Canicule : le réseau électrique en tension, risquez-vous des coupures ?
Vous l’avez certainement remarqué, mais il fait très chaud en ce moment. Ces dernières journées de canicule ont été particulièrement éprouvantes. Mais, voilà qu’une alerte est lancée à cause du réseau électrique sous tension : risquons-nous des coupures d’électricité durant cette canicule ?
Les canicules, de plus en plus fréquentes et extrêmes
En France, les épisodes de chaleur extrême s’enchaînent à un rythme inédit. Là où les canicules étaient autrefois espacées de plusieurs années, elles reviennent désormais chaque été, et même plusieurs fois dans la saison.
Leur intensité, mesurée par la durée et les températures atteintes, est en constante progression. Selon Météo France, la probabilité d’un été aussi chaud que celui de 2003 était autrefois d’environ 1 %, elle est aujourd’hui multipliée par 10.
En 2023, Santé publique France estimait à plus de 5000 le nombre de décès liés à la chaleur. L’été 2025, encore en cours, a déjà coûté la vie à plusieurs ouvriers travaillant sur des chantiers, victimes de coups de chaleur.
Ces drames, longtemps perçus comme exceptionnels, sont en train de devenir un risque récurrent, conséquence directe du réchauffement climatique alimenté par un dérèglement global du système météo.
Le déréglement climatique, au centre des préoccupations
Et le dérèglement climatique a des effets indéniables et de plus en plus marqués. Les phénomènes météorologiques extrêmes ne concernent pas uniquement la chaleur. Le réchauffement de l’atmosphère fournit davantage d’énergie aux systèmes météorologiques, ce qui intensifie tempêtes et orages.
Ces derniers, plus soudains, déversent des quantités impressionnantes de pluie en quelques heures. Les chutes de grêle, souvent d’une taille record, endommagent toitures, véhicules et cultures agricoles.
Les assureurs constatent déjà une hausse significative des indemnisations liées à ces événements, signe que ces phénomènes ne sont plus marginaux. Ils frappent désormais au cœur de l’été, parfois à quelques jours seulement d’intervalles avec une canicule.
Les glaciers sont parmi les témoins les plus visibles du réchauffement climatique. Dans les Alpes françaises, ils ont perdu plus de la moitié de leur volume en moins de 40 ans, d’après les observations du CNRS.
Cette fonte rapide contribue directement à l’élévation du niveau des mers, mettant en danger des millions de personnes vivant sur des littoraux vulnérables. Mais ce phénomène cache un autre danger : la libération de micro-organismes et de virus piégés depuis des millénaires dans la glace et le pergélisol.
D’ailleurs, les océans absorbent la majorité de la chaleur excédentaire liée aux émissions de gaz à effet de serre. Cette élévation de température peut perturber les courants marins, modifier la migration des poissons et provoquer le blanchissement massif des coraux.
Elle favorise aussi la prolifération d’algues toxiques et contribue à la baisse de l’oxygène dissous dans l’eau. Et, la pêche, déjà fragilisée par la surexploitation, subit des pertes économiques considérables.
La France devient un pays chaud
Le dérèglement climatique bouleverse aussi les écosystèmes, forçant certaines espèces à migrer pour trouver des conditions plus favorables. D’autres, incapables de s’adapter, disparaissent purement et simplement.
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En France, le moustique tigre, porteur de maladies comme la dengue, le Zika ou le chikungunya, a colonisé la quasi-totalité du territoire métropolitain en moins de vingt ans.
Et, les espèces végétales ne sont pas épargnées. Certaines cultures, autrefois réservées aux zones tropicales, deviennent possibles dans le sud de l’Europe. On voit désormais des plantations de bananes en plein air dans le sud de la France, un symbole de l’ampleur du changement climatique sur l’agriculture.
L’alternance entre sécheresse et averse : un gros souci
Un autre effet majeur du dérèglement climatique est l’alternance entre périodes de sécheresse prolongées et épisodes pluvieux intenses, très marquée en période caniculaire. Cette variabilité extrême met à mal la capacité des sols à retenir l’eau.
Un sol desséché se compacte et perd sa structure. Lorsqu’il reçoit ensuite de fortes pluies, il ne peut pas absorber l’eau, provoquant ruissellements, inondations et glissements de terrain.
Les cultures sont particulièrement vulnérables à ces chocs climatiques successifs : certaines sont brûlées par la chaleur, d’autres détruites par l’excès d’eau. L’instabilité climatique se traduit par une baisse des rendements et une augmentation des pertes pour les agriculteurs.
Comment se protéger en cas de canicule ?
Les vagues de chaleur ne se contentent pas de battre des records de température. Elles s’allongent, s’intensifient et s’installent parfois dès le mois de juin ou jusqu’en septembre.
Les nuits tropicales, où la température ne descend pas en dessous de 20 degrés, deviennent plus fréquentes, empêchant l’organisme de récupérer.
Les personnes âgées, les malades chroniques et les travailleurs en extérieur sont les plus touchés. Les coups de chaleur, la déshydratation et les aggravations de pathologies cardiaques ou respiratoires représentent la majorité des urgences médicales en période caniculaire.
