L’âge de départ à la retraite repoussé à 66,5 ans ? L’annonce qui ne passe pas
L’âge de départ à la retraite va-t-il être encore repoussé à l’âge de 66,5 ans ? C’est la rumeur qui circule en ce moment dans les médias. Pour financer le système des retraites, le Conseil d’orientation des retraites a récemment suggéré de reculer encore l’âge légal de départ.
Un futur avec moins de travailleurs et davantage de retraités ?
En France, le système de retraite est financé par les travailleurs. Autrement dit, plus longtemps une personne travaille, plus longtemps elle cotise pour payer les retraites. Toute votre vie, vous allez donc travailler afin de financer vos vieux jours.
Dans le pays, il est donc extrêmement important, pour sa propre politique, d’avoir plus de travailleurs que de retraités. Mais, ces dernières années, la France observe sa population vieillir. Les Français font moins d’enfants qu’avant. Cela vient de plusieurs facteurs, comme l’émancipation des femmes ou l’ecoanxiété.
Et nous pouvons aussi citer l’infertilité qui progresse avec d’autres maladies de civilisation, à cause notamment des perturbateurs endocriniens et de nos modes de vie actuels. Emmanuel Macron évoquait récemment sa volonté d’un « réarmement démographique ». Et ce n’est pas sans raison.
Pour lui, et pour énormément de politiciens et d’économistes, faire des enfants, c’est aussi faire les travailleurs de demain. Afin de financer efficacement les budgets des ministères, mais aussi les retraites, le pays a besoin de travailleurs, lesquels paient des cotisations et impôts.
Sauf que moins d’enfant veut donc dire moins de travailleurs dans le futur. En parallèle, la population est vieillissante, avec une espérance de vie allant de 75 à 90 ans. Les femmes vivent plus vieilles que les hommes, en moyenne. Avec les avancées en médecine, on vit de plus en plus longtemps.
Reculer l’âge de départ à la retraite pour financer les pensions
Moins d’enfants, moins de travailleurs, davantage de retraités. Pour le gouvernement, le calcul est vite fait : dans les années à venir, le système de retraites aura des problèmes de financement à mesure que la population vieillit et que la natalité baisse.
En septembre 2023, avec une réforme des retraites très critiquée et passée sans vote au 49.3, le financement des retraites avait déjà été revu. Comment ? Eh bien avec le recul de l’âge de départ à la retraite. Avec la réforme, l’âge légal est décalé à 64 ans progressivement.
Ce recul de l’âge légal de départ à la retraite avait beaucoup fait réagir. Une écrasante majorité du peuple ne voulait pas adopter cette réforme. D’ailleurs, on parle encore aujourd’hui de l’abrogation de la réforme des retraites. Mais, il est peu probable que cela arrive sous la présidence macroniste.
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Il est même encore plus probable que l’âge légal de départ à la retraite recule encore dans les années à venir. L’actuel premier ministre français, François Bayrou, ne semble pas disposé à changer cette réforme. Cependant, reculer l’âge de départ à la retraite pourrait revenir dans la discussion.
Déjà en mars dernier, certains se demandaient si l’âge de départ à la retraite n’allait pas être reculé afin de financer l’effort de guerre. Mais, désormais, il pourrait être question d’un nouveau recul afin de financer le système de retraites des années à venir.
Actuellement, en Allemagne, l’âge de départ est à 66 ans, c’est 65 ans en Espagne, 67 ans en Islande ; 67 ans aux Pays-Bas, 66 ans au Royaume-Uni et 63 ans en Suède. Et, très récemment, le Danemark a fixé cet âge à 70 ans. Une grande première en Europe.
L’âge légal de départ reculé à 66,5 ans en France ?
Et si la France empruntait le même chemin ? Rassurez-vous, il ne serait pas question de passer à une retraite à 70 ans. Cependant, il se pourrait que l’âge légal de départ finisse par passer à plus de 66 ans dans les prochaines années.
Un rapport très récent fait justement état de la possibilité de reculer encore l’âge de la retraite. Ce rapport en question a été publié par le Conseil d’orientation des retraites (COR). Selon ce rapport, « le système de retraite va connaître des besoins de financement dans les prochaines décennies », explique Capital.
