celui de la brebis Dolly”, a-t-il affirmé.
Quant aux critiques sur l’authenticité, il les balaie d’un revers : “Certains diront qu’ils ne les appelleront pas dodos. Peu importe. Plus il y aura de débats, plus le projet captera l’attention.”
