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Des cosmétiques très populaires pointés du doigt : ce que révèle une enquête sur une substance interdite

Publié par Killian Ravon le 19 Déc 2025 à 16:32

À l’approche des fêtes, des produits scintillants très en vue se retrouvent au cœur d’une alerte sanitaire. Une association affirme avoir identifié, dans plusieurs références vendues en parfumeries. Une forme de particules pourtant proscrite dans ce type de produits.

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Analyse en laboratoire d’une poudre cosmétique scintillante, particules en suspension au-dessus d’une boîte de Pétri.
Sous les paillettes, ce sont parfois les particules invisibles qui posent les vraies questions.

Et le mode d’utilisation quotidien pourrait compter plus qu’on ne l’imagine.

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Pinceau de maquillage posé sur de la poudre libre, image nette illustrant l’usage des poudres cosmétiques.
Quand la poudre s’envole, c’est parfois l’air ambiant qui devient la vraie question.
Crédit : Wikimedia Commons (Evi Michailidou).
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Quand le « glow » du quotidien soulève une question sanitaire

Les produits qui promettent d’illuminer la peau, de faire briller le corps. Ou de donner un effet irisé ont envahi les routines beauté. On les retrouve sous des noms évocateurs, souvent associés à l’idée de lumière, de nacre ou de paillettes. Et ils se déclinent en laits pour le corps, poudres bronzantes, sprays capillaires ou poudres pailletées.

Mais derrière cet effet « waouh », une question plus concrète est posée par une enquête rendue publique jeudi 18 décembre 2025. L’Association de veille et d’information civique sur les enjeux des nanosciences. Et des nanotechnologies (Avicenn) assure avoir repéré, dans plusieurs références de grandes enseignes. Une présence qui ne devrait pas se trouver là.

Dans le viseur, ce sont des particules extrêmement fines. Intégrées à la formule de certains produits pour obtenir l’aspect nacré ou scintillant recherché. Le sujet n’est pas nouveau dans le débat public. Mais l’association estime que la situation reste sous-traitée alors même que ces produits sont largement distribués et utilisés.

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Technicienne en laboratoire manipulant des échantillons, gants et blouse, illustration d’analyses de produits.
C’est souvent au labo que les débats de composition deviennent concrets.
Crédit : Wikimedia Commons.

Une étude publiée le 18 décembre, et dix références analysées en laboratoire

Avicenn explique avoir fait analyser dix produits de catégories variées. Allant du soin pour la peau au produit capillaire. En passant par des poudres de maquillage. Parmi eux figurent notamment des références vendues sous forme de spray pour les cheveux. Des laits de soin et plusieurs poudres.

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Pour ces analyses, l’association indique s’être appuyée sur le Laboratoire national de métrologie et d’essais, le LNE. L’idée était de vérifier non seulement la présence des particules en question, mais aussi leur taille, leur forme et certains éléments susceptibles d’influer sur leur comportement une fois dispersées.

Le point clé mis en avant par l’association tient à la taille mesurée, qui se situerait dans une fourchette comprise entre 25 et 50 nanomètres. C’est précisément cette échelle qui place ces particules dans une catégorie spécifique, celle des nanoparticules, dont l’usage est strictement encadré dans les cosmétiques.

À ce stade, l’association ne parle pas d’un cas isolé. Elle insiste au contraire sur l’ampleur potentielle, en expliquant que ces références ne seraient qu’un échantillon représentatif d’une tendance plus large.

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Plusieurs pinceaux de maquillage alignés, gros plan en lumière douce, illustration des gestes beauté au quotidien.
Derrière les accessoires beauté, la composition des produits reste le sujet le plus sensible.
Crédit : Wikimedia Commons (ajay_suresh, via Flickr).

Spray et poudre : l’inhalation comme scénario central

L’alerte ne repose pas uniquement sur la présence de ces particules, mais aussi sur la manière dont les produits sont appliqués. Avicenn souligne que neuf des dix références testées seraient vendues sous forme de sprays ou de poudres, deux formats qui peuvent facilement se disperser dans l’air au moment de l’application.

Dans cette configuration, l’association met l’accent sur l’inhalation. Selon elle, des particules de cette taille sont capables de pénétrer profondément dans l’appareil respiratoire, jusque dans les poumons, ce qui change la nature de l’exposition par rapport à une application strictement cutanée.

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Ce détail compte d’autant plus que l’usage peut être régulier. L’association évoque des utilisations répétées, parfois quotidiennes, par des consommatrices. Elle attire aussi l’attention sur un autre public exposé, souvent moins visible : les salariés.

Dans les ateliers de fabrication comme dans les rayons de vente, le personnel peut être au contact de particules en suspension bien plus longtemps qu’un consommateur. Avicenn met en avant ce facteur d’exposition continue, et estime que le dossier relève d’une urgence de santé publique.

Allée de magasin dédiée aux cosmétiques, étagères remplies de produits, scène typique d’achat en parfumerie.
Dans les rayons, la brillance attire l’œil… mais ce n’est pas le seul enjeu.
Crédit : Wikimedia Commons (Realeklas).
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Enrobage, radicaux libres et débat sur la dangerosité

Un autre point est présenté comme préoccupant par l’association : l’éventuel enrobage des particules. Avicenn indique ne pas avoir détecté d’enrobage sur deux produits, et laisse entendre que la présence de particules non enrobées pourrait poser un problème supplémentaire.

L’association fait le lien avec la possibilité d’émission de radicaux libres, décrits comme des molécules susceptibles d’être délétères pour l’ADN. Dans ce scénario, l’effet redouté n’est pas uniquement mécanique, mais aussi biologique, avec un risque d’inflammations une fois les particules inhalées et installées dans les voies respiratoires.

En face, la réaction de la filière met en avant une autre lecture. Un conseiller scientifique de la Fédération des entreprises de beauté (Febea), Erwan Poivet, explique qu’à sa connaissance il n’y aurait pas de relargage de ces particules à partir de plaques de mica. Cette réponse vise l’hypothèse selon laquelle des pigments « composites » pourraient libérer des particules fines dans l’air.

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Dans le même esprit, le laboratoire Pierre Fabre, mentionné comme concerné, assure dans un courrier adressé à l’ONG que le dioxyde de titane qu’il utilise ne répondrait pas à la définition des nanomatériaux. Le débat se situe donc aussi sur les critères de qualification et sur ce qui, précisément, est considéré comme « nano ».

Coiffure réalisée au spray sur cheveux, photo en intérieur, illustration de produits utilisés en aérosol.
Le geste est rapide, la diffusion dans l’air l’est tout autant.
Crédit : Wikimedia Commons (Loadmaster / David R. Tribble).

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Saisine des autorités : ce que l’ONG a transmis, et la révélation finale

Au-delà du constat, Avicenn indique avoir transmis ses résultats au ministère de la Santé. Le ministère a décidé de saisir l’Agence nationale de sécurité sanitaire, l’Anses, pour examiner le dossier. L’association précise également avoir envoyé ses résultats à la Commission européenne et au Comité européen scientifique pour la sécurité des consommateurs.

Ce passage par les autorités marque une étape importante, car l’enjeu ne concerne pas uniquement l’information du public, mais aussi la conformité réglementaire. Avicenn rappelle en effet que ces particules sont interdites dans les cosmétiques lorsqu’elles sont sous forme nanoparticulaire, à l’exception des crèmes solaires où elles sont autorisées pour leur effet anti-UV.

Et c’est ici que se concentre le cœur de l’alerte, révélé clairement par l’enquête : Avicenn affirme avoir trouvé, dans les dix produits analysés, des nanoparticules de dioxyde de titane, notées TiO₂, y compris dans des produits pailletés vendus par de grandes enseignes comme Sephora et Nocibé, alors que cette forme est proscrite hors usage solaire.

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