Et donc, afin de financer ce système de retraite, il pourrait être judicieux de reculer l’âge de départ à 66,5 ans en 2070. C’est en tout cas ce que préconise le Conseil d’orientation des retraites (COR). Cette mesure pourrait aider à financer les pensions alors que la natalité est en baisse.
« Pour équilibrer structurellement le système de retraite chaque année jusqu’en 2070 via le seul levier de l’âge de départ à la retraite, il serait nécessaire de porter cet âge à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070″, pourrait-on lire dans ce texte, selon FranceInfo.
La CGT critique cette mesure proposée par le Conseil d’orientation des retraites (COR)
Mais, chez la CGT (Confédération Générale du Travail), l’idée ne semble pas plaire. Ce 7 juin 2025, chez FranceInfo, Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT, s’est exprimé sur ce sujet controversé. « Le Conseil d’orientation des retraites est devenu un instrument », a-t-il commencé.
Un instrument « qui est totalement au service d’une seule politique », a-t-il alors ajouté. « Je suis en colère contre le président du COR qui joue un double jeu, qui n’est pas un digne président du COR », explique ainsi le secrétaire confédéral de la CGT.
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Denis Gravouil dénonce ici Gilbert Cette, soit le président du COR. Pour lui, le président du COR serait « l’ami d’Emmanuel Macron ». Et donc, cette préconisation du COR serait orientée politiquement pour plaire à Renaissance (parti macroniste).
Augmenter les cotisations pour combler ce déficit ?
D’après Denis Gravouil, il y aurait d’autres solutions pour financer le système des retraites. Par exemple : augmenter les cotisations des travailleurs. « Augmenter les cotisations » pourrait être une solution « puisqu’il y a un problème de salaires en France, qui sont très bas, particulièrement au niveau du SMIC », lit-on.
Pour le secrétaire confédéral de la CGT, il pourrait donc être nécessaire « d’augmenter le taux d’activité pour permettre d’avoir plus de cotisations ». D’autant, qu’il explique « qu’il y a des millions de personnes qui aimeraient bien travailler ».
Ce dernier pense aussi qu’il faudrait s’attaquer aux fraudes patronales aux cotisations. « On peut trouver le moyen de financer les retraites et l’abrogation sans problème », explique Denis Gravouil. La fraude patronale aux cotisations représenterait entre 6 et 8 milliards d’euros de manque à gagner.
« C’est la première fois qu’il privilégie clairement un scénario plutôt que d’autres »
« Le dernier rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites prévoit un recul progressif de l’âge de la retraite à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070 », explique Capital. D’après le média, le COR avait prévu un déficit de 0,4 % du PIB en 2030 et de 0,8 % en 2070, d’où cette proposition.
« D’après le COR, notre système par répartition devrait être déficitaire en 2030 à hauteur de 6,6 milliards d’euros », ajoute aussi Le Monde. Un tableau inquiétant, mais le recul de l’âge de départ à la retraite est-il vraiment la solution ? Denis Gravouil pense que non et Sophie Binet est du même avis.
Sophie Binet est la secrétaire générale de la CGT. Elle s’est aussi exprimé sur le sujet. Toujours chez FranceInfo, elle explique que « le COR sort de son rôle. […] C’est la première fois qu’il privilégie clairement un scénario plutôt que d’autres », peut-on lire.
Un rapport « pas définitif » qui doit encore être validé
« Ça montre une reprise en main politique du Conseil d’orientation des retraites », a-t-elle ajouté. Cependant, selon elle, « ce n’est pas son rôle ». Toujours d’après elle, ce rapport ne serait « pas définitif » et il doit encore être validé ce 12 juin prochain.
Mais, pour elle, la CGT « entend bien le modifier ». Selon la CGT, la synthèse du COR et le tableau dressé « n’est pas acceptable ». « Une large majorité de Français sont toujours favorables à la retraite à 60 ans et on comprend pourquoi », a-t-elle aussi déclaré.
« Ce sur quoi il faut agir, ce sont les recettes, augmenter les salaires et donc les cotisations. […] On peut augmenter les salaires, supprimer les inégalités de salaire qui discriminent les femmes, augmenter le taux d’emploi des seniors… », a-t-elle ajouté.

