« Bonjour, pervers » : si vous recevez ce message, vous êtes la cible de l’arnaque à la sextorsion
L’arnaque à la sextorsion, appuyée sur le chantage sexuel, est en pleine recrudescence en France.
Depuis le week-end dernier, de nombreux internautes français ont reçu un e-mail inquiétant intitulé « Bonjour, pervers ». Le message prétend que leur ordinateur a été piraté à l’aide du logiciel Pegasus, que leur webcam a été espionnée et qu’une vidéo intime serait prête à être dévoilée à leurs proches. Pour éviter l’humiliation, la victime doit verser jusqu’à 1 200 euros en cryptomonnaie dans un délai de 48 heures.
L’arnaque à la sextorsion : du chantage, pas une réalité
Cette mise en scène est impressionnante, mais elle repose sur du vent. Pegasus est un outil de surveillance réservé aux États, inaccessible pour des escrocs ordinaires. Quant à l’adresse e-mail identique à celle de la victime, il ne s’agit que de spoofing, une technique de falsification.
Dans la plupart des cas, les cybercriminels n’ont aucune image réelle en leur possession. Leur seul objectif est de semer la panique et d’inciter au paiement.
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La sextorsion n’a pourtant rien d’anecdotique. Selon les autorités, environ 400 victimes sont recensées chaque année en France. Mais la honte et la peur freinent les plaintes : seules 15 à 20 % des victimes osent porter l’affaire devant la justice. Cette omerta facilite la tâche des escrocs, qui continuent d’exploiter les failles psychologiques et techniques.
Comment se protéger de l’arnaque à l’extorsion sexuelle ?
Quelques réflexes suffisent à réduire les risques :
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- Utiliser des mots de passe solides et différents.
- Activer l’authentification à deux facteurs.
- Paramétrer correctement la confidentialité sur les réseaux sociaux.
- Éviter de partager des contenus intimes identifiables (visage, lieux reconnaissables).
Le site Cybermalveillance.gouv.fr rappelle aussi que la prudence face aux inconnus en ligne reste une règle d’or.
Que faire si vous êtes victime de sextorsion ?
Première consigne : ne jamais payer. Le transfert d’argent ne garantit rien et encourage les escrocs à recommencer. Il faut au contraire :
- Cesser toute communication avec l’expéditeur.
- Conserver les preuves (captures d’écran, e-mails).
- Signaler l’arnaque sur la plateforme THESEE du ministère de l’Intérieur.
- Déposer plainte et, si nécessaire, demander le retrait des contenus auprès des réseaux sociaux.
Un défi collectif
La sextorsion illustre les limites de la cybersécurité actuelle : difficulté à identifier les auteurs, traçabilité réduite des paiements en cryptomonnaie, contenu viral difficile à supprimer. Face à ces obstacles, la vigilance individuelle et la dénonciation systématique deviennent cruciales.
Enfin, derrière ses menaces spectaculaires, la sextorsion cache une réalité simple : un piège psychologique. Rester calme, refuser de payer et alerter les autorités restent les meilleurs remparts contre ces chantages numériques.