Face à ces risques, les autorités sanitaires rappellent quelques gestes essentiels. Fermer volets et fenêtres pendant la journée, puis aérer la nuit pour rafraîchir les logements. Utiliser un ventilateur ou une climatisation si possible.
S’hydrater régulièrement, même sans soif, en privilégiant l’eau et en limitant les boissons alcoolisées ou très sucrées. Consommer des fruits et légumes riches en eau comme la pastèque, le melon, le concombre ou la tomate.
Une météo de plus en plus imprévisible ?
Le dérèglement climatique ne se traduit pas seulement par une aggravation des phénomènes extrêmes, il rend aussi leur prévision plus complexe. Les modèles météorologiques doivent intégrer des anomalies inédites.
Cette imprévisibilité complique la planification dans de nombreux secteurs : agriculture, gestion de l’eau, prévention des risques, production d’énergie.
Les météorologues eux-mêmes le reconnaissent : l’instabilité du climat est désormais telle qu’elle impose une vigilance constante, y compris pour des périodes de l’année autrefois considérées comme stables. Par exemple, nous pensions avoir droit à une canicule pour le 14 juillet, mais ce ne fut pas le cas.
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Gross canicule du 11 au 17 août 2025
D’un modèle météorologique à l’autre, les prévisions peuvent changer et il est de plus en plus difficile de savoir quand tombera une canicule. Pour le mois d’août 2025, les météorologues n’étaient pas certains que nous aurions une aussi grosse vague de chaleur.
Sauf que si, c’est arrivé. Ce 12 août 2025, localement, de nombreuses villes affichent un mercure à plus de 40 degrés. Selon Météo France, la chaleur devrait retomber un peu ce 13 août (avec quelques orages), mais revenir dès le 15 août et le 16 août avant de retomber encore le lundi 18 août 2025.
Cette canicule s’annonce donc très longue, avec quelques moments de retombées, mais la chaleur demeurera présente sur au moins 7 jours. Sauf que, outre les risques pour la santé et les risques d’incendies, la canicule peut aussi avoir des effets délétères sur le réseau électrique.
Un réseau électrique sous tension
Depuis le début de cet été 2025, de nombreux clients ont déjà vécu des coupures d’électricité à cause de la chaleur. Il y a notamment eu de grosses coupures de courant en Espagne.
En France, le réseau électrique est conçu pour supporter de fortes pointes de consommation en hiver, lorsque les chauffages électriques tournent à plein régime.
Mais depuis quelques années, la tension sur le réseau se déplace aussi vers l’été. Les vagues de chaleur provoquent une hausse spectaculaire de la demande en climatisation et en ventilation, ce qui alourdit la consommation en milieu de journée et en soirée.
La canicule accentue également les contraintes techniques sur les centrales électriques et les lignes à haute tension. Les centrales nucléaires, qui assurent encore près de 70 % de la production française, doivent parfois réduire leur puissance.
Car l’eau des rivières utilisée pour le refroidissement est trop chaude ou en trop faible quantité à cause de la sécheresse. Les centrales hydroélectriques voient elles aussi leur production baisser lorsque les réserves d’eau sont insuffisantes.
Cela peut donner une production diminuée au moment même où la demande explose. C’est ce qui arrive avec EDF qui a récemment lancé une alerte à ce sujet. Obligé de réduire sa production à cause de l’eau, EDF avait fortement inquiété les usagers qui avaient peur de faire face à des coupures.
Alerte coupures d’électricité en Corse
Et maintenant, une alerte a aussi été émise sur le réseau électrique Corse à cause de la canicule actuelle. Avec une température atteignant 36 degrés, voire plus, la Corse a du mal à faire face, d’autant que l’affluence touristique est très élevée en été.
Ce cocktail entraîne une forte hausse de la consommation électrique, surtout en soirée, quand climatisations, éclairages et appareils ménagers fonctionnent en même temps.
Pour éviter des coupures, EDF a activé l’alerte eCorsicaWatt orange du 12 au 15 août, entre 18 h et 23 h, et appelle habitants comme visiteurs à adopter des gestes simples.
Par exemple : reporter l’usage des appareils gourmands en énergie, limiter la climatisation à 26 dégrés, éteindre les appareils en veille et optimiser la ventilation aux heures fraîches.
L’application eCorsicaWatt, conçue pour l’île, informe en temps réel de l’état du réseau grâce à un code couleur (vert, orange, rouge) et propose désormais un signal gris indiquant les périodes où l’électricité consommée est plus carbonée, afin de favoriser une consommation plus verte.
Selon Selectra, la fragilité du réseau corse tient à son isolement : classée Zone Non Interconnectée, l’île dépend surtout de sa propre production (centrales thermiques au fioul, hydraulique et solaire) avec une interconnexion limitée à l’Italie et la Sardaigne.
L’été, les réserves hydrauliques sont basses, le solaire cesse au coucher du soleil et les centrales thermiques doivent compenser, d’autant que certaines infrastructures, comme la centrale du Vazzio, vieillissent.