Plus solide que le plastique… et disparu en 50 jours : des scientifiques chinois inventent le bambou-plastique
Et si la solution à la pollution plastique se trouvait dans le bambou ? Des chercheurs chinois ont dévoilé un nouveau type de plastique biodégradable aussi résistant que les polymères traditionnels… Mais capable de se décomposer entièrement dans la nature en moins de deux mois.
Dirigé par les professeurs Haipeng Yu et Dawei Zhao, un groupe de scientifiques est parvenu à créer un matériau révolutionnaire. Le BM-plastic, ou bamboo molecular plastic. Leur objectif : reproduire les qualités mécaniques du plastique issu du pétrole, sans ses effets désastreux sur l’environnement.
Une innovation née du bambou, ressource rapide et durable
Le choix du bambou n’est pas anodin. Cette plante est l’une des ressources naturelles les plus renouvelables du monde. Certaines variétés peuvent croître jusqu’à un mètre par jour, produisant jusqu’à 78 tonnes de biomasse par hectare chaque année — soit quatre fois plus qu’une forêt classique.
Les chercheurs ont mis au point une méthode chimique inédite pour transformer les fibres du bambou en plastique. Le processus consiste à dissoudre la cellulose du bambou à l’aide d’une solution de chlorure de zinc et d’acide formique. Puis d’y ajouter de l’éthanol pour réorganiser les molécules en une structure plus dense et plus solide.
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Cette réorganisation moléculaire donne naissance à un matériau totalement nouveau : un réseau serré de fibres, plus homogène que celui du bambou naturel. Publiée dans la revue scientifique Nature Communications, cette découverte pourrait changer la donne dans le domaine des matériaux écologiques.
Un plastique plus fort, plus stable… et biodégradable
Les performances du BM-plastic sont impressionnantes. Il affiche une résistance à la traction de 110 mégapascals (MPa). Contre environ 30 MPa pour le polyéthylène classique et 50 MPa pour le PLA, l’un des bioplastiques les plus répandus. Autrement dit, il est plus du double plus solide que la plupart des plastiques actuellement utilisés.
Autre atout : sa résistance aux températures extrêmes. Le bambou-plastique conserve sa forme aussi bien à –30 °C qu’à 100 °C, sans se fissurer ni se déformer. Ces propriétés thermiques, combinées à une rigidité élevée, ouvrent la voie à de nombreuses applications industrielles, de l’automobile à l’électronique.
Mais le plus remarquable reste sa biodégradabilité. Lors de tests en laboratoire, le matériau s’est entièrement désintégré en 50 jours, là où les plastiques classiques demeurent intacts pendant des décennies. Une avancée majeure dans la lutte contre la pollution plastique mondiale.
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Autre bonne surprise : le BM-plastic est hautement recyclable. Après plusieurs cycles de retraitement, il conserve jusqu’à 90 % de sa solidité initiale, ce qui le rend à la fois durable et réutilisable.
Des applications multiples, du mobilier aux voitures
Les chercheurs ont déjà démontré la polyvalence de leur matériau en créant divers objets : engrenages, plaques ondulées, décorations et prototypes mécaniques. Comme le plastique traditionnel, le BM-plastic peut être moulé dans n’importe quelle forme, ce qui facilite son intégration dans les chaînes de production existantes.
Selon l’équipe, ce matériau pourrait à terme remplacer le plastique dérivé du pétrole dans de nombreux domaines : pièces automobiles, meubles, emballages, composants électroniques ou encore matériaux de construction. Sa solidité et sa flexibilité en font un candidat idéal pour l’industrie durable.
Pour les auteurs de l’étude, cette découverte marque une étape cruciale : “Notre méthode permet de transformer la cellulose de bambou, abondante et renouvelable, en un matériau haut de gamme, respectueux de l’environnement”, expliquent-ils. Leur ambition : offrir une alternative réaliste à la dépendance mondiale aux ressources fossiles.