Tensions au gouvernement : Emmanuel Macron tacle ses ministres, « ils doivent s’occuper de leurs affaires »
Récemment, Emmanuel Macron est parti en déplacement à Roquefort. Et, durant cette visite officielle, le président s’est montré très critique envers ses propres ministres. Le chef de l’État a même lancé un petit tacle devant tout le monde.
Emmanuel Macron, déjà 8 ans au pouvoir
En 2027, cela fera 10 ans qu’Emmanuel Macron est président de la République. Élu deux fois, il devra donc laisser sa place à une autre personne dans deux ans. Le jeune président a fait ses armes comme inspecteur des finances, mais aussi comme banquier d’affaires avant de se lancer en politique.
Il fut secrétaire d’État, mais aussi ministre de l’Économie. Avant de fonder son propre parti politique, au centre, il soutenait les Socialistes. Mais, en 2016, il lance la République En Marche (devenue Renaissance), un parti ni de gauche et ni de droite.
Jeune et charismatique, il séduit alors le public. Ainsi, en 2017, il devient président avec son nouveau parti, face à Marine Le Pen. En 2022, il sera réélu, toujours face à Marine Le Pen. Un peu moins pour la nouveauté et son charisme, mais davantage pour faire barrage au Rassemblement national.
Un chef d’État qui ne cesse de diviser
Pour cause, la politique d’Emmanuel Macron n’a eu de cesse de diviser en 8 ans. Il y a eu l’inflation, certes, mais aussi la gestion du Covid-19 en 2020, mais aussi la crise des Gilets Jaunes, de multiples grèves et manifestations, entre autres.
Dernièrement, il y a aussi eu le passage de la réforme des retraites. Une réforme très critiquée par le peuple. Elle a été adoptée en force, avec l’article 49.3, un procédé jugé comme anti-démocratique. Et, de manière générale, il y a eu beaucoup de 43.3 sous Emmanuel Macron.
Cette multiplication des 49.3 s’accompagne aussi d’une multiplication de ses gouvernements. Six premiers ministres en 8 ans (Jean Castex, Edouard Philippe, Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou). Michel Barnier ayant été renversé par une motion de censure.
Un président qui bouscule les codes
Ces éléments décrivent une certaine instabilité politique sous Emmanuel Macron. Cette instabilité pourrait s’expliquer par un élément simple : son parti politique. Jusqu’alors, les victoires aux élections présidentielles étaient partagées entre les Républicains et les Socialistes.
Mais, avec son nouveau parti, Emmanuel Macron a bousculé les codes. Avant, lors des votes à l’Assemblée nationale, les députés des partis de gauche pouvaient soutenir les idées des gouvernements socialistes, et même chose pour les partis de droite avec les gouvernements républicains.
Les lois proposées par les gouvernements passaient donc plus facilement sans user de trop du 49.3. Mais, le parti centriste d’Emmanuel Macron peine à rassembler, que ce soit à gauche ou à droite. Cela peut expliquer les discordes constantes entre les gouvernements en place depuis 2017 et les députés.
En 2024, Emmanuel Macron a même pris la décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Une manœuvre qui lui a fait perdre beaucoup d’alliés et qui a creusé davantage de fossé. Actuellement, le président a perdu sa majorité présidentielle à l’Assemblée et celle-ci est divisée en trois gros blocs politiques.
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Globalement, on peut schématiser en disant que l’Assemblée est divisée entre la gauche, le centre et la droite, presque à parts égales en nombre de députés. Et, forcément, cette division constante pèse sur les gouvernements en place.
Une difficulté à trouver les bons ministres
Six premiers ministres en 8 années. Et, désormais, beaucoup de députés demandent la destitution du président et certains craignent même une nouvelle dissolution. Face à la division, le président a aussi eu du mal à nommer des ministres qui conviennent à son bord et aux oppositions.
Craignant de revoir des motions de censure pleuvoir, le président a tenté de nommer des premiers ministres qui pouvaient scier à tous, et pareil pour les ministres en place. Mais, ce fut un challenge. D’autant que le président semble perfectionniste.
La dissolution le montre bien : le président souhaiterait un gouvernement et une Assemblée cohérents, qui acceptent les lois et les mettent parfaitement en application. Mais, ce n’est si simple avec une telle instabilité.
Emmanuel Macron était en visite à Roquefort
Récemment, le président aurait même eu quelques désaccords avec certains de ses ministres. C’est en tout cas ce que laissent penser ses dernières paroles. Le président s’est exprimé sur ses ministres alors qu’il était en déplacement et il n’a pas mâché ses mots.
Après avoir été reçu en Norvège et après avoir appelé Vladimir Poutine, le président s’est rendu à Roquefort, là où on fait le fameux fromage éponyme. Cette visite officielle à Roquefort a eu lieu ce 3 juillet 2025.
Le président a dégusté du fromage et a but du vin en bonne compagnie. Sur plusieurs photos prises sur place, nous le voyons heureux, avec un large sourire, dans un moment convivial. Amoureux de la culture et de la gastronomie française, Emmanuel Macron semblait sur un petit nuage.
Lors de cet événement, il était accompagné de certains de ses ministres. Parmi eux, il y avait notamment François Bayrou et Bruno Retailleau, soit le premier ministre et le ministre de l’Intérieur.
Durant cette visite à Roquefort-sur-Soulzon, dans l’Aveyron, le président a d’abord rendu hommage pour les 100 ans de l’AOP Roquefort. Il est resté quatre heures au lieu de deux heures pour discuter avec les locaux et déguster les mets de la région.
Emmanuel Macron a aussi visité la cave Roquefort Société et il a rencontré les producteurs sur place. Mais, durant cette visite, le président ne s’est pas juste contenté de déguster du fromage et du vin. Il a également parlé de ses ministres alors qu’il marchait dans les rues de la ville.
Le président tacle ses ministres en déplacement
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« Un Premier ministre, il doit diriger son gouvernement. Les ministres du gouvernement doivent s’occuper des politiques qu’ils conduisent« , a alors lâché le président. « Si on commence à avoir des ministres qui s’occupent de tout, ça ne s’appelle plus un gouvernement. Il faut discipliner la parole« , a-t-il ajouté.
Un tacle plutôt subtil qui semblait s’adresser à François Bayrou, son premier ministre, mais aussi aux ministres dont il est en charge. Par ces paroles, le président a alors appelé chaque ministre à « s’occuper des affaires pour lesquelles il est nommé ».
Selon les informations relayées par Midi Libre, il semble que ce tacle fasse aussi référence à des discordes récentes. « Depuis mercredi, l’exécutif s’écharpe autour des énergies renouvelables« , explique le site. D’après le média, il y a aurait eu un point de discorde entre Macron et Bruno Retailleau.
Alors que Bruno Retailleau aurait demandé un délai sur l’investissement pour l’éolien et le solaire, Emmanuel Macron pense qu’il faudrait atteindre la neutralité carbone en 2050, comme suggéré par l’Union européenne. Il a également dit que la France avait « besoin de renouvelable ».
« Ce n’est pas une bonne idée de dire qu’on ne va plus faire de renouvelable dans notre pays, qu’on ne va plus investir. Il faut faire du nucléaire et du renouvelable », aurait-il ajouté. Il aurait aussi appelé à ne pas « tout caricaturer » et à « sortir des lubies ».
D’autres moments où il a mis la pression à ses ministres
Emmanuel Macron, qui a récemment été taclé par Marine Le Pen, a-t-il du mal à apprécier qu’on n’aille pas dans son sens ? Notez que ce n’est pas la première fois que le président tacle subtilement ses ministres. Par exemple, en octobre 2024, il aurait tapé du poing sur la table.
« Je voudrais me permettre de rappeler quelques règles », avait-il déclaré. Il faisait allusion à ses propos déformés par les médias, mais aussi par certains responsables politiques. « Je crois […] ne pas avoir besoin de ventriloque », disait-il aussi, dénonçant les « commentaires de commentaires ».
En mars 2024, il aurait aussi mis la pression à ses ministres. C’était peu de temps avant les élections européennes et la dissolution de l’Assemblée.
Le président voulait que son parti remporte les élections européennes, ce qui ne fut pas le cas. C’est le Rassemblement national qui les a remportés, ce qui a mené à sa décision de dissoudre l’Assemblée.
« Si, en juin, on finit avec l’écart actuel, personne ne sera bien, personne n’aura les fesses au sec« , aurait-il dit avant les élections.
« C’était un vrai coup de gueule. On a tous compris qu’en cas de grosse défaite face au RN, cela ouvrait la voie à un nouveau remaniement, que des têtes vont forcément tomber. Ça vaut pour tout le gouvernement », avait alors commenté un ministre.
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