« Bye bye Bayrou » : La chute de François Bayrou ne fait plus aucun doute
Le destin de François Bayrou semble scellé. À quelques heures du vote de confiance du 8 septembre, l’actuel Premier ministre vit ses dernières heures à Matignon. Au vu des prises de position claires des oppositions, sa chute semble inévitable.
Alors que certains organisent déjà des « pots de départ » ironiques pour marquer la fin de François Bayrou, le climat social s’annonce explosif avec l’appel à « tout bloquer » le 10 septembre. Un enchaînement qui rend la situation d’autant plus périlleuse pour Emmanuel Macron, désormais contraint de désigner rapidement un successeur.
Une instabilité qui dure à Matignon
Depuis plusieurs années, Matignon est devenu le symbole d’une instabilité politique. En un peu plus de deux ans, la France a vu se succéder plusieurs Premiers ministres.
Élisabeth Borne avait inauguré cette série. Restée près de deux ans en fonction, elle a tenu grâce à un usage répété du 49.3, qui lui a permis de faire passer les textes sans majorité. Mais cette stratégie l’a rendue impopulaire et a fini par la fragiliser jusqu’à sa sortie.
Gabriel Attal a ensuite tenté d’incarner un renouvellement. Plus jeune chef du gouvernement de la Ve République, il avait pour mission de rassembler et de redonner une dynamique. Mais son mandat a été marqué par une incapacité à stabiliser la majorité, et il a quitté Matignon au bout de quelques mois seulement.
Ancien négociateur du Brexit, Michel Barnier avait été choisi pour son expérience et son image de sérieux. Mais son passage à Matignon n’aura duré qu’un semestre à peine.
Avec François Bayrou, Emmanuel Macron espérait enfin trouver une figure capable de tenir dans la durée. Or, à peine quelques mois après son arrivée, il est déjà poussé vers la sortie, faute de majorité pour lui accorder la confiance.
La dissolution ratée de l’Assemblée nationale
Le 9 juin 2024, au soir des élections européennes, Emmanuel Macron a pris une décision qui restera comme l’un des moments les plus risqués et les plus contestés de son second quinquennat. Ce soir-là, la majorité présidentielle, emmenée par Valérie Hayer, s’effondre dans les urnes, laminée par le score historique du Rassemblement national de Jordan Bardella. En direct à la télévision, le président annonce alors la dissolution de l’Assemblée nationale, arguant de la nécessité de « rendre la parole aux Français ».
Mais le pari s’avère rapidement perdant. Les élections législatives anticipées qui suivent ne dégagent aucune majorité claire. Le Rassemblement national progresse fortement, la gauche se renforce, et la majorité présidentielle sort affaiblie, incapable d’atteindre seule les 289 sièges nécessaires.
Dans ce contexte, Gabriel Attal, alors Premier ministre, présente sa démission dès le lendemain de la débâcle, comme le veut la tradition républicaine. Il n’assure qu’un intérim de quelques jours, le temps pour Emmanuel Macron de nommer un nouveau chef de gouvernement. Ce sera Michel Barnier, choisi pour son expérience et son image de sérieux. Mais avec un Parlement fracturé, même lui n’aura pas les moyens de gouverner durablement.
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Depuis cette dissolution, l’exécutif vit sous tension permanente. Le pari présidentiel, censé clarifier la situation politique, a au contraire plongé le pays dans une crise institutionnelle chronique.
La popularité d’Emmanuel Macron en chute libre
Emmanuel Macron traverse une crise de confiance sans précédent depuis son arrivée au pouvoir. Selon le baromètre Elabe pour Les Échos, seuls 17 % des Français lui accordent leur confiance pour affronter efficacement les problèmes du pays, un recul de quatre points en un mois, tandis que 76 % ne lui font pas confiance du tout.
Le constat est encore plus alarmant dans un sondage Ifop pour Ouest-France, qui révèle que 77 % des Français désapprouvent son action, un niveau d’impopularité inédit, supérieur à celui de décembre 2018 durant les Gilets jaunes, où il était de 76 %.
Autre signal fort : une enquête Odoxa – Backbone Consulting pour Le Figaro, menée les 3 et 4 septembre, indique que 64 % des Français sont favorables à sa démission, tandis que 76 % refuseraient d’accorder leur confiance à François Bayrou, devenant un symbole global de méfiance à l’égard du gouvernement.
Un sondage Toluna Harris Interactive pour Challenges complète ce tableau accablant : en cas de refus du vote de confiance au Premier ministre ce lundi 8 septembre, 49 % souhaiteraient que Macron quitte la présidence, contre 36 % qui privilégieraient la nomination d’un nouveau chef de gouvernement, et 15 % une nouvelle dissolution.
Des chiffres qui témoignent de l’ampleur du rejet citoyen : seule une infime part de l’électorat soutient encore Emmanuel Macron. La majorité souhaite un changement radical, voire un départ de l’exécutif tout entier.
Le ras-le-bol des Français face à la crise politique
À la crise politique s’ajoute une exaspération sociale de plus en plus visible. Le 10 septembre, plusieurs organisations appellent à « tout bloquer », avec des mobilisations prévues dans de nombreuses villes. L’objectif affiché : exprimer le rejet global de la politique gouvernementale, qu’il s’agisse du pouvoir d’achat, de la réforme des retraites ou encore de la gestion de l’inflation.
Ce mouvement pourrait rappeler les grandes journées de contestation des dernières années, à commencer par celles des Gilets jaunes, mais avec une différence notable : la colère ne vise plus seulement une réforme précise, elle s’exprime désormais contre l’ensemble du pouvoir exécutif. Les mots d’ordre sont clairs : mettre le pays à l’arrêt pour signifier un rejet massif du gouvernement et du président.
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L’annonce de la probable chute de François Bayrou a même servi de catalyseur pour ces mobilisations. Dans certaines villes, des collectifs organisent déjà des « pots de départ » ironiques devant les mairies, comme un moyen de tourner en dérision le départ attendu du Premier ministre. Derrière l’humour, c’est surtout une forme de ras-le-bol généralisé qui s’exprime, donnant à la contestation du 10 septembre une dimension encore plus politique.
Une chute actée par le Parlement
Si le sort de François Bayrou semble déjà scellé, c’est parce que les oppositions ont clairement affiché leur position. À gauche comme à l’extrême droite, les groupes parlementaires ont annoncé qu’ils ne voteraient pas la confiance ce lundi 8 septembre. Avec ces vetos croisés, le locataire de Matignon sait que la fin de son bail est imminente.
Dimanche, lors d’un marathon médiatique achevé sur Brut, le Premier ministre ne se faisait d’ailleurs plus d’illusions. Fataliste, il reconnaissait qu’« il y a pire dans la vie que d’être à la tête d’un gouvernement et que ce gouvernement soit renversé ». « C’est déjà pas mal neuf mois », ajoutait-il, assurant n’avoir « aucun regret », tout en déplorant de n’avoir pas mené une « grande réforme pour l’Éducation nationale ».
François Bayrou sur Brut. :
"Je n'ai pas d'angoisse à ce sujet", à propos de ses probables dernières 24h à Matignon. pic.twitter.com/oEFBXNW5lu— Brut FR (@brutofficiel) September 7, 2025
François Bayrou a aussi fustigé les forces politiques, « en guerre civile les unes avec les autres », mais prêtes à s’unir pour « abattre le gouvernement ». De fait, l’alliance de circonstance entre le RN et les partis de gauche, combinée aux divisions internes des Républicains, rend sa chute inévitable. Laurent Wauquiez a laissé une liberté de vote à ses députés, en contradiction avec Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, qui plaidait pour soutenir le gouvernement Bayrou.
François Bayrou sur Brut. :
"Des formations politiques qui, non seulement, ne sont d'accord sur rien, mais, bien pire que ça, sont en guerre civile ouverte les unes avec les autres, et se mettent ensemble pour abattre le gouvernement." pic.twitter.com/lZvdJaFrYE— Brut FR (@brutofficiel) September 7, 2025
Conscient de cette issue, le Premier ministre a déjà évoqué « l’après-8 septembre » en estimant que le choix d’Emmanuel Macron serait « extrêmement difficile ». Mais malgré la certitude de son départ, il a tenu à répéter qu’il n’y aurait pas « d’interruption du gouvernement » et qu’il resterait disponible « pour aider [son] pays ».
Quel avenir après la chute de François Bayrou ?
Alors que la chute de François Bayrou ne fait plus aucun doute, toute l’attention se tourne déjà vers l’Élysée. Emmanuel Macron va devoir nommer rapidement un nouveau Premier ministre, mais le choix s’annonce périlleux. Un proche du président confiait récemment que le chef de l’État « n’a pas tout à fait décidé » et qu’il « cherche encore la bonne solution sur le casting comme sur le fond ».
Plusieurs noms circulent déjà. Côté majorité, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, ou Catherine Vautrin, actuelle ministre du Travail, apparaissent comme des profils expérimentés, ancrés au centre droit, capables de rassurer une partie de l’électorat. Gérald Darmanin, pilier sécuritaire du gouvernement, est également cité, même si ses positions fermes sur le refus d’un Premier ministre socialiste compliquent les alliances possibles.
D’autres pistes plus audacieuses émergent. Emmanuel Macron pourrait faire appel à des figures issues de l’opposition ou de l’ancienne majorité socialiste. Le nom de Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères, revient régulièrement, tout comme celui de Bernard Cazeneuve, qui bénéficie d’une image d’homme d’État sérieux. Enfin, Xavier Bertrand est parfois évoqué, mais son positionnement à droite rend son arrivée au gouvernement incertaine sans accord clair avec LR.
Reste l’hypothèse la plus risquée : une nouvelle dissolution. Le Rassemblement national y pousse de toutes ses forces, persuadé de pouvoir cette fois décrocher une majorité absolue. Mais pour Emmanuel Macron, ce scénario serait un aveu d’échec et un saut dans l’inconnu, au risque d’installer durablement l’extrême droite au pouvoir.
Certains, enfin, évoquent une option plus radicale : la démission du président. Un scénario jugé hautement improbable puisque Emmanuel Macron a toujours plaidé son intention de rester au pouvoir jusqu’au dernier jour.
- 09/09/2025 à 08:10Tous à l'image de leur chef !
- 08/09/2025 à 16:56Mais mR macron où sont passé les milliards de poutine il semblerait qu’ils ont disparu Et mR macron qu’espérer vous passer par la loi du 16 iem amendement Nous devons nous méfier de vousEt n’avez vous pas peur de l’alliance poutine chine et Inde nous qui n’avons plus un sous et eux qui sont 10 ans en avance sur nous et sont blinder ????
- 08/09/2025 à 13:05Œdipe roi s’effondre.Ouf!Pas trop tôt!
4 commentaires