Des scientifiques affirment que « des bébés pourraient naître sans mère biologique » après une avancée médicale
Bébés sans mère biologique ? Une étude révèle comment des ovules peuvent être créés à partir de cellules de peau.
Dans une étude sans précédent, des scientifiques affirment avoir créé des embryons humains à un stade précoce à partir d’autres cellules corporelles. Cette avancée médicale révolutionnaire pourrait provenir de personnes autres que la mère biologique.
Comment se forment normalement les embryons
L’étude, publiée dans la revue Nature et menée par l’Oregon Health and Science University, change radicalement la donne en matière de traitement de l’infertilité. En temps normal, les ovules sont produits dans les ovaires de la mère avant de descendre dans les trompes de Fallope.
Une fois à l’utérus, ils attendent d’être fécondés par le sperme du père. Cela crée un embryon qui se développe ensuite en fœtus, puis en bébé au cours de la grossesse.
Dans le cas de la fécondation in vitro (FIV), la femme suit généralement un traitement pour produire davantage d’ovules. Ils sont ensuite collectés et fécondés à l’extérieur de l’utérus, avant d’être implantés dans celui de la mère ou d’une mère porteuse.
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Cependant, l’équipe de recherche de l’Oregon Health and Science University a découvert une nouvelle technique révolutionnaire. Elle permettrait de fabriquer des ovules à partir d’ADN extrait d’autres cellules corporelles, comme, dans ce cas, des cellules de la peau.
Des bébés générés à partir des cellules de la peau
Concrètement, les chercheurs ont extrait le noyau contenant l’ensemble du code génétique nécessaire à la construction du corps humain. Puis, ils l’ont placé dans un ovule donneur dont le matériel génétique avait été retiré. Cette technique est similaire à celle qui utilisent les scientifiques pour cloner des animaux.
Mais avant d’être fécondé par le sperme masculin, l’ovule doit éliminer la moitié de ses 46 chromosomes. Selon l’étude, 82 ovules fonctionnels ont été créés et fécondés, atteignant le stade de six jours.
Bien que cette recherche n’en soit qu’à ses débuts, il s’agit d’une avancée que l’on croyait « impossible », selon le professeur Shoukhrat Mitalipov, directeur du Centre de thérapie cellulaire et génique embryonnaire de l’Oregon Health and Science University.
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Encore plus surprenant : les cellules de la peau utilisées ne doivent pas forcément provenir d’une femme. Comme l’a expliqué Mitalipov au Guardian : « Nous avons utilisé des cellules de peau féminines dans cette étude. Mais on pourrait tout aussi bien utiliser des cellules de peau masculines. Vous pourriez fabriquer des ovules pour des hommes, et dans ce cas, cela s’appliquerait évidemment aux couples de même sexe. »
Vers l’avenir de la reproduction assistée
Les recherches futures examineront comment ce procédé pourrait aider les femmes confrontées à des problèmes d’infertilité. Le professeur Mitalipov a indiqué que le groupe qui en bénéficierait le plus serait celui des « femmes d’âge maternel avancé ». Des patientes ayant suivi une chimiothérapie forment un autre groupe concerné. Cela, car ce traitement peut altérer leur capacité à produire des ovules viables.
De son côté, Richard Anderson, directeur adjoint du MRC Centre for Reproductive Health de l’Université d’Édimbourg, au Royaume-Uni, a déclaré :
« La capacité de générer de nouveaux ovules constituerait une avancée majeure. Cette étude montre que le matériel génétique issu de cellules cutanées peut être utilisé pour produire une cellule de type ovocyte, avec le bon nombre de chromosomes, pouvant être fécondée et se développer en embryon précoce. »
Des bébés sans mère biologique : une possibilité encore lointaine
Cependant, le processus est loin d’être parfait. Dans certains cas, les chromosomes rejetés peuvent inclure l’un des 23 nécessaires pour combattre les maladies, tandis que d’autres ratent l’étape du « crossing-over », où l’ADN est réarrangé.
Le professeur Mitalipov a conclu : « Nous devons perfectionner la technique. Mais je pense qu’à terme, c’est vers cela que nous nous dirigeons, car il y a de plus en plus de patients qui ne peuvent pas avoir d’enfants